Avant de devenir producteur de fourme d'Ambert, à Valcivières, dans le Puy-de-Dôme, Antoine de Boismenu a été, pendant plus de 15 ans, cadre d'entreprise et conseiller juridique. Un jour, il décide de changer de vie. Portrait.
A 49 ans, il a quitté les couloirs du Parlement européen pour les allées d'une étable. Antoine de Boismenu est un ancien cadre d'entreprise de la région parisienne devenu depuis producteur de fourme d'Ambert à Valcivières, dans le Puy-de-Dôme.
« Certains vous diront qu’à un moment on peut péter les plombs en étant à Paris, en étant assujetti à cette vie de métro, boulot, dodo. Ce n’était pas mon cas, j’adorais ce que je faisais mais j’avais aussi trouvé que j’en avais fait le tour », explique-t-il.
« Tous les jours, je regarde mon étable en me disant : ce sont mes vaches ! Et ça me fait quelque chose parce que c’était tellement un rêve, un rêve inatteignable car ce n’était pas ma formation, mon enfance, mon milieu d’origine. Quand j’ai commencé je me suis dit que ce n’était pas possible de réussir ».
C'est en 2007 qu’Antoine de Boismenu décide de se lancer dans la production de fourme d'Ambert. Tout a commencé par un coup de foudre, il y a très longtemps. Antoine passait alors ses vacances scolaires en Haute-Loire. Des souvenirs qui l’ont marqué.
« Je n’avais l’impression de vivre que pendant les vacances, quand je me retrouvais à la ferme avec les animaux, les vaches, les travaux des champs, etc. Je crois que c’est là que j’ai contracté le virus en me disant que je ne pouvais pas faire autre chose que ça. C’était plus un rêve qu’un projet. Du coup, mes parents m’ont dit : C’est très bien mais tu vas faire ton droit et on verra après ».
Je n’ai vraiment pas de regrets mais si c'était à refaire...
Antoine va poursuivre ses études qui le mèneront à arpenter, plus tard, les couloirs des ministères et du Parlement européen. Il débute sa carrière comme conseiller juridique puis devient cadre dans plusieurs organisations agricoles.
« En une quinzaine d'années, j’ai eu la chance d’occuper des postes à responsabilité. Je me suis retrouvé à faire des plateaux TV, des radios. Je me suis rendu compte à quel point c’était passionnant mais ce n’était pas non plus très structurant. C’est un peu factice. Donc je voulais être dans le « faire », dans la réalisation d’un projet, d’un produit de l’herbe à l’assiette du consommateur», raconte-t-il.
Pour en arriver là, il a suivi 9 mois de formation et bénéficié d'aides à l'accompagnement pour la création d'entreprise. Aujourd'hui, Antoine de Boismenu produit 8 tonnes de fromage par an. Un changement de vie qui n’a pas été aussi simple qu’il peut y paraître.
« Je n’ai vraiment pas de regrets mais si c'était à refaire, en revanche, je ne suis pas sûr que je le referais parce que c'est compliqué, c’est très compliqué. S’installer comme ça, changer complètement d’orientation, de métier c’est quelque chose de difficilement surmontable.
On passe d’un boulot d’intérieur, très relationnel avec des interlocuteurs qui sont en général plutôt rationnels à un boulot qui est plutôt d’extérieur, complètement manuel avec des animaux qui ne sont pas du tout rationnels, dont on ne sait pas du tout comment ils vont réagir. Et tout cela avec une clientèle qui obéit à des règles auxquelles on n’a pas l’habitude forcement de s’assujettir".
Malgré les difficultés, Antoine entend poursuivre sa nouvelle aventure pendant au moins les 15 prochaines années.