Dépenser quelques euros en espérant tomber sur un objet qui en vaut plusieurs centaines, c'est ce principe qui vaut à la vente de colis perdus un succès fulgurant en France et en Normandie. Mais s'agit-il d'une arnaque ou peut-on réellement espérer de belles surprises ? On a testé pour vous à Rouen.
Appareils électroniques, vêtements de luxe... Depuis quelques mois, les vidéos d'ouverture de colis perdus inondent les réseaux sociaux. Ce nouveau phénomène connaît un succès fulgurant en France et en Normandie grâce à l'espoir qu'il suscite : trouver un objet de valeur en ne dépensant que quelques euros.
Ce genre de vente est par ailleurs possible depuis l'entrée en vigueur de la loi anti-gaspillage le 1er janvier 2022 qui interdit l'élimination des produits non-alimentaires invendus.
Une méthode qui s'avère gagnante pour les revendeurs, mais pas toujours pour les acheteurs.
Voir cette publication sur Instagram
La mania des colis perdus
Dans la nouvelle boutique "Colis perdus" inaugurée le 2 novembre 2024 rue de la République à Rouen, les clients s'activent autour des montagnes de colis disposées un peu partout.
D'une main experte, ils sont nombreux à examiner, peser ou encore secouer les paquets face à eux. L'enjeu, ou plutôt le jeu, est de taille : dénicher à l'œil nu la perle rare. À 15 euros le kilo de colis, il est possible de tomber sur des objets qui en valent plusieurs centaines.
Cette part de hasard, que l'on retrouve avec les jeux à gratter ou la loterie, est le fondement même du succès de la vente de colis perdus. Une réussite notable que Clément Langlais, propriétaire de la boutique, n'avait pas autant anticipée.
"On n’avait pas prévu qu'autant de monde vienne, le jour où on a ouvert c'était la folie. On est très content et les gens avaient l'air de l'être aussi", se félicite le dirigeant, originaire de Rouen et propriétaire de plusieurs magasins de déstockage dans la région.
Un marché florissant
La vente de colis perdus s'est rapidement révélée être pour lui une nouvelle source de revenus pertinente.
"Notre boutique sur Rouen est la deuxième que l'on a ouverte dans le département. C'est un marché intéressant même si au départ j'étais assez méfiant sur son fonctionnement. Au final, je récupère chez un logisticien des colis perdus qui ne sont pas arrivés à destination et qui ont finalement été laissés chez lui. Nous ensuite on les rachète et on les revend", dévoile Clément Langlais.
Attirées par le goût du jeu ou l'envie de trouver des cadeaux de Noël originaux, des centaines de personnes ont décidé de tenter leur chance depuis l'ouverture du magasin. Pour d'autres, "peu importe ce qui se trouve à l'intérieur, ils veulent juste revendre en suivant ce qu'ils ont trouvé", raconte le dirigeant.
Une recette gagnante pour Clément Langlais qui s'adresse de cette façon à un public aux envies larges, qui lui assure des ventes importantes : près de trois tonnes de colis perdus ont été écoulées depuis l'ouverture de la boutique.
Le risque de la mauvaise surprise
Mais cette promesse du 100% gagnant ne semble toutefois pas être aussi favorable du côté de la clientèle. Si la vente de colis perdus est un jeu dont les règles sont connues à l'avance, cela n'empêche pas pour autant les mauvaises surprises.
Les vidéos sur les réseaux sociaux montrant l'ouverture de colis ou les slogans garantissant un véritable gain entretiennent l'appétence des clients pour le hasard, attisant leur tentation de décrocher à leur tour le gros lot.
Pour autant, la réalité est souvent différente : outils de mécanique, matériel électronique bas de gamme, nains de jardin ou objets extravagants, la déception peut être parfois grande pour certains clients. Des déboires que le dirigeant rouennais entend sans toutefois être pleinement d'accord.
Il n'y a pas de mauvaises surprises, que des mauvaises attentes. Le fait que ce ne soit pas cher ne veut pas dire que ça sera forcément bien.
Clément Langlais, propriétaire de la boutique " Colis vendus " à Rouen
La vente de colis perdus n'est donc pas un bon plan sans être pour autant une escroquerie : comme à la loterie, il faut être prêt à perdre comme à gagner.
Une chose reste toutefois certaine : ce nouveau marché est en plein essor et Clément Langlais l'a bien compris. Il prévoit de développer son activité courant 2025.