Pierre Gattaz, le presque "patron des patrons" est un industriel isérois

Patron d'industrie, Pierre Gattaz, promis à la présidence du Medef, affiche l'ambition de contribuer à redresser la France par la réindustrialisation, l'export, la formation des jeunes, en s'appuyant sur l'expérience de son entreprise de l'Isle d'Abeau, très exportatrice.

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"On a tout pour réussir en France, on a tout pour exporter. Cela fonctionne pour Radiall. Si je le fais, on peut le faire", martelle Pierre Gattaz en parcourant les ateliers et salles blanches du site de l'Isle d'Abeau, son entreprise familiale, devenue numéro un mondial sur deux niches de haute technicité.

l'évangélisation économique du pays


Cet ingénieur et manager de 53 ans formé en France et aux Etats-Unis est passé par Dassault Electronique puis la gestion de PME en difficulté avant de prendre la direction de Radiall au début des années 1990.

Le fils d'Yvon Gattaz, l'ancien patron des patrons qui présida de 1981 à 1986 le CNPF, ancêtre du Medef, se présente en "candidat du terrain" et "de conquête". Il voit le salut dans une France qui ferait "confiance" à ses entreprises et "accepterait" la mondialisation et n'hésite pas à parler, en souriant à moitié, d'"évangélisation économique du pays".

Son modèle: "le capitalisme patrimonial qui fait la force de l'Allemagne" à l'image de son entreprise détenue à 87% par la famille avec cinq usines en France et quatre à l'étranger, au Mexique, en Inde, aux Etats-Unis et en Chine.

A ceux qui parlent de "délocalisation", ce fournisseur de groupes tels que Boeing et Apple rétorque "non, si je n'avais pas le Mexique, je serais mort" et évoque au contraire une "boucle vertueuse de la mondialisation".

A ceux, qui à l'inverse comme "ces jeunes financiers de 25 ans qui en assemblée" lui "disent +cinq sites en France c'est beaucoup trop pour votre rentabilité+", il explique essayer depuis plusieurs années de quitter la Bourse où 13% du capital de Radiall sont détenus.

Pour le dialogue social mais d'abord dans l'entreprise


Mais ses positions offensives contre les 35 heures, sur l'âge de la retraite, la fiscalité des entreprises et la dépense publique, suscitent des inquiétudes sur sa volonté de dialogue. L'appui marqué que lui témoigne publiquement l'ex-numéro 2 de l'organisation patronale Denis Kessler, soutien qu'il a d'ailleurs réaffirmé jeudi dans un communiqué, renforce encore cette impression.

"Le soutien de Denis Kessler est primordial et à la fois pose des questions: est-ce qu'on laissera la place au dialogue social ?", lançait le 22 mai le principal concurrent de M. Gattaz, Geoffroy Roux de Bézieux, rallié à lui ce jeudi 13 juin. Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, avait insisté le 3 juin sur ce soutien en qualifiant M. Kessler de "très, très libéral dans ses conceptions". "Kessler ne sera pas au conseil exécutif du Medef, c'est sûr", a assuré M. Gattaz.

"Le dialogue social, je le revendique, fortement, hautement, au niveau du terrain en priorité", aime aussi à dire le patron de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC) et du Groupe des fédérations industrielles (GFI).

Toujours ce retour sur la cellule de l'entreprise où cet adepte d'une plus grande "flexibilité" prône la formation par l'employeur pour "améliorer l'employabilité des salariés" dans d'autres secteurs en cas d'effondrement des commandes.

"Pierre est naturellement un optimiste, c'est très important, il fait confiance par principe, il est très convivial et délégatif", dit de lui le chef d'entreprise et ancien médiateur interentreprises Jean-Claude Volot, qui le connaît depuis 15 ans.

Le visage rond au nez imposant, le crâne dégarni, les yeux mi-clos, Pierre Gattaz frappe par sa jovialité et une bonne humeur qui semble ne pas vouloir le quitter. Né le 11 septembre 1959, père de quatre enfants, il affirme être "un grand timide" qui "adore parler aux gens".
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