Perséides et astro-bus : ce que j'ai appris en allant observer les étoiles filantes avec des astronomes... malgré la pluie

Les Perséides sont une occasion très pratique et bienvenue d'observer les étoiles filantes. Lors de la nuit des étoiles, les petites mains du planétarium de Reims et de l'association Planética de Beine-Nauroy (Marne), après un transport en astro-bus via l'Astur, ont proposé au public de découvrir les cieux étoilés... Un moment qui a bien plu au public, même s'il a pas mal plu. Récit.

Quadruple voyage dans le temps et l'espace, lors de cette fameuse nuit des étoiles. Présentons les institutions chargées de nous convoyer : le planétarium rémois, l'association d'astronomes amateurs Planética présente à l'observatoire de Beine-Nauroy (Marne), et l'Association de sauvegarde des transports urbains de Reims (Astur) qui affrétait un "astro-bus" pour se rendre là-bas. 

Pourquoi quadruple ? Notre guide, à bord de l'astro-bus, puis les bénévoles qui se trouvent à Beine-Nauroy, nous font voyager dans l'espace (sidéral, celui où l'on trouve les étoiles et les planètes), mais aussi le temps (qui s'écoule, en nous racontant l'histoire de la conquête spatiale). Quant au bus à damiers jaunes et noirs de l'Astur, il traverse l'espace (la distance) séparant Reims et Beine-Nauroy, mais aussi le temps (qu'il faisait, c'est à dire une grosse pluie lâchée par de lourds nuages gris). 

La nuit des étoiles coïncide avec les Perséides. Chaque année, pendant l'été, la Terre se retrouve à proximité d'un vaste nuage de poussières stellaires. Ces poussières s'enflamment en pénétrant dans l'atmosphère terrestre, et on les appelle alors les étoiles filantes. Le pic du phénomène est atteint après une dizaine de jours en août. 

Pas d'étoiles et pluie c'est tout ? 

Les astronomes en herbe ont prévu un vaste programme sur la pelouse et à l'intérieur de l'observatoire benais. Diverses conférences, utilisations de télescopes et de lunettes astronomiques pour observer les cieux, mais aussi contemplations à l'oeil nu d'environ cinquante étoiles filantes à l'heure... Il doit même y avoir un stand de crêpes. Un programme génial, susceptible de plaire aux petits et aux grands.

Sauf que je suis journaliste, et pas publicitaire. Et que la déontologie m'impose de préciser que personne ne peut voir la moindre étoile. Parce qu'il pleut... Pour autant, est-ce que la nuit des étoiles est gâchée ? Objectivement : que nenni. Alors, certes, on pourra dire qu'on ne peut pas rester à l'air libre sans se faire doucher, et que les nuages pluvieux empêchent d'observer quoi que ce soit. Pour être tout à fait honnête (après tout je suis journaliste, ce n'est pas antinomique), un astéroïde aurait pu nous foncer dessus sans qu'on le voit. Mais on apprend des tonnes de choses. Et c'est ce qu'on retrouve dans le récit de cette petite SSS, pour Soirée à la fois Savante et Sympathique (et pas Siding Spring Survey, un ancien programme australien de recherche d'astéroïdes).

Apprendre sur les étoiles, à défaut de les apercevoir

Tout commence à 20h30 devant le planétarium de Reims, sis avenue du Général de Gaulle, entre les quartiers Courlancy et Wilson. Si l'on fait quelques pas de plus, on tombe sur le principal McDonald's de l'ouest de la ville, pour bien planter le décor. La présence ici du planétarium est relativement récente : le lieu, flambant neuf, a ouvert en 2013. Avant, et depuis 1980, il était installé au sein du vieux collège des Jésuites, quartier Saint-Rémi, où se trouvent actuellement une antenne de Science Po et le fonds régional d'art contemporain (Frac) de Champagne-Ardenne.

On y trouve même une horloge astronomique assez fabuleuse (mais peut-être pas autant que celle de la cathédrale de Strasbourg : excusez le manque de neutralité, mais j'y ai vécu six années...). Les publics scolaires comme particuliers sont plus que bienvenus à l'intérieur.

Mais ce soir, Reims délocalise à Beine-Nauroy. Et pour s'y rendre, un transport atypique a été prévu : un bus à damiers jaunes et noirs, très années 90 qui rappelle les plus belles heures de la Tur (qui ne s'appelait alors pas encore Citura). C'est l'Astur qui pilote. Alors on va peut-être me dire que c'est le cinquième ou sixième article en un trimestre qui parle de cette association (j'avais testé leur balade autour de la montagne de Reims), mais promis, je n'ai pas d'actions là-bas.  

Une soixantaine de personnes est attendue, mais le mauvais temps a fait son oeuvre, et voilà que les effectifs semblent réduits de moitié. Pour les gens qui ont quand même tenu à faire le déplacement, on se fait accueillir par le directeur adjoint du planétarium lui-même, j'ai nommé Benjamin Poupard. Je m'attendais à tomber sur un auguste monsieur fort sérieux et donnant l'impression d'avoir côtoyé Uranie et Séléné elles-mêmes (respectivement muse de l'astronomie et déesse grecque de la Lune). Mais ce responsable est une personne absolument adorable, qui vous accueille comme si on partait en colo avec une voix toute douce et tranquille. Le côté tout public est clairement assumé, et on se sent immédiatement assez en confiance pour le bombarder de questions.

Les étoiles nous font voyager aussi.

Benjamin Poupard, directeur adjoint du planétarium de Reims

"L'idée était de répondre à une demande qui nous était faite assez fréquemment", me confie ce dernier. "Pour se rendre à l'observatoire de Beine-Nauroy, existe-il des moyens de transport pour les personnes qui ne sont pas véhiculées ?" Question que je m'étais d'ailleurs posé. "Jusqu'à cette année, ce n'était pas le cas."  Mais l'Astur est arrivée. "Il y avait quelque chose qui pouvait marcher à faire ensemble. L'idée n'était pas de faire un voyage en allant d'un point A à un point B. Mais de l'enrichir, en en faisant un voyage dans le temps et l'espace, car les étoiles nous font voyager aussi." 

Le départ est donné à 21h10. Et Cyril Regnier, le président de l'Astur (et conducteur honoraire du bus ce soir), nous confie "nous emmener, sous les étoiles je ne sais pas, mais à l'observatoire des étoiles en tout cas".

Le bus a été spécialement décoré. Entre deux photographies en noir et blanc des hippomobiles et de l'ancien tramway de Reims, on découvre avec amusement des vaisseaux spatiaux. Et même un cliché d'une Opel Rak 2, véritable voiture-fusée (horizontale) construite et testée en 1928. On se croirait un peu à bord du Bus magique, comme dans le dessin animé du même nom

Benjamin Poupard commence son exposé au micro. On n'aura peut-être pas 50 étoiles filantes visibles à l'heure ce soir, mais on aura (au moins) autant d'anecdotes. 

Anecdotes étoilées 

La Chine de l'empire Ming bat l'URSS

Connaissez-vous le premier homme à être allé dans l'espace ? Ce bon vieux Youri Gagarine, je suppose, fer de lance du programme spatial soviétique alors à son apogée ? Eh bien non.

Ce serait un Chinois nommé Wan Hu. Il s'agissait du mandarin d'un empereur chinois, sous la dynastie Ming (réputée pour ses fameux vases en porcelaine bleue et blanche). Et il aurait vécu, au choix, 2 000 ans avant notre ère... ou au XVI siècle. On a connu plus précis. C'est probablement la deuxième option qu'il faut retenir (la Chine n'avait pas encore inventé l'écriture ou la poudre si l'ont remonte 4 000 ans en arrière). Ce curieux personnage aurait pris place sur une chaise de bambou, demandé à une armada de serviteurs d'allumer les 47 fusées (la Chine était connue pour sa maîtrise de la poudre à canon) fixées au siège... Après une formidable explosion, on n'aurait retrouvé ni la chaise, ni Wan Hu. On en aurait conclu qu'il était parti vers les étoiles... 

Les sources sont assez éparses, et plutôt occidentales que locales. Pas sûr donc que ce soit vraiment arrivé. Les MythBusters ont tenté de reproduire l'expérience avec un mannequin, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce dernier a fini en méchoui. Mais l'histoire valait la peine d'être racontée... 

Cyrano sur la Lune

Parlons maintenant de science-fiction. Non, on ne va pas parler de Star Wars. Ni d'un natif de la Marne, Maurice Renard, père français de la science-fiction (j'en ai déjà parlé) dès le début des années 1900 (oui, vous avez bien lu). Mais de Cyrano de Bergerac. Pas le personnage popularisé par Edmond Rostand en 1897 dans l'oeuvre éponyme, mais le bien réel (Savinien de) Cyrano de Bergerac, qui l'a inspiré (né il y a quatre siècles).

Ce Cyrano-là était un écrivain, à qui l'on doit Histoire comique des États et Empires du Soleil. Ni plus ni moins qu'une des premières oeuvres de science-fiction. Le personnage, un Cyrano fictionnel, s'accroche des fioles de rosée au justaucorps pour s'envoler vers la Lune (car le matin, comme chacun sait, la rosée s'évapore et monte donc vers le ciel). "Ça n'a pas marché", résume laconiquement Benjamin Poupard. Mais après quelques déconvenues et autres tentatives, il parvient à son objectif en s'enduisant de moëlle de boeuf (pourquoi pas), et rencontre sur la Lune Adam et Ève, mais aussi le Diable. Neil Armstrong n'y a pas trouvé tant de compagnie quand il s'y est rendu des siècles plus tard...

Star Wars dans l'Antiquité

Lucien de Samosate, écrivain du IIe siècle entre les règnes des empereurs romains Trajan et Marc Aurèle, a écrit Histoire véritable. Dans ce récit, il se fait voyager sur la Lune après que son bateau est pris dans une très grosse tempête, et se retrouve emporté dans l'espace. Sur cette Lune, les locaux, les Sélénites, sont en guerre contre la population du Soleil. "C'est le précurseur de Star Wars", fait remarquer notre guide, l'oeuvre étant en partie écrite pour parodier Homère (à qui l'on doit l'Illiade et l'Odyssée, oeuvres remplies de contenus oscillant entre mythe et mythologie).

On pourrait donc presque dire que, de notre point de vue (mais pas de celui de cet auteur antique), la science-fiction remonte en fait à l'Empire romain... Surtout si l'on prend en compte le fait que Lucien de Samosate a inspiré Cyrano de Bergerac (cité précédemment).

Qui lui-même inspire Jules Verne dans De la Terre à la Lune (1865), où un homme va marcher sur la Lune après y avoir été expédié par un énorme canon. "Ce qui est remarquable, c'est qu'il imagine un voyage de la Terre à la Lune en à peu près quatre jours", fait remarquer Benjamin Poupard. Or, c'est le temps qu'il a fallu à la mission Apollo 11 des astronautes Armstrong, Aldrin, et Collins pour atteindre l'astre lunaire près de 100 ans après. Jules Verne passera le relais à l'auteur britannique H.G. Wells dans Les Premiers Hommes dans la Lune (1901, on le connait aussi pour La Machine à explorer le temps, La Guerre des mondes, et L'Île du Docteur Moreau).

Juste après ces deux oeuvres, le célèbre cinéaste Georges Méliès sortira Le Voyage dans la Lune (1902). Vous avez sans doute déjà vu sa scène la plus culte, où un obus vient percuter la Lune pile dans son oeil. À citer également : le compositeur d'opéra Jacques Offenbach à qui l'on doit un autre Le Voyage dans la Lune (1875, voir vidéo ci-dessous).

Pour l'anecdote titanicophile, Offenbach est plus connu pour Orphée aux Enfers (ou French Cancan, plus familièrement), qui faisait partie du large répertoire de l'orchestre du Titanic (où voyageait une passagère originaire de la Marne). Dans le film de James Cameron, c'est cette musique qui fait s'exclamer "De la musique pour se noyer ? Là, je sais que je suis en première classe", par Tommy Ryan, passager d'entrepont désargenté. Pourquoi je parle du Titanic, qui n'a rien à voir avec l'espace ? Parce qu'en fait, ça a tout à voir : dans l'épisode Une Croisière autour de la Terre de la série culte Doctor Who, (2007) un luxueux vaisseau spatial a repris le nom et l'apparence du Titanic. Et ça ne va pas bien se passer, évidemment... À noter que Millvina Dean, la dernière rescapée du Titanic alors en vie n'a pas du tout apprécié.

Du passé au futur

L'origine des programmes spatiaux occidentaux (les fusées V2 de Hitler, véritables "armes miracles" du régime nazi qui sont néanmoins arrivées trop tard pour renverser le cours de la guerre) a été précisée. À la fin de la guerre, les autorités américaines, via l'opération Paperclip, ont enrôlé les scientifiques allemands pour apprendre de leurs connaissances en matière de fusées (la France a fait pareil). 

L'avenir de la conquête spatiale a aussi été abordé. Le renouveau de la course à l'espace (vers la Lune) où s'illustre la Chine et son objectif 2030, tout comme la complexité des futures missions sur Mars. Les activités de SpaceX, l'entreprise du bien connu Elon Musk, y auront aussi leur place. Au sujet de ce monsieur, que ça n'empêche pas de rappeler au passage son opposition aux transports publics et son entourloupe liée au projet d'hyperloop à Toulouse (Haute-Garonne), ses propos transphobes, sa culture d'entreprise mortifère, ou encore d'avoir fait plonger l'un des plus grands réseaux sociaux au monde (Twitter).

Beine-Nauroy dans le noir

Le temps d'énumérer tout ce paquet d'anecdotes (il se peut que j'en ai rajouté dans l'article au passage), Benjamin Poupard nous a fait arriver en un rien de temps à Beine-Nauroy. Il a même répondu à la très intéressante question du jeune Sacha ("Peut-on pleurer dans l'espace ?") : la réponse est oui mais elles ne peuvent pas couler, ce qui pose problème, pour faire court (car cet article est déjà bien long alors que j'ai juste raconté le trajet aller). Il devra aussi parler des trous noirs tout le long de la soirée.

Et encore, pour une ultime anecdote (je ne peux pas m'en empêcher), on n'a même pas parlé de Félicette, la première chatte à être allée dans l'espace. Et à en être revenue vivante et bien portante... avant d'être euthanasiée par les scientifiques. Je la connais puisqu'une statue a été érigée en sa mémoire à Strasbourg

L'astro-bus cahote sur un chemin de terre. Autour de nous, on ne voit absolument rien (ce qui est précisément recherché pour observer le ciel : la pollution lumineuse rend ça difficilement possible à Reims, comme en atteste cette carte). Et il pleut toujours. Jusqu'au bout, j'ai espéré que ça se lève, mais ça n'en prend pas le chemin. Je suis peut-être trop plein d'optimisme (ou de naïveté et/ou de mauvaise foi, à en croire certaines personnes dont j'ai pu être proche). Quoi qu'il en soit, pas question d'annuler quoi que ce soit maintenant qu'on est là.

Tout le monde descend du bus. Les applications lampe torche des téléphones permettent de se repérer dans les rues d'une zone pavillonnaire. Moi, j'en ai une dans mon sac à main, mais elle est enfouie sous un fatras de fourbi, donc je fais comme les autres. Un couple en k-way qu'on croise en sens inverse se demande sans doute qui sont ces trente hurluberlus qui marchent en file indienne sous la pluie à 21h30 pour aller on ne sait où. 

Pourtant, c'est juste à côté. Nous arrivons à l'observatoire, qui nous ouvre ses portes. Tout le monde s'abrite. Une tente a été dressée pour accueillir des animations destinées aux enfants, un grand bâtiment abrite les instruments qui ont dû être rentrés "car ils n'aiment pas la pluie" (mais vraiment pas : adieu notre observation). Le dôme de l'observatoire proprement dit est situé derrière (et en tentant d'y aller, je manque de me prendre les pieds et d'arracher un gros câble électrique noir). En plus, ça ne sert à rien que j'essaye de le photographier : on ne voit rien.

"Vous nous amenez le beau temps", demande, goguenard, un des dix bénévoles de l'association Planética abrité sous l'auvent du bâtiment principal. À l'intérieur, suspendue au plafond, une jolie reconstitution du Système solaire.

Mais je ne dois pas rester le nez en l'air : un certain Fabien, avec son T-shirt Deadpool, sa longue barbe et sa casquette (je ne savais pas que les astronomes étaient aussi cools), présente les différences entre plusieurs engins. On découvre un télescope et une lunette (ce n'est pas la même chose) avec de gros contrepoids : la lunette a été reprise et perfectionnée par Galilée en utilisant des lentilles (optiques, pas le féculent), tandis que le télescope, qu'on doit à Newton, utilise un jeu de miroirs. Puis on a un télescope Schmidt-Cassegrain, sorte de mélange des deux, qui a l'avantage de fonctionner avec plus d'autonomie et de rapidité. Il est aussi bien plus volumineux...

De l'autre côté, projetés sur le mur via un vidéo-projecteur, des clichés d'étoiles, de nébuleuses (on les appelle ainsi car leurs contours sont flous), et même de planètes. Il s'agit de photographies de ce qu'affiche l'objectif du télescope ou de la lunette. On obtient des résultats impressionnants.

Parfois, il y a des couleurs : il ne s'agit pas d'une retouche. Ces couleurs existent, mais l'oeil humain ne peut pas les discerner. "Parfois, on photographie le soleil... s'il ne pleut pas. Elle est belle, cette nuit des étoiles, hein ? Oui, être astronome, c'est composer avec beaucoup de si." En même temps, on a été prévenu : la présentation de l'évènement mentionnait bien "sous réserve de conditions météorologiques favorables"

Un sacré gros télescope

La suite de la visite se passe derrière le bâtiment, sous le dôme de l'observatoire proprement dit. On entre par une petite porte au rez-de-chaussée, on grimpe un court escalier circulaire, et une fois une petite grille franchie, on se retrouve dans le noir, à côté d'un télescope de vastes dimensions. Une vingtaine de personnes est rassemblée là, et écoute religieusement les commentaires de Baptiste Redon, le directeur du planétarium de Reims. 

Cette "belle machine" est décrite comme très "technique et archaïque" en même temps. Son principe a effectivement peu évolué en tant que tel depuis son invention au XVIIe siècle. Mais celui-ci emploie des miroirs "de trente nanomètres, ce sont des millionièmes de millimètres" : c'est donc un bijou d'ingénierie.

On découvre aussi qu'une petite télécommande est utilisée pour amener le télescope à se concentrer sur divers corps stellaires. Sont utilisés deux catalogues : d'abord le Messier. Cet astronome français (qui à la base voulait faire du droit, comme quoi la réorientation, ça a du bon) voulait observer tranquillement des comètes (qui bougent). Hélas pour lui, il passait son temps à tomber sur des nébuleuses (dont l'emplacement dans l'espace est fixe), et a fini par les cataloguer pour éviter de les confondre, pour lui comme pour ses confrères. Il va en répertorier une centaine.

L'autre catalogue, NGC, pour New General Catalogue, est une version très complétée du catalogue Messier. Elle comprend en effet plusieurs milliers de nébuleuses.

L'astronome précise qu'à compter de ce vendredi 11 août, l'observatoire sera ouvert au public le vendredi jusqu'au mois d'avril. Comme cela m'étonne, je me renseigne (après tout, c'est mon boulot). Il m'explique alors que l'hiver est beaucoup plus propice à l'observation des étoiles que le coeur de l'été, malgré l'idée "préconçue". En été, le soleil se couche très tard, la nuit noire est courte, et le jour pointe assez rapidement. C'est tout l'inverse en hiver, qui donne beaucoup plus de temps pour pouvoir observer les cieux. 

Pour tous les âges

Retour à l'entrée du complexe, sous la tente. Un atelier de fabrication de badges à épingler permet aux enfants (mais pas que) de repartir avec un souvenir qu'ils ont dessiné. Sur le côté, Aude et Flore discutent. Ce sont des bénévoles qui adorent les étoiles et transmettre ce qu'elles savent. Flore vient du Nord-Pas-de-Calais, est venue faire son stage dans l'est de la France, et n'est jamais repartie. "On s'y attache, à cette région." Je la comprends : il m'est arrivé la même chose.

C'est la future relève d'Aude qui, elle, fait ça depuis déjà 17 ans. Elle n'était même pas destinée à ça, à la base. "Au début, mon père m'a orientée dans des études très techniques." Mais l'appel des étoiles a été plus fort... Depuis, elle s'est découvert une passion pour apprendre aux publics plus ou moins jeunes tout ce qu'il y a à savoir sur les cieux étoilés. Petite, elle s'était déjà rendue au planétarium rémois, alors en tant que simple visiteuse. "Je ne pensais pas qu'un jour, je serais de l'autre côté." 

Ces nuits des étoiles, ces animations destinées aux jeunes, elles peuvent permettre d'intéresser de potentiels futurs astronomes en herbe. Peut-être que la future relève de Flore (qui relève déjà Aude) est venue ce vendredi 11 août et n'oubliera jamais sa découverte du télescope et la fabrication de son badge. Tout comme on ne pourra pas oublier l'incroyable dévouement, la passion, le sens du partage qui animent chacun et chacune ici. 

Il faut bien rentrer à un moment

Je m'aperçois que toutes les têtes que je connaissais ont disparu. Il est donc temps pour moi de retourner au bus si je ne veux pas être abandonné... à la belle étoile. Ironie du sort : il ne peut plus. J'ai même l'impression que le ciel se dégage... "Combien de fois ça nous est arrivé ? On remballe le matériel après n'avoir rien pu observer, et c'est là que les conditions s'améliorent. C'est un peu frustrant." À qui le dîtes-vous.

Le voyage du retour va être l'occasion pour Benjamin Poupard de tenter de répondre, à sa hauteur, à une épineuse question : l'univers est-il infini ? Tout dépend de si l'on parle d'infini géographique (sans limites) ou historique (qui ne s'arrêtera jamais). "C'est plus commode de penser qu'il n'a pas de frontière. S'il en avait une, on voudrait savoir ce qu'il y a derrière. Quant au début de l'Univers, souvient associé au Big Bang, ça empêche de savoir ce qu'il y avait avant. Déjà qu'on ne connaît que 5% de l'Univers observable..." 

Et le public, toujours intéressé et conquis, redouble de questions. La pluie a peut-être empêché toute observation, mais personne n'en est marri. Bien au contraire. Le trajet se fait à nouveau en un clin d'oeil. Encore plus pour certains (jeunes) passagers, qui se sont endormis sur les épaules de leurs parents. Ce n'est pas mon cas : mon cerveau bouillonne de tout ce que j'ai appris, à défaut de tout ce que j'ai vu. Mais des occasions de voir des étoiles, filantes ou non, il y en aura d'autres. Ne dit-on pas qu'elles sont (quasiment) éternelles ? 

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