Ce lundi 30 mai, Manuela Gonzalez, surnommée la "veuve noire" de l'Isère, a de nouveau été condamnée à 30 ans de réclusion criminelle. C'est la cour d'assises de la Drôme qui était saisie pour ce procès en appel. Son avocat annonce un pourvoi en cassation.
Manuela Gonzalez, 55 ans, est donc reconnue coupable d'avoir tué Daniel Cano, découvert en 2008 à l'arrière de son véhicule brûlé. L'enquête avait conclu à un incendie volontaire et les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de trois somnifères dans le sang de la victime.
Les jurés de la Drôme ont répondu majoritairement oui aux 4 questions qui leur étaient posées.
En première instance, en 2014, Manuela Gonzalez, épouse Cano, avait déjà été condamnée à 30 ans de réclusion malgré l'absence de "preuves évidentes".
Deux des anciens compagnons de l'accusée ont déjà péri de mort violente et deux autres ont été intoxiqués, d'où son surnom de "veuve noire" que contestent ses avocats.
De l'accusée, ils ont donné une autre image, décrivant une famille "harmonieuse", en couple depuis près de 20 ans, où chacun s'occupe de l'enfant de l'autre. Ils ont présenté une veuve affectée par la mort de son mari, même s'il y avait des tensions, même si elle était endettée et "déprimée". On lui reproche de ne pas avoir pleuré aux obsèques "alors qu'elle pleure, mais pas de manière publique", assure Me Ronald Gallo.Je souffre de la perte de mon mari"
"Je souffre de la perte de mon mari" et "si je ne pleure pas on me juge froide (...) si je pleure on dit que je fais la comédie", a confié l'accusée, entre deux sanglots.
"Oui, elle ressemble à une coupable" mais "les évidences sont des contre-vérités" et "le mobile est un leurre", a asséné Me Gallo.
En face, le fils de Daniel Cano, écoutait, les poings serrés.
Reportage Marion Feutry, Yves-Marie Glo et Laëtitia Di Bin
Une "menteuse en série"
Manuela Gonzalez est une "menteuse en série" pour qui "l'argent est le nerf de la guerre", a lancé l'avocat général en dressant un portrait sans concession de l'accusée, qui comparaissait libre. Elle avait été relâchée en septembre après cinq ans de détention, en partie provisoire, la justice estimant que le délai entre son premier procès et l'appel était trop long.Pour l'avocat général, le mobile était "criant de vérité": l'argent. Des problèmes avec l'auto-école, l'addiction aux jeux.
Même analyse pour les avocats des parties civiles: "il faut tuer Daniel Cano (...) parce que dès qu'il sera mort, l'assurance du crédit hypothéqué marchera" et ce sera "165.000 euros de gagné", a plaidé l'un d'eux, Me François Leclerc, évoquant aussi l'héritage de la maison, les apports d'une assurance-vie et d'un contrat de prévoyance.
"Il ne faut pas que ce soit un suicide sinon tout tombe à l'eau", donc "encore de la drogue et encore du feu", a justifié l'avocat en référence au destin des anciens compagnons de l'accusée.