10 ans après, Aurélien Rougerie se souvient du premier titre de champion de France de l'ASM

Dix après le premier titre de l'ASM Clermont Auvergne en championnat de France, Aurélien Rougerie aurait bien voulu fêter ça, mais le confinement n'a pas permis d'organiser les retrouvailles. Il nous livre ses souvenirs de cette finale gravée dans l'histoire du rugby auvergnat.

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A Clermont-Ferrand, tout le monde se souvient du 29 mai 2010, de ce jour où le club de rugby de la ville, l'ASM, a remporté son premier titre après près d'un siècle d'attente. 

Pourtant, quand on lui demande de plonger dans ce souvenir, ce qui revient d'abord dans la voix de l'ancien capitaine Aurélien Rougerie, ce sont tous les matchs qui ont précédé et qui ont permis d'arriver jusque là. "Tout n'a pas été parfait dans la saison, mais je crois qu'après le quart de finale contre le Leinster où ça a été difficile et où on a loupé beaucoup de points, on s'est remobilisés. On est arrivés troisième. Il y a eu le match de barrage contre le Racing qui était à couteaux tirés, c'était compliqué tout comme le match contre Toulon. On était face à des adversaires très valeureux, plus de 100 minutes avec les prolongations, c'était un match d'anthologie. Là, ça a été aussi assez difficile avec notamment un stade Geoffroy Guichard vraiment chauffé à blanc, les prémices de la Yellow Army ... Ça, c'est un souvenir prenant !"

"Il y a aussi ce match contre Biarritz juste avant les phases finales où Mario (Ledesma NDLR) se fait une entorse. Il peut pas participer au quart de finale contre le Racing. Tu as Flochy (Anthony Floch NDLR) aussi qui est un peu sur le flanc et du coup je fais le quart à l'arrière, un poste où j'ai absolument pas l'habitude de jouer. Dans tout ce processus, il y avait des choses qui changeaient, on essayait certains trucs. Ça, c'est aussi un souvenir marquant."

Souvent on avait été déçus, alors, il fallait faire attention.

Au bout de ce processus, l'ASM parvient à se qualifier en finale.  "On s'était préparé toute la semaine, on s'est dit toute la semaine que c'était pour nous. Mais souvent on avait été déçus, alors, il fallait faire attention."

Sur la pelouse du stade de France, Aurélien Rougerie s'assure que ses camarades de jeu sont dans la bonne dynamique. "Pendant la finale, j'étais sans arrêt dans la prise de température du groupe pour savoir comment ça allait, je demandais à Thibault (Privat NDLR), à Mario, à des garçons confirmés, à Jubon (Julien Bonnaire NDLR), à Jupi (Julien Pierre NDLR). On avait aussi les leçons de l'année d'avant contre Perpignan où ça avait été très dur. Ils nous avaient pris sur l’agressivité terrible, et on les voyait encore cette année-là face à Toulouse les concasser en mêlée ... C'était l'équipe très en forme sur ses dernières saisons ... Ça promettait d'être chaud et ça l'a été !"

j'ai pris mes responsabilités d'entrée de jeu

"J'ai cherché toute la semaine un subterfuge pour essayer de les prendre sur l'agressivité et ça a pas loupé. Tout le monde comptait sur Mario, sur Jamie (Cudmore NDLR) pour lancer les hostilités, j'ai pris les devants, j'ai pris mes responsabilités d'entrée de jeu sur une finale. Il (l'arbitre NDLR) n'allait pas me mettre un rouge à la première ou à la deuxième minute de jeu quand je suis un peu virulent en bout d'aile ! Le match était lancé. Je crois que tous mes partenaires l'avaient bien compris !"

Un peu plus de 80 minutes plus tard, l'arbitre siffle la victoire des Auvergnats. "Au coup de sifflet final, évidemment, on se congratule, on se saute dans les bras, on courait partout, on n'osait pas y croire tout à fait ! Il y en a qui n'ont pas réalisé de suite, qui ont attendu un peu ! C'était un moment d'émotion intense, c'est une certitude. A la fin, j'ai ce bouclier dans les mains, avec tout le monde, on a monté ces fameuses marches, on le soulève tous ensemble avec les paillettes jaunes, tout le monde en liesse... C'était un moment intense." D'autant plus intense que c'est le premier bouclier pour l'ASM.  "Tu cours après ça toute ta carrière. Il y en a qui sont passés devant sans même le regarder, sans même le toucher. Mon propre père en fait partie, c'est dire l'importance du truc ! Et puis, il y a tous ces gens qui attendaient depuis tant d'années, qui te disaient chaque année "c'est la bonne, c'est la bonne" et on n'y arrivait pas ... On trébuchait à chaque fois sur cette dernière marche, on regardait les autres monter sur l'escalier au stade de France et lever le bouclier, à force, c'était rageant ! Je crois qu'il y a eu une vraie force de caractère à ce moment-là de ce groupe qui était plus qu'à maturité. Il y avait des garçons comme Ledesma, 38 ans, Thibault pareil qui arrivait en fin de carrière … On avait toutes les cartes en main pour gagner, il fallait absolument gagner et c'était vraiment le moment pour ce groupe, pour ces gens, pour tous les sacrifices qu'on a pu faire."

Les gens couraient derrière le bus à impériale. C'était un truc de dingue.

Les souvenirs ne s'arrêtent pas le soir du match. Le lendemain, le retour en train à Clermont-Ferrand est resté lui aussi gravé dans la mémoire des joueurs. "On devait s'arrêter à Riom, finalement, on s'est arrêtés à Gerzat. On est descendus là parce qu'apparemment, c'était là qu'il y avait le moins de monde. C'était bien la fête dans le train, déjà mais je crois que là, voir tout ce monde, ça nous a coupé un peu le sifflet. On a commencé à se rendre compte vraiment de l'importance du truc." Pour rejoindre le centre-ville le bus des joueurs doit se frayer un chemin à travers une marée humaine. "Arrivés au stade, c'était déjà plein de monde. Les gens couraient derrière le bus à impériale du stade jusqu'à la place de Jaude. C'était un truc de dingue. Et puis on arrive sur la place de Jaude où tout le monde nous attendait. Là, c'était un drôle de souvenir. Je pensais jamais voir un jour comme ça, une telle liesse, une telle joie tous rassemblés sur cette belle place."

10 ans après, pourtant, ce souvenir ne remonte pas tous les jours à la surface. "On n'y pense pas souvent. Là, on y pense beaucoup parce que c'est l'anniversaire, les 10 ans ! J'avais d'ailleurs impulsé avec le président et la collaboration d'Aurélien Perrin un petit anniversaire pour le dernier match de la phase régulière qui devait avoir lieu contre Toulouse ce week-end. C'est tombé à l'eau, mais on avait contacté pas mal de mecs, tous ceux qui étaient dans le groupe à cette époque et qui avaient répondu présents pour faire une petite java à Clermont et renouer avec nos supporters."

René Fontès, le maître d'oeuvre

Quand il se remémore cette finale, Aurélien Rougerie a aussi une pensée émue pour René Fontès, alors président de l'ASM. Il a œuvré pour que le club ait une ouverture et une expansion qu'on ne soupçonnait pas. Il a su prendre les risques économiques, financiers pour agrandir le stade, pour faire ces tribunes, pour que le staff prenne une autre dimension sur le terrain et en dehors. C'était des choses risquées à faire à ce moment-là, le rugby professionnel était un peu bancal, on ne savait pas trop comment ça allait tourner et je crois qu'il était un peu visionnaire là-dessus. On a une grosse pensée pour lui, c'était un peu le maître d’œuvre, le cocher, le chef d'orchestre, le fer de lance de tout ça."

Dans le groupe de l'époque, la saison du titre a tissé des liens. "Il y a ce lien invisible qui t'unit. Que ce soit avec des garçons qu'on a peut-être moins vus comme Benoît Cabello qui rentre à trois minutes de la fin en prolongations (lors de la demi-finale NDLR). On est à cinq mètres de notre ligne. Si Toulon marque, on perd. Il rentre, et sur une touche, il fait un lancer avec Julien Bonnaire (qui permet à l'ASM de l'emporter NDLR). Ce sont des choses comme ça qui te rappellent que tout le monde était au diapason et tout le monde était là pour servir l'équipe." Si l'anniversaire n'a pas pu être fêté cette année, Aurélien Rougerie ne doute pas qu'il pourra l'être plus tard." Dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans, il y aura toujours cette atmosphère, ce même lien indescriptible qui nous lie et on sait qu'on a partagé ça et c'est énorme."
 
 
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