Les plaidoiries se sont poursuivies tard le mercredi 24 avril au tribunal correctionnel de Grenoble. L'avocat général a requis des peines jugées lourdes par les avocats des deux prévenus, qui ont demandé la relaxe de leurs clients.
D'après Me Pierre Albert, (l'avocat de Mohamed Berrahal, le réceptionniste) et Me Florent Girault,( avocat d'Ali Ben Ali, le gérant de l'hôtel du Dauphiné), leurs clients n'étaient pas au courant de ce qui se produisait dans l'établissement. Pourtant, d'après les constatations policières, une à trois passes par jour avait lieu à l'hôtel du Dauphiné.
"Mon client s'inquiète de la situation", explique Me Albert, "mais on lui dit que seul le racolage est interdit. Alors il ne se cache pas et se croit en devoir de recevoir les prostituées du moment qu'il n'y a pas de racolage. Il sait que la police contrôle à la sortie de l'hôtel. Si quelqu'un avait le sentiment d'être en effraction, il changerait immédiatement de comportement".
Le recueil des témoignages est compliqué, le réceptionniste ne sait ni lire ni écrire, il parle mal le Français, il faut un traducteur. Quant au gérant, qui possède aussi une grande partie des parts des deux hôtels qu'il gère, il parle parfaitement la langue. Son avocat Me Girault insiste, "on nous parle de 'tolérance habituelle' de la prostitution, mais quand les faits se sont produits, mon client n'était pas présent. Il reste à établir qu'il a donné des instructions en ce sens, ou qu'il y a avait un commun accord".
Le ministère public parle lui de "deux profiteurs", et insiste sur le flou qui entoure les sommes que déclarent les prévenus. Les deux hommes vivaient semble-t-il avec 636 euros de salaire mensuel. Ils ne retiraient jamais de liquide. La justice s'interroge sur l'argent qui a servi à faire le plein de la mercedes du gérant par exemple, ou tout simplement celui avec lequel ils faisaient leur courses.
Autre doute, les prix fluctuants des 13 chambres de l'hôtel, prix fixé pourtant à 43 euros. Mais apparemment, les sommes changeaient "en fonction des clients de passage".
Pour proxénétisme les peines encourues peuvent aller jusqu'10 ans de prison et 750.000 euros d'amende. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 15 mai.