Candidat à l'investiture des Républicains pour la présidentielle 2022, le Savoyard Michel Barnier dresse un bilan sévère du quinquennat Macron mais tend une perche à Laurent Wauquiez. Rencontre dans son village pour l'émission Dimanche en politique sur France 3 Alpes.
Il n’est pas favori. Mais Michel Barnier croit dur comme fer en ses chances de succès. Il se dit même « très déterminé ». A 70 ans, le Savoyard, quatre fois ministre et ex-négociateur en chef du Brexit, espère bien rassembler la droite sous sa bannière en vue de l'élection présidentielle d’avril 2022.
A l’occasion d’un passage dans son fief de Saint-Martin-de-Belleville (Savoie), l’homme qui fut le chef d’orchestre des Jeux olympiques d’Albertville a reçu « Dimanche en Politique » pour un entretien en longueur sur sa vision de la France et du monde politique : « Tous les gens qui ont participé aux Jeux, les 8 000 volontaires, ont tous eu le sentiment de progresser individuellement, de s’améliorer personnellement, en participant à un succès collectif. C’est ça que je voudrais qu’on fasse pour la France ».
Premier objectif du candidat : se démarquer d’Emmanuel Macron, centriste et europhile comme lui. Mais en élu de terrain, en « homme de terroir », Michel Barnier dénonce l’exercice du pouvoir « trop solitaire » de l’actuel président. « La gestion de notre pays depuis quatre ans a été parfois péremptoire, a-t-il estimé. On aurait pu gérer la crise du Covid plus collectivement, comme on l’a fait en Allemagne par exemple. Rien n’oblige le président de la République à décider seul. Je vais gérer ce pays de manière plus collective et très différente ».
Wauquiez "jouera un rôle dans ce pays"
S’il critique durement Emmanuel Macron, Michel Barnier ne tarit pas d’éloges sur Laurent Wauquiez. L’actuel président de la région, qui a choisi de ne pas se lancer dans l’aventure élyséenne pour ne pas diviser davantage sa famille politique, est un homme « qui a fait un formidable travail dans cette grande région, un homme avec lequel j’ai une relation amicale et qui ne renonce jamais ». Et d’ajouter : « Il jouera un rôle dans ce pays, on a besoin de lui, on va avoir besoin de lui ».
Des louanges sans doute intéressées alors que Laurent Wauquiez n’a, pour l’instant, apporté son soutien à aucun candidat. Un soutien qui pourrait peser très lourd tant le Président de la Région est encore au centre du jeu au sein des Républicains.
De ses fonctions passées, Michel Barnier entend désormais tirer des leçons. Les leçons du Brexit, par exemple : « Le Brexit était improbable mais il s’est produit. Donc, je recommande de faire très attention. Mais si on ne tire pas les leçons du Brexit, on n’a rien compris. Il y a eu des erreurs, des fautes et de l’arrogance à Bruxelles. Il y a eu trop de pouvoir et d’administration qui ont pris la place du politique ».
Souveraineté des Etats sur l'immigration
Et pour l’ancien Commissaire européen, la première des leçons à tirer concerne l’immigration. Michel Barnier a récemment déclenché une vague d’incompréhension en Europe en proposant un moratoire de trois à cinq ans et en demandant que les Etats membres retrouvent leur souveraineté juridique en matière migratoire, à l’inverse des fondements de la construction européenne : « Le juge suprême, disait De Gaulle, c’est le peuple souverain. Pour gérer des questions concrètes, comme en matière d’immigration, nous n’avons plus la capacité de gérer par nous-mêmes. Il faut changer ce qui doit être changé pour que d’autres Brexit ne se produisent pas ».
Une fermeté sur les questions migratoires et européennes qui permettra sans doute au Savoyard, souvent présenté comme centriste et europhile, de se rapprocher de l’aile droite et de la base militante des Républicains. Un rapprochement nécessaire pour espérer l’emporter si le parti se décidait à organiser, lui aussi, une primaire afin de choisir son candidat.
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