Un père de 31 ans, accusé d'avoir violemment secoué son nourrisson alors âgé d'un mois et demi et aujourd'hui lourdement handicapé, a été acquitté mercredi 15 mai par la cour d'assises du Puy-de-Dôme, au terme de trois jours d'audience.
Pour les jurés, il "n'existe aucune certitude sur le fait" que Christophe S., accusé d'avoir violemment secoué son nourrisson, "soit l'auteur des violences" commises sur l'enfant, a déclaré le président de la cour d'assises du Puy-de-Dôme Étienne Fradin à l'énoncé du verdict, mercredi 15 mai. L'accusé, qui comparaissait libre, a alors éclaté en sanglots.
Persuadée que cet homme, militaire au sein du 28e régiment de transmissions d'Issoire, "n'avait pas su gérer les pleurs de son enfant", l'avocate générale Françoise Chadefaux avait requis une peine de huit ans de réclusion criminelle.
L'enfant souffre aujourd'hui de retards intellectuels et physiques
La nuit du 21 avril 2012, vers 23H00, l'accusé et sa compagne avaient conduit leur fils Ilhyann aux urgences pédiatriques du CHU Estaing de Clermont-Ferrand. Depuis près d'une heure, le nourrisson pleurait de manière anormale et n'ouvrait plus les yeux, avant de convulser à l'hôpital.
Aujourd'hui âgé de 7 ans, l'enfant souffre aujourd'hui de retards intellectuels et physiques ainsi que de troubles psychiques et psychiatriques importants.
A l'hôpital, Christophe S. avait expliqué aux médecins avoir "fait ce qu'il fallait pour calmer" l'enfant en mimant les gestes qu'il avait effectués "de haut en bas". Il a été placé le lendemain en garde à vue suite à un signalement des praticiens.
Lors de l'enquête, l'accusé avouera à cinq reprises avoir "secoué quelques secondes" son nourrisson. Avant de se rétracter sept mois plus tard, expliquant avoir menti en raison de la pression des enquêteurs.
A la barre, ce solide gaillard, présenté par son entourage comme un "papa-poule, calme et posé" a de nouveau nié farouchement avoir commis des violences sur Ilhyann. "J'ai dit n'importe quoi, je sais que j'ai fait les bons gestes" a-t-il déclaré, avant d'accuser finalement son ex-compagne.
"Je suis persuadé dur comme fer que c'est la maman. Il ne fait aucun doute que c'est elle, vu ses mensonges de toutes parts", a martelé l'accusé. "Depuis le début, les deux (parents) devaient être placés en gardes à vue", a poursuivi son conseil, Me Virginie Dessert, soulignant que les rapports des experts ne corroboraient pas les déclarations de son client.
De son côté, la mère de l'enfant, une ancienne femme de ménage, a demandé "la vérité". "Je sais que c'est pas moi, donc c'est lui, c'est sûr", a déclaré la jeune femme. Mise sur la sellette à l'audience, elle n'a jamais été suspectée par la justice.
Après le drame, elle avait continué de vivre avec le père de l'enfant, "Jamais pendant cette période, M. S. ne l'a mise en cause (...) Ce bébé, elle en avait envie depuis des années, elle l'adore, elle est aux petits soins. Il n'y a aucune raison qu'elle fasse un tel geste", a fait valoir Me Josette Dupoux, défendant sa cliente, également en pleurs à l'énoncé du verdict.