"C'est une reconnaissance de nos enjeux mais attention à ne pas devenir des territoires sous cloche" : le plan France Ruralités vu depuis l'Auvergne

"France Ruralités", c'est le plan dévoilé jeudi 15 juin 2023 par la Première ministre, Elisabeth Borne. Un plan en 40 mesures, regardé avec attention depuis l'Auvergne et la commune de Murol dans le Puy-de-Dôme.

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« La ruralité est une chance pour notre pays. » C’est la conviction d’Elisabeth Borne, Première ministre, concernant les campagnes dans une interview au Figaro. Jeudi 15 juin 2023, elle a dévoilé le plan France ruralités lors d’une visite dans la Vienne.

A Murol dans le Puy-de-Dôme, les habitants ne sont pas loin de penser de même. « Nous sommes un peu loin de la vraie ville mais nous sommes bien lotis ici », constate une jeune femme. « Nous avons des commerces qui tournent toute l’année, des restaurants, des médecins. » Un jeune homme, employé à Super-Besse, récemment installé sur la commune confirme : « Ici, nous ne sommes pas les plus à plaindre. »

Murol, petit ville touristique, ne souffre pas trop de désertification. Le jeune homme déplore seulement le manque de transports en commun pour se rendre à Issoire ou Clermont-Ferrand ou le réseau internet insuffisant.

Un restaurateur, lui, aimerait plus de logements pour que ses salariés s’ancrent au pays. Il rêve également d’un festival de théâtre de rue. « C’est sûr, ce n’est pas facile non plus. Il faut une volonté municipale ou individuelle pour organiser un tel événement. »

Doléances

Mais quand Murol se réjouit, combien de villages se lamentent ? Problème de transport, de logement, d’accès aux soins, aux services publics, aux emplois, les doléances du monde rural sont longues. « Les territoires ruraux, ce sont 88 % du territoire et 33 % de la population », détaille Sébastien Gouttebel, maire de Murol et président de l’association des maires ruraux du Puy-de-Dôme.

Le plan « France Ruralités », dévoilé par Elisabeth Borne, va se jouer en 40 mesures.

La première, ce sera « Villages d’avenir ». 100 chefs de projet installés en préfecture ou sous-préfecture pour aider les communes à réaliser leurs projets et à passer des idées aux réalisations. « Souvent, on manque de la première ingénierie qui permet de déclencher la suite », indique Sébastien Gouttebel. « Du fait de la taille de nos communes, nous n’avons pas le service dédié. »

L’élu auvergnat se félicite également que « sur le plan scolaire, une visibilité de 3 ans sur la fermeture de classe » ait été accordée.

Reconnaissance

La Première ministre accorde également aux petites communes une augmentation du fonds « Biodiversité ». Il passe de 42 à 100 millions d’euros pour les aider à entretenir leurs espaces naturels protégés ou non. « C’est la reconnaissance de nos enjeux », continue-t-il. «  Nous travaillons sur la protection des ressources, la qualité de l’eau, la qualité de l’air et tout cela doit se rémunérer à terme de façon à ce que nous ayons de nouvelles richesses qui viennent abonder nos collectivités. »

Et pour le quotidien des habitants, 100 médico-bus vont être répartis sur le territoire pour pallier l’absence de médecins quand l’ouverture de commerces va être encore plus soutenue. L’Etat veut également aider les propriétaires à rénover leur logement ou faciliter les déplacements sans utiliser la voiture.

Sous cloche

Du positif donc pour l’élu qui a participé cet automne à l’élaboration des volets « habitat, logement et mobilité » du plan. Et une pointe d’inquiétude. Sébastien Gouttebel réclame une cohérence des politiques publiques. Tandis que la Première ministre lance son plan « France Ruralités », le Parlement étudie une loi qui imposerait 0% d’artificialisation des terres agricoles d’ici 2050. « Il ne faut pas que nous devenions un territoire sous cloche où on se contente de préserver la qualité de l’air, de l’eau et de l’environnement. Il faut aussi que nous ayons des droits aux projets. »

 Cette loi, si elle était votée, imposerait que déjà d’ici 2031 les permis de construire soient divisés par deux. « Il deviendra quasiment impossible de construire », prévient Sébastien Gouttebel. Avec le risque d’accroître notamment les difficultés de logement à la campagne, d’empêcher l’installation d’entreprises et la création d’infrastructures.

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