À quelques encablures de la primaire LR, dont le dernier débat a lieu ce mardi 30 novembre, on note un bond dans les Alpes des adhésions au parti dans le sillage du régional de l'étape, Michel Barnier, candidat à l'élection présidentielle.
Doyen de la compétition, donné parmi les favoris, Michel Barnier, 70 ans, joue la carte du sérieux et de la fidélité au parti Les Républicains (LR) pour convaincre, avec une sobriété dans le style que certains aimeraient plus pugnace.
"Je suis prêt" à être un président "qui rassure et qui agit", aime à répéter l'ancien négociateur européen pour le Brexit, qui garde de cette expérience une vigilance aiguë face à la "colère sociale" qui couve.
Le candidat que "personne n'a vu venir" a, peu à peu, gagné des galons de favori. Sa fidélité chez les LR lui attire les votes des adhérents de longue date comme ceux de nouveaux ralliés au parti de droite.
Des adhésions chez Les Républicains en hausse dans les Alpes
Plus 400 % d'adhésions dans son fief en Savoie, plus 100 % en Haute-Savoie et plus 48 % en Isère. Dans les Alpes, l'effet Barnier est indubitable, sa notoriété y étant solidement établie au fil de sa carrière savoyarde, olympique, ministérielle et bien sûr européenne.
Incarnation d'une droite sociale, européenne, celui qui se décrit comme "patriote et européen" prône "autorité, dialogue et confiance". Sa sobriété assumée, debout derrière un pupitre en réunion publique, ses exemples parfois datés, lui ont valu des critiques après les débats télévisés, face à des candidats plus remuants.
Je connais mon âge, l'important est de garder la même capacité d'enthousiasme.
Michel Barnier.
"Je connais mon âge, l'important est de garder la même capacité d'enthousiasme et d'indignation", assure l'ancien ministre (Agriculture et Affaires étrangères) de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui assure n'avoir "aucune fébrilité", même s'il s'efforce d'apparaître plus percutant.
Un "Biden" à la française ?
S'il séduit l'électorat âgé, l'ancien député aux convictions gaullistes parle aussi aux jeunes LR, et a réuni un millier de personnes pour sa dernière réunion publique, dimanche à Aix-les-Bains (Savoie).
"Michel Barnier n'a peut-être pas le charisme mais il a le potentiel", assurait fin octobre Jean, octogénaire, avant un meeting à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). "Ce type a une volonté, il trace sa route, il n'est pas du genre à faire des compromissions", renchérissait Luc, 51 ans.
Sa longue carrière politique, entamée en 1973, lui a valu un temps l'appellation de "Joe Biden à la française".
Un seul mandat
Distancé dans les sondages par Xavier Bertrand, Michel Barnier joue aussi de sa stature internationale, évoquant fréquemment la présidence française de l'UE à venir début 2022, ou étrillant les Britanniques sur l'immigration ou la pêche. D'où la stupéfaction suscitée par ses propositions de moratoire sur l'immigration le temps de "remettre à plat" les procédures, et de bouclier constitutionnel au nom de la "souveraineté juridique".
"Je n'ai aucune leçon d'engagement européen à recevoir", réplique le candidat, constamment ramené à ces propos. Promettant un seul mandat, il prône "un électrochoc en matière de sécurité publique et d'immigration", promet de baisser les impôts de production, veut rétablir quotient et allocations familiales, et défend une retraite à 65 ans