Présidentielle 2022 : vu d'Italie, une élection entre "surprise Macron" et craintes pour l'Europe

Presque tous les grands quotidiens italiens ont accordé, ce lundi 11 avril, une large place aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle française. Pour cause : les dynamiques du vote ressemblent étrangement à celles qui pourraient déterminer le résultat des élections législatives italiennes, prévues l'an prochain.

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Si le duel du second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen barre la page de Une de quasiment tous les grands quotidiens italiens, ce lundi 11 avril, c'est que le scrutin français est observé, comme jamais, à la loupe par nos voisins italiens.

"Un défi pour l'Europe"

D'abord, car comme le titre ce matin le quotidien turinois La Stampa, ces élections françaises sont "Un défi pour l'Europe". Au moment où la guerre fait rage entre Russie et Ukraine et qu'une véritable solidarité européenne semble avoir commencé à émerger, le front anti Poutine se doit de faire bloc. Et si d'aventure, Marine Le Pen était élue dans deux semaines, nos voisins ont plus d'un doute sur sa capacité à s'insurger contre le "tsar" Poutine, dont les banques ont financé, il n'y a pas si longtemps, feu le Front National.

"Moscou mise sur Marine pour établir une nouvelle tête de pont dans sa bataille contre les sanctions", titre ainsi le quotidien romain La Repubblica.

Les éditorialistes transalpins du matin sont toutefois nombreux à exprimer leur surprise de voir le président français avoir réussi à arriver en tête du premier tour. Au point, même d'avoir creusé un petit écart avec sa concurrente. "La surprise Macron", ou "la poussée pour Macron", commente ainsi plusieurs quotidiens de centre droit. Pour sa part, Il Giornale, le quotidien de la famille Berlusconi, préfère, lui, titrer : "La guerre récompense Macron".

Mario Draghi préoccupé

Cela dit, malgré la surprise générale, aucun membre du gouvernement de Mario Draghi ne se risque à un quelconque pronostic sur le second tour. A part peut-être le ministre de la Santé italien, Roberto Speranza, qui affiche un optimisme quasi-béat pour la réélection du président français : "Les forces démocratiques unies mettront un stop à l'extrémisme de droite."

Fidèle à sa réputation d'homme mesuré, le chef du gouvernement italien, lui s'inquiète en silence. En habitué du grand écart qu'il doit faire chaque jour pour assurer un avenir à son gouvernement de large rassemblement, allant de "Ligue" d'extrême droite aux centres droit et gauche et jusqu'aux populistes du mouvement "5 étoiles". Parce que sa bonne entente avec le président français lui fait craindre une cohabitation européenne beaucoup plus compliquée avec une éventuelle présidente française populiste.  

"Pourquoi Macron doit vraiment craindre Le Pen", prévient même Il Giornale.

Une inquiétude reçue 5 sur 5 par le président du conseil italien. C'est que l'ombre de la souverainiste française plane sur les partis populistes de la péninsule.

Le tweet de Matteo Salvini (ci-dessus) est sans équivoque : un succès de Marine Le Pen, le 24 avril, mettrait sur orbite son alter ego italien dans la course aux "politiche" : les élections législatives prévues l'an prochain en Italie.

Et ce d'autant qu'en matière de danger populiste, Mario Draghi doit aussi se garder sur sa gauche. "Notre vision globale est très différente de celle de la droite conservatrice incarnée par Le Pen", expliquait ce matin l'ancien Premier ministre et leader du parti populiste "5 étoiles" Giuseppe Conte.

"Toutefois, nous sommes, comme elle, sensibles à certains points de son programme : la perte du pouvoir d'achat des Français par exemple. Son bon score nous enseigne aussi qu'elle a réussi parce qu'elle s'est moins concentrée sur des questions internationales que sur des thématiques nationales, comme la souffrance des familles et des entreprises."

Un jugement qui n'est pas sans rappeler que si la France et l'Italie partagent la même difficulté à être gouvernées, elles souffrent aussi de crises de société très voisines : vieillissement de leurs populations, délitement des services publics, insécurité, et aussi participation aux consultations électorales en berne...

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