Deux pilotes de la région, José Benavente et Benoît Micolon, vont lancer une collecte de fonds pour pouvoir survoler la Méditerranée à la recherche d'embarcations de migrants.
Un petit avion, le "Colibri", pour survoler la mer Méditerranée à la recherche d'embarcations de migrants en danger. C'est le beau projet de deux aviateurs de la région qui n'est pas loin de se concrétiser avec l'appui d'une collecte de fonds.
José Benavente est né à Lyon et a grandi à Vénissieux. Benoît Micolon, lui, est installé à Chamonix. Tous les deux travaillent dans le milieu de l'aviation. Et tous les deux sont sensibles depuis longtemps au sort des migrants victimes de naufrages en mer.
Je me suis dit qu'il fallait qu'on essaie de faire quelque chose
"L'idée m'a traversé l'esprit il y a pas mal de temps" confie José Benavente, "il y a une quinzaine d'années", lorsqu'il était à Conakry, en Guinée. "On parlait déjà de traversées entre le Sénégal et les Îles Canaries" et de naufrages mortels dans l'océan Atlantique.
Puis éclate la guerre en Libye, en Syrie, au Soudan, et les traversées se font de plus en plus nombreuses en Méditerranée. Les catastrophes aussi. "Je me suis dit qu'il fallait qu'on essaie de faire quelque chose" se souvient-il.
Un "besoin essentiel" pour les ONG
En janvier, José Bonavente prend contact avec des ONG connues pour porter secours aux migrants échoués en Méditerranée. "Je n'avais rien, seulement une adresse email et je suis tout de suite tombé sur la bonne personne."
Leur point faible était clairement identifié, c'était l'observation aérienne
Il s'avère que l'aide qu'il propose comble la principale faiblesse des organisations comme SOS Méditerranée et son Aquarius. "Depuis deux ans, ils avaient réussi à mettre en place un dispositif, mais leur point faible était clairement identifié, c'était l'observation aérienne." Jointes à leur tour, deux ONG espagnoles leur confirment qu'il s'agit d'un "besoin essentiel ".
Le natif de Lyon contacte alors Benoît Micolon, son ami de longue date, pilote de ligne installé en Haute-Savoie. Ensemble et de façon personnelle, en-dehors de leurs professions respectives, les deux hommes fondent "Pilotes volontaires" et vont lancer une cagnotte en ligne : 300 000 euros afin d'assurer leur mission sur le long terme.
L'avion déjà acheté
Pour l'heure, leurs fonds propres ont permis d'acheter un modèle MCR-4S qu'ils ont rebaptisé "Colibri" en hommage au mouvement de Pierre Rabhi et pourraient déjà assurer une dizaine de vols, mais pas plus. C'est la raison pour laquelle leur association lance un appel aux dons qui se limite pour l'instant à son site internet.
Ils envisagent de s'installer à Malte, "pour un mélange de raisons techniques et logistiques" puisque l'île a une position centrale, à une heure de la bande de 150 km de long sur 50 km où ils comptent patrouiller, au large de Tripoli.
Les deux pilotes avaient d'abord pensé s'installer sur l'île italienne de Lampedusa. "On aurait gagné 10 minutes de vol, mais il y avait un risque de vents de travers forts au retour." Ils ont préféré jouer la carte de la sûreté.
Un premier vol à la mi-juin ?
L'équipe continue à s'agrandir et pour l'heure, leur Colibri subit quelques modifications "pour pouvoir voler plus longtemps sans escale" et disposer d'un parachute en cas d'urgence. Le premier vol est prévu au début du mois de mai. "La météo va devenir plus favorable, ils vont lancer beaucoup de bateaux depuis la Libye." Pas question de rater le coche, des vies humaines sont en jeu.