Dans le Puy-de-Dôme, la filière fromagère du saint-nectaire n'a pas échappé à la crise causée par la pandémie. Certains petits producteurs ont quand même réussi à limiter les dégâts en faisant preuve d'imagination ...
Comme pour beaucoup de professionnels, le confinement a été difficile pour les producteurs de saint-nectaire. Pourtant, les situations sont très variables d’une exploitation à l’autre.
Au GAEC des Violettes situé à Aurières (Puy-de-Dôme), 40 vaches permettent une production quotidienne de 60 fromages. Ici, l’annonce du confinement a brutalement stoppé l’activité de Jean-Valère Randanne : “On recevait des scolaires et malheureusement avec la fermeture des écoles ça a été terminé. Les marchés ont été fermés aussi, les clients ne venaient plus sur l'exploitation. Ca a été pour nous un stop total.”
Pour garder l'entreprise à flot, le producteur a dû imaginer d’autres débouchés. “Il a fallu sortir de notre zone de confort, changer nos habitudes. Il a fallu aller livrer des clients directement chez eux. Il y a aussi un groupe cagette.net qui s’est créé sur Orcines et un drive fermier au marché Saint-Joseph de Clermont-Ferrand qui nous ont permis d'écouler nos produits."
Malgré tout, il a fallu faire baisser la production de 30 %, tarir certaines vaches, en vendre d’autres. Mais aujourd’hui, Jean-Valère Randanne estime avoir plutôt bien surmonté l’épreuve. “On s'en sort pas trop mal. Il y a des collègues qui sont en difficulté plus que nous. On est une petite exploitation, ça peut expliquer cela. On a plus de facilité à maîtriser notre production et la vente. Mais il a fallu aller chercher le client !” Si bien qu’aujourd’hui, l’entreprise fonctionne à flux tendu.
A quelques kilomètres, sur la commune de Murol, le GAEC de Chautignat a lui aussi dû faire preuve d’imagination. “Les quinze premiers jours ont été terribles !” se souvient Séverine Pérol. “Sur le moment, on s'est demandé ce qu'on allait faire des fromages.”
Heureusement pour cette productrice, les vacances de février avaient fait fondre les stocks et les fromages n’étaient pas trop affinés. Mais il fallait quand même trouver un débouché pour les 120 saint-nectaires produits quotidiennement, sachant qu’il ne fallait plus compter sur les touristes du château de Murol, tout proche et fermé. La solution est venue du carnet d’adresses de la famille : “Mon fils a contacté tous ses amis pour leur demander s'ils voulaient acheter des fromages avec possibilité de les livrer. Nous avons eu une belle petite commande, nous avons emprunté le “Saint-Nectaire Truck" à l'interprofession et nous sommes partis livrer nos fromages jusqu'en Haute-Loire, en Ardèche et en Lozère.” Le succès est là : la première livraison voit partir 150 fromages, la deuxième monte à 300 et à la troisième à 400. “Ça nous a permis de ne pas trop stocker de fromages et de ne pas les garder trop longtemps. Nous n'avons pas de fromage à détruire, ce qui est plutôt bien contrairement à certains de nos collègues pour qui ça a été plus compliqué. Nous avons aussi mis en place un système pour envoyer les fromages par "chronofresh" à des clients qui sont loin.“Mon fils a contacté tous ses amis pour leur demander s'ils voulaient acheter des fromages
Toutes ces initiatives ont payé. Aujourd'hui, Séverine Pérol peut souffler : “Nous n’avons pas trop souffert de la pandémie mais il fallait vraiment se bouger !”