A partir de ce mardi, les bulletins de 146 millions d'électeurs américains seront dépouillés. Pour les ressortissants expatriés dans les Alpes françaises et suisses, la tension est à son comble. L'identité du nouveau président des Etats-Unis ne devrait toutefois pas être connue dans l'immédiat.
Quitte ou double. Joe Biden ou Donald Trump. En substance, voilà le sentiment partagé par les 400 Américains affiliés Démocrates expatriés en Isère, Savoie et Haute-Savoie ce mardi, jour d'élection du nouveau président des Etats-Unis.
Alors que la plupart des ressortissants ont déjà envoyé leur bulletin, reçu il y a quarante-cinq jours, par correspondance, tous suivront avec gravité le déroulement du vote et du dépouillement de cette nuit. "Je commence déjà à regarder les infos ! assure Gretchen Pascalis, représentante des Democrats Abroad en Isère, Savoie et Haute-Savoie, installée à Chambéry et votant dans l'Etat du Maine. Nous avons organisé une soirée Zoom avec les Democrats Abroad de Grenoble, de 21 heures à 23 heures. Et de 23 heures à 7 heures, c'est Democrats Abroad France qui prend le relai. Cela nous permet d'être ensemble à distance."
"Trump mérite un nouveau mandat"
Côté suisse des Alpes, les Republicans Overseas n'ont pas organisé d'événement pour suivre en direct les élections, en raison des restrictions liées au Covid-19. Pour autant, le porte-parole du mouvement en Suisse, James Foley, suivra lui aussi les prochaines heures avec grand intérêt : "Je suis plutôt confiant : il faut voir la taille des foules venues voir Trump lors des rallyes ! Cela montre bien un enthousiasme très élevé."Depuis janvier, Démocrates et Républicains appellent au vote pour leur candidat respectif. La mobilisation de l'opposition au président sortant, Donald Trump, n'a pas faibli depuis la dernière élection. "Depuis 2016, on est vraiment dans des activités de résistance. On est actif sur toute la France. On aide les personnes de façon non-partisane, on facilite les inscriptions sur les listes électorales, car c'est assez compliqué, et on soulève des fonds pour le parti", précise Gretchen Pascalis.
Les Républicains, quant à eux, comptent sur le bilan "positif" de Trump en matière d'économie : "Après quatre ans de bonnes choses pour le pays, il mérite un nouveau mandat. On a une bonne économie, de bonnes réformes fiscales. Et puis, Biden est le pire des candidats", estime James Foley.
"Ce n'est pas une élection classique : les enjeux sont très importants"
En ce jour d'élection où rien ne semble encore joué, les électeurs Démocrates sont mitigés : "Nous sommes confiants. Mais en 2016, nous l'étions aussi. Nous avons eu une grosse surprise négative. Nous sommes donc également inquiets. Car ce n'est pas une élection classique : les enjeux sont très importants, souligne Gretchen Pascalis. Il risque d'y avoir des émeutes. Trump pourrait ne pas reconnaître le résultat. Les commerçants à Washington commencent déjà à barricader leurs boutiques. L'ambiance est très tendue."Côté Républicain, si inquiétude il y a, elle concerne selon eux de potentiels risques de fraude de la part de leurs adversaires politiques. "L'élection se tient à moins de 50 000 votes, c'est peu", insiste James Foley. Argument dont pourrait s'emparer Donald Trump, ouvertement opposé au vote par correspondance, pour contester l'élection en cas de résultats serrés.
Wow! 100,000 Mail In Ballots in New York City a total MESS. Mayor and Governor have no idea what to do. Big Fraud, Unfixable! Cancel Ballots and go out and VOTE, just like in past decades, when there were no problems!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 30, 2020
"Si le résultat est net en faveur de Joe Biden, les Républicains calmeront le jeu. Si c'est plus serré, ils essaieront de faire traîner les choses. Mais, selon moi, le plus grand risque est celui d'une action sporadique extrémiste : un Américain qui décide de contester le résultat en tirant dans une foule avec un fusil d'assaut, ça peut totalement se produire", avance Lauric Henneton, spécialiste de la politique américaine, interrogé par franceinfo.
Les quelques 100 000 Américains installés en France ainsi que leurs compatriotes pourraient toutefois ne pas connaître cette nuit le résultat définitif de la présidentielle. Outre les délais de traitement des votes par correspondance, il faudra attendre la participation des grands électeurs, le 14 décembre, pour entériner le scrutin.