La ministre Marisol Touraine a dévoilé jeudi 13 décembre son plan de lutte contre les déserts médicaux, pour favoriser l'installation des jeunes médecins en campagne. Pas forcément incitatif selon les étudiants.
Les avis sont plutôt partagés, à la Faculté de Médecine de Grenoble. Lucie, étudiante en 2e année de médecine, trouve que les mesures prises par la Ministre de la Santé sont "bonnes" et "incitatives"... Mais elle précise tout de même que selon elle, cela poussera surtout les jeunes qui avaient déjà envie de s'installer en campagne. "Ca ne suscitera pas de vocation" ajoute-t-elle.
Cet autre étudiante, Florian, en 3e année d'études, pointe du doigt une forme de contradiction : l'Etat se désengage de nombreuses régions "sous-dotées" en services publics (disparition des centres d 'impôts, des postes, fermeture de classes, suspension des transports scolaires)... et on voudrait que les jeunes viennent s'y installer ? "C'est quand même pas pratique pour la vie de famille", explique le jeune homme.
Autre problème, le déficit d'image de la médecine générale. Un choix peu valorisé, que les jeunes font de moins en moins. "On pense, à tort, que c'est une spécialité de la bobologie", déplore Justine Cristante, étudiante en 5e année de médecine, et vice présidente de l'ANEMF (Association Nationale des Etudiants de médecine de France). Or ce sont surtout de médecins généralistes dont les zones rurales ont besoin.
12 mesures contre les déserts médicaux :
Trois axes "cimentent" le plan : la formation, "Changer la formation et faciliter l'installation des jeunes médecins", "Transformer les conditions d'exercice des professionnels de santé" et, enfin, "Investir dans les territoires isolés".
En matière de formation, un stage destiné aux étudiants dans un cabinet de médecine de ville. Une pratique déjà inscrite dans le cursus obligatoire, mais suivie par seulement la moitié des inscrits en faculté de médecine.
Autre engagement de l'Etat, une allocation mensuelle de 1 500 euros, sorte de bourses de service public en contre-partie d'un engagement, celui d'exercer dans une zone sous-médicalisée.
Après la formation, vient l'installation. Environ 200 praticiens territoriaux de médecine générale se verront garantir un salaire mensuel de 4 600 euros pendant deux ans, toujours pour ceux qui souhaitent s'installer en zone isolée.