Strasbourg : j'ai testé pour vous... la foire Saint-Jean et ses mesures anti-coronavirus, pour s'amuser sans s'inquiéter

La foire Saint-Jean de Strasbourg (Bas-Rhin) a rouvert le mercredi 1er juillet pour une durée de 19 jours. Situées à gauche du Palais de la musique et des congrès (PMC), les diverses attractions ont mis en place un protocole sanitaire rigoureux pour empêcher la transmission du coronavirus.

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Premier jour de travail post-confinement, et voilà comment m'accueille mon chef : "Vincent, tu vas à la foire Saint-Jean." Chouette, je me dis. Je vais pouvoir profiter de la chenille, manger des chichis, et dépenser la moitié de mon salaire dans une machine à pince pour obtenir un Pikachu. Mais voilà que mon chef douche mes espoirs : "C'est pour un reportage, bien sûr. Tu vas voir comment ils se débrouillent avec le coronavirus." J'aurais dû me douter qu'il y avait un piège.

Il est 15 heures. Le soleil est haut dans un ciel azur sans nuage. Et je suis déjà en train de fondre, mais je suis ici pour écrire un article, pas pour me plaindre. Je me dirige vers l'avenue Herrenschmidt, juste à gauche de l'hôtel Mercure (un plan se trouve plus bas dans l'article). C'est là où se trouve l'entrée de la foire. Elle a changé d'emplacement : un choix qui a provoqué une petite tension au conseil municipal. Mais elle a bien pu s'installer sur le parc des expositions, juste à côté de la station de tramway Kléber (lignes B et E), et donc du lycée. De quoi narguer les élèves et étudiants qui ont encore des cours, ou des examens de fin d'année...

Déjà, j'arrive en face d'une enfilade de barrières. Il y a un garde avec un gilet fluorescent, mais il ne semble donner aucune consigne. Il ne sourcille pas devant les trois quarts des familles ou jeunes qui n'ont pas de masque. Comme si le Covid-19 avait été oublié. Mais c'est loin d'être le cas.
 


Et je ne tarde pas à voir que le coronavirus est en fait omniprésent dans cette 607e foire Saint-Jean - plus vieille que le marché de Noël - car je vois des fioles de gel hydroalcoolique partout. Si je n'étais pas un journaliste attaché à la vérité, je céderais à l'hyperbole en affirmant qu'il y en a plus que de peluches sur les stands. Parmi les règles placardées sur les barrières à l'entrée (voir sur la carte ci-dessous) : port du masque recommandé, distance d'un mètre entre les individus... et ne pas s'embrasser. Désolé, jeune homme, si tu comptais conclure avec ta future petite copine à la foire Saint-Jean (ou inversement). 
 
Ces règles - distanciation, lavage des mains, masque obligatoire pour les quelques attractions où l'éloignement est impossible à mettre en oeuvre - sont rappelées à chacun des stands ou presque. Et presque chaque forain ou foraine a un masque ou une visière. Zéro insouciance, et strict protocole. Il faut dire que sans ça, la foire Saint-Jean n'aurait tout simplement pas pu ouvrir.
 

Si moins de manèges ont été annoncés que l'année dernière, on ne s'en rend guère compte. Cette édition 2020 peut compter sur le renfort d'attractions venues de Belgique. Et le parcours, long de près d'un kilomètre au total (à moins que je ne sois abusé par mon podomètre), ne donne pas l'impression qu'on fait vite le tour de la foire.

Parlons-en, des attractions. Le protocole n'est pas unique ou figé. Chacun des stands et manèges a dû l'adopter à sa sauce pour pouvoir accueillir son public en toute sécurité et sérénité. Pour vous faire une idée, en voici cinq exemples, détaillés par la gérante ou le gérant du stand.
 

Au jeu des cordes

 
Cathy, de Cathy Boutique : "On met du gel. On tire une corde. On remet du gel... et on gagne : y a pas de perdant." Clair, net, précis. Je n'ai toutefois pas testé la victoire garantie : pas trop envie que la rédactrice en chef de France 3 Alsace me voit revenir au bureau avec un serpent arc-en-ciel géant. Pas très professionnel.
 

À la pêche aux canards


Elodie, du Lac bleu : "Pour chaque bac, on n'a plus que deux enfants, contre cinq auparavant. Ils se placent dans le cerceau au sol, chacun est séparé d'un mètre. Les cannes sont désinfectées à chaque usage. Le soir, tous les canards sont passés à la solution désinfectante. Et en journée, on met aussi du désinfectant dans l'eau... On essaye de faire au mieux."
 

Aux trampolines


Hugo, des trampolines Marvel : "On évite la contamination en mettant du gel avant l'installation de l'enfant sur les sangles, et après son départ. Précaution supplémentaire : je porte un masque tout le temps. Et il y a trois mètres entre chaque trampoline. Normalement je mets cinq minutes à installer un enfant, là il me faut trois minutes en plus pour l'installer. Ça prend du temps, mais on respecte strictement le cahier des charges pour qu'il y ait le moins de risque possible. Au fait, vous pourrez dire que les meilleurs trampolines de la foire, c'est les nôtres ?" Voilà, c'est fait.
 

Aux arbalètes


Soise, de Turquoise peluches : "On a une solution hydroalcoolique avant et après avoir joué, et on fait garder ses distances. Les fléchettes utilisées sont mises de côté, et nettoyées au fur et à mesure. Les arbalètes sont désinfectées à chaque fois. Et j'ai mis une visière et pas un masque, parce que pour parler dans le micro avec, c'est compliqué... en plus, il fait chaud."
 

Au toboggan


Tony, du toboggan gonflable Titi... me fait carrément une démonstration. Il pulvérise du désinfectant très régulièrement sur la structure. Et il y a une odeur de piscine, c'est rigolo. Ce qui est aussi rigolo, c'est qu'il en profite pour dévaler la pente à chaque nettoyage. C'est ce qu'on appelle joindre l'utile à l'agréable.
 

Un badge magique

Alors que ma visite se poursuit, je croise deux mères de sortie avec leur enfant respectif. Elles attirent mon attention à cause d'un badge : qu'est-ce donc que cela ? Renseignements pris, je découvre que Noémie et Claudine sont des soignantes, et que leur badge est délivré par le groupe hospitalier Saint-Vincent (GHSV) où elles travaillent.

Il leur permet de ne pas payer les attractions ce 1er juillet, pour les remercier d'avoir été en première ligne au plus fort de la pandémie de coronavirus : "Ça fait plaisir aux enfants... et aux parents qui n'ont pas à payer. C'est une bonne idée pour se retrouver en famille, car on a peu profité des nôtres pendant qu'on travaillait à l'hôpital." Je taquine : "C'est mieux qu'une médaille ?" Réponse après un petit rire : "Oh, oui. Au moins, toute la famille en profite."
 

L'heure tourne : nouille que je suis, j'ai oublié de regarder ma montre aussi souvent que j'aurais dû. La faute à l'ambiance, comme toujours agréable, même en période de coronavirus... Il est temps de s'arrêter de flâner, et de rentrer bosser  prestement : cet article ne va pas s'écrire tout seul. Et ce même si une glace préparée par Marcel me fait envie... "J'ai pas le temps", comme dirait (enfin, chanterait) Faf Larage dans Prison Break
 

Je refais le trajet de la foire à l'envers. On ne peut normalement aller que dans un sens, jusqu'à la sortie qui se situe rue Fritz Kieffer, mais comme il n'y a pas encore grand-monde... J'aperçois une mère et ses deux enfants juste avant la sortie - enfin l'entrée - et lui demande son avis sur les mesures sanitaires de cette foire Saint-Jean. Elle est directe : "Je n'ai rien à reprocher. Ils ont fait ce qu'il fallait et font respecter les mesures-barrière." Avis validé. Les allées de la foire seront donc bientôt bondées.
 
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