Le premier tour des élections départementales et régionales aura lieu le dimanche 20 juin. Ce vendredi, soit deux jours avant l’échéance, dans certaines communes du Puy-de-Dôme, les électeurs n’ont reçu ni les professions de foi des candidats, ni les bulletins de vote.
« Je n’ai jamais vu ça », regrette Frédéric Saby, maire (SE) de La Goutelle, un petit village de 600 âmes au cœur des Combrailles (Puy-de-Dôme). Plusieurs habitants l’ont alerté : deux jours avant les élections départementales et régionales, dont le premier tour aura lieu le dimanche 20 juin, ils n’ont toujours pas reçu leurs documents électoraux. « C’est complètement inhabituel avant un premier tour. On recevait jusque-là nos plis électoraux environ 15 jours avant la date du scrutin et là, il n’y a absolument rien », dénonce le maire. Les électeurs du village s’inquiètent de cette absence : « On est régulièrement sollicités par les habitants qui se posent des questions. Pour moi c’est une situation totalement inhabituelle et, effectivement, les gens s’inquiètent. Un certain nombre d’électeurs, au moment où on se parle, ne savent pas forcément pour qui ils vont voter et les professions de foi, les bulletins de vote qu’on reçoit habituellement par les plis électoraux, c’est important dans cette décision », explique Frédéric Saby.
La question de la participation
Il craint que ce retard ne fasse baisser le taux de participation dans sa commune : « Il ne faudra pas s’étonner de problématiques d’abstention. La question qu’on peut se poser aussi, c’est si derrière, ça ne peut pas être l’occasion de contester les résultats de l’élection. » L’absence des plis électoraux dans certaines boîtes aux lettres ne s’arrête pas à sa commune. Il est membre de la communauté de communes de Chavanon, Combrailles et Volcans, et selon lui, plusieurs autres maires se trouvent face à des retards similaires. C’est le cas de Cédric Rougheol, maire de Puy-Saint-Gulmier : « Tout le monde s’inquiète un peu que le matériel de vote n’arrive que samedi, voire lundi. Ca va heurter davantage les personnes âgées, je pense, qui avaient l’habitude de préparer leur bulletin et de lire les informations avant d’aller voter pour choisir définitivement leurs candidats. » Il craint également que l’absence du matériel de vote n’amplifie l’abstention. Selon Frédéric Saby, des retards auraient aussi été constatés à Bourg-Lastic, Messeix, Herment et Prondines.
La préfecture reconnaît des "anomalies"
« On a demandé des informations et on n’a pas de retour de la préfecture du Puy-de-Dôme », précise Frédéric Saby. Contactée, la préfecture indique : « Il y a 47 millions d'électeurs en France et donc autant de plis à acheminer dans un laps de temps court. Il y a donc à chaque élection des anomalies qui, pour regrettables qu'elles soient, ne concernent en valeur absolue qu'un nombre restreint d'électeurs. » La préfecture rappelle également qu’un nouvel opérateur est en charge de la distribution des plis électoraux en plus de La Poste. Pour Cédric Rougheol, ne pas confier le marché à La Poste n’était pas une bonne initiative : « La société privée n’est peut-être pas en capacité de faire les choses, en tout cas nous, on ne voit rien arriver sur le secteur. Je pense, à titre personnel, qu’on aurait dû garder ça dans le giron du service public. »
L'acheminement des plis "encore en cours"
La préfecture tient à rassurer les électeurs : « Les contacts avec les deux titulaires (NDRL : les entreprises en charge de la distribution) sont très réguliers au niveau des préfectures comme de l'administration centrale. Dès lors, lorsque des difficultés sont remontées, le Ministère de l'intérieur demande systématiquement aux deux titulaires des explications et des actions correctives. » Les plis devraient donc arriver prochainement dans les communes oubliées : « Dans le Puy-de-Dôme, les mises sous plis se sont achevées le 8 juin 2021. Elles ont été récupérés, dans le même temps et au fil de l'eau, par les prestataires afin que ces derniers procèdent à leur distribution. Cet acheminement est aujourd'hui encore en cours. »
"On a toujours un peu le sentiment d’être la dernière roue du carrosse"
« Dans les territoires ruraux, on a toujours un peu le sentiment d’être la dernière roue du carrosse. On a vu la disparition de tout un tas de services publics depuis des années. Effectivement, on a vite fait le raccourci de se dire qu’encore une fois, on est défavorisés et oubliés. C’est le ressenti de nos habitants en tout cas », regrette Frédéric Saby. Quant à Cédric Rougheol, qui se présente lui-même aux élections départementales, il n’a toujours pas reçu sa propre profession de foi. Il est candidat de l’Union des Républicains sur le canton de Saint-Ours aux côtés d’Audrey Manuby. Face à eux :
- Alain Caze et Magali Lyaudet-Andrieu, candidats pour l'Union départementale de la gauche,
- Jean-François Chatard et Isabelle Madelrieux, candidats du Rassemblement National
- Emilie Heugas et Vladimir Longchambon, candidats Divers Droite