Avec le déclenchement du plan blanc, le CHU de Clermont-Ferrand va redéployer des moyens vers ses secteurs les plus en tension. Les urgences et la réanimation, en particulier, font face à un important afflux de patients, sans atteindre pour l'instant le point de saturation.
Comme tous les établissements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l'Agence Régionale de Santé a demandé au CHU de Clermont-Ferrand de déclencher son plan blanc mercredi 8 décembre.
"Le plan blanc, c'est la mobilisation de l'ensemble des moyens de l'établissement pour réorganiser l'hôpital face à des afflux massifs, à une situation de crise exceptionnelle" explique le directeur général Didier Hoeltgen.
"Pour l'instant, nous ne sommes pas saturés"
Didier Hoeltgen, directeur général du CHU
Dans le Puy-de-Dôme, le taux d'incidence est élevé (442 au dernier pointage), mais il reste inférieur à celui d'Auvergne-Rhône-Alpes (635 actuellement). Si le CHU clermontois sent monter la vague, elle ne le submerge pas encore. "Pour l'instant, nous ne sommes pas saturés" indique Didier Hoeltgen. "Nous avons même pu accueillir des transferts de patients, notamment depuis Saint-Étienne".
Les urgences et la réanimation en tension
Cela ne veut pas dire que l'hôpital n'est pas en tension. A Clermont-Ferrand, deux services sont déjà sous pression : les urgences et la réanimation.
"Aux urgences, nous sommes passés de 140 passages par 24 heures à 180, avec même un pic à 210 la semaine dernière." Le volume d'appel au SAMU se maintient quant à lui à un niveau supérieur de 20 % à la normale.
"On ressent une véritable usure de l'ensemble des équipes."
Didier Hoeltgen, directeur général du CHU
La tension est particulièrement importante aux urgences pédiatriques. "On est passé de 70 à 120 entrées par jour, voire plus dans ce secteur" constate le directeur général. S'il existe quelques suspicions de syndromes inflammatoires liés au COVID, l'essentiel de ces entrées concerne les autres pathologies de l'hiver, en particulier des bronchiolites qui sont très nombreuses cette année.
"On est fatigués" résume Didier Hoeltgen. "On ressent une véritable usure de l'ensemble des équipes." Et ça se ressent sur l'absentéisme qui atteint aujourd'hui un niveau "important" selon la direction, entre 12 et 13 %.
Le plan blanc va permettre de mobiliser les personnels des écoles, en repos, en disponibilité ou en formation. "Ceux qui ont fini leurs examen vont pouvoir renforcer les équipes" et assurer des relais salutaires.
En réanimation, des lits supplémentaires de soins critiques vont être armés avec une montée en puissance progressive divisée en trois phases.
10 à 12 % des opérations déprogrammées
Pour cela, des personnels vont être redéployés, ce qui suppose de réduire certaines activités. 10 à 12 % des opérations vont être déprogrammées, et 4 blocs opératoires sur 40 vont être fermés (deux sur le site Gabriel Montpied, une sur le site Estaing, et une salle en chirurgie cardio-vasculaire en alternance avec le pôle médico-technique)
La direction du CHU a aussi remis en place des réunions en commun avec tous les établissements du territoire et les EHPAD pour surveiller les clusters.
"Parmi les hospitalisés, entre la moitié et les deux tiers sont non-vaccinés."
Professeur Ousmane Traoré, responsable du service d'hygiène hospitalière
Actuellement, le CHU de Clermont-Ferrand compte 44 personnes hospitalisées pour Covid, dont une quinzaine en réanimation.
"Parmi les hospitalisés, entre la moitié et les deux tiers sont non-vaccinés." détaille le professeur Ousmane Traoré, responsable de service d'hygiène hospitalière. "Les autres sont surtout des vaccinés très immunodéprimés. Il existe aussi une petite frange de vaccinés non immunodéprimés, souvent des personnes qui ont reçu leur deuxième dose il y a six mois ou qui approchaient de la troisième injection."
Pour l'instant, le variant Omicron n'a pas été détecté dans l'établissement.
Depuis le début de la pandémie, en février 2020, le CHU de Clermont-Ferrand a enregistré 453 décès de patients causés par le Covid.