Et si les stations de ski faisaient leur transition... A l'initiative de deux associations environnementales, des Etats généraux de la transition du tourisme en montagne ont été convoqués en septembre dernier. L'occasion pour tout l'écosystème de nos massifs d'imaginer la station de ski de demain. Présentation.
L'opération "Préserve ta montagne" bat son plein sur les antennes de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Depuis ce lundi 22 novembre et pour huit jours, la télévision régionale consacre ses journaux, émissions, documentaires et contenus numériques à nos massifs (Alpes, Jura et Massif central) et aux menaces que le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre et le tout béton font peser sur eux.
Car les montagnes font partie des premières victimes du réchauffement climatique et l’augmentation des températures y est plus forte qu’ailleurs. D’après le site ClimSnow, qui propose des projections de l’évolution de l’enneigement, certaines stations, comme Métabief dans le Doubs, n'auront plus de neige naturelle à offrir à leurs clients d’ici 2030/2040, et la neige de culture ne tiendra plus au delà de 2050.
Les stations doivent donc se réinventer d'urgence. Et le monde de la montagne en est bien conscient. A l'initiative des associations 2TM (Transition des Territoires de Montagne) et Mountain Wilderness, tous les acteurs se sont retrouvés, les 23 et 24 septembre 2021, pour construire ensemble la transition touristique de nos montagnes.
Alors, à quoi est-ce qu'elle ressemble, la montagne de demain, telle que les associations environnementales la rêvent ? On a lu la déclaration commune, déjà signée par plus de 400 partenaires et les restitutions des différentes associations. On vous résume !
Une empreinte carbone plus faible
Le monde de la montagne rêve d’abord de diminuer son impact environnemental lié au tourisme. Quand on sait que plus de la moitié des émissions de carbone des stations sont liées aux transports, un important effort collectif doit être fait pour une mobilité plus durable, douce et décarbonée, tant pour l’accès aux sites que pour les déplacements internes.
Le meilleur moyen de diminuer son empreinte, c’est de laisser la voiture à la maison, comme le rappelle Antoine Pin, le directeur de Protect our Winters France. Son association communique désormais moins sur les belles figures à réaliser hors piste que sur la nécessité de venir en train, en bus ou en covoiturage. "Au lieu de faire rêver les gens sur des backflips, on peut leur inspirer de bonnes pratiques".
Citoyens et associations militent aussi pour une meilleure isolation thermique des bâtiments, une meilleure efficacité énergétique, une alimentation plus respectueuse de l’environnement et issue de circuits courts. Ils plaident pour la protection de la biodiversité et des ressources naturelles.
Arrêter la course à la construction
“L’ère du maire bâtisseur qui cherche à tout prix à étendre sa station est révolue.” C’est Guillaume Desrues, le maire de Bourg-Saint-Maurice et des Arcs (Savoie) qui nous le dit. Et avec lui, le monde de la montagne aspire à un encadrement du foncier, pour une meilleure répartition entre le tourisme et les autres usages.
Cela passe par de la permaculture foncière (qui multiplie les usages et les occupations d’une même surface), un droit de préemption écologique, social et agricole, et l’optimisation de l’occupation des résidences secondaires.
Remettre les locaux au centre
Les participants aux Etats généraux rêvent aussi de remettre les habitants au centre du tourisme de leur territoire. Des habitants qui seraient sensibilisés aux enjeux de la transition et accompagnés, qui prendraient part ensuite à des gouvernances participatives.
Plus d’accessibilité, d’inclusivité
L'idée est là de retrouver les moyens de faire découvrir la montagne, dans toute sa diversité, au plus grand nombre, notamment à la jeunesse. L'idée est aussi d'encadrer la fréquentation des différents espaces, afin que la montagne ne soit pas saturée.
Pour cela, les Etats généraux proposent d'évaluer la capacité de charge des espaces fréquentés, de quantifier la sur-fréquentation et de construire une stratégie de gestion de la fréquentation avec les acteurs concernés.
Préserver les ressources naturelles
Le monde de la montagne rêve de stations qui préserveraient les ressources qui font l’attractivité même de notre territoire. "Développons un tourisme doux, culturel, scientifique, patrimonial, de bien-être, en privilégiant l’expérience plutôt que la consommation, en favorisant l’échange et la contribution, en cultivant d’autres imaginaires pour nos destinations, en sensibilisant les visiteurs à leurs impacts", stipule la déclaration finale.
Vers un tourisme quatre saisons
C'est le nouvel enjeu des stations qui doivent restructurer et repenser leur offre, au-delà du “tout ski”. Et les Etas-généraux de s'appuyer sur l'exemple du Puigmal, dans les Pyrénées catalanes, une station fermée en 2013, qui a pu rouvrir huit ans après avec une nouvelle offre basée sur les raquettes, le trail, le VTT, le ski de randonnée ou la marche nordique. Une station quatre saisons, dont l’accès est gratuit !
Les idées sont là et l’ambition collective est de poursuivre le dialogue de manière “apaisée et constructive”. "Amplifions nos efforts, afin de pouvoir continuer de vivre et accueillir dans des montagnes préservées. Imaginons ensemble l’avenir de la montagne pour qu’elle demeure une terre d’envies et une montagne à vivre.”, concluent les citoyens et les associations réunis aux Etas généraux de la transition du tourisme en montagne.