Malgré des appels quotidiens au 115 qui gère les hébergements d'urgence, des familles sont toujours sans logement à Clermont-Ferrand. Vingt personnes ont été mises à l'abri de façon très provisoire sous des tentes par le Secours Populaire, depuis début septembre : une situation intenable pour leurs 14 enfants qui chaque matin prennent le chemin de l'école.
A Clermont-Ferrand, depuis le 3 septembre, 14 enfants dorment chaque nuit sous des tentes installées sur un terrain municipal, à la porte des locaux du Secours Populaire. L’association voudrait voir disparaître ce campement le plus vite possible. Une femme hébergée sur ce campement souligne : « C’est une situation difficile. Pour nous, ce n’est pas grave. C’est plus dur pour les enfants. Ils vont à l’école et après ils sont fatigués. La maîtresse m’a dit que ma fille était très fatiguée et qu’elle a dormi en classe ».
"Pas un enfant à la rue"
L’enfant le plus petit a 3 ans et demi, la plus grande est lycéenne. Le Secours Populaire leur donne des repas et leur laisse l’accès à ses toilettes. Le camion douche de la ville assure l’hygiène de base. Nicole Rouvet, secrétaire générale du Secours Populaire 63, explique : « Il faut qu’on m’explique comment on peut dire qu’ils sont obligés d’aller à l’école mais qu’ils font les devoirs sur le trottoir. Là, il y a quelque chose que je ne peux pas comprendre. C’est simplement sur cette base qu’on dit : "Pas un enfant à la rue" ».
Des familles découragées
Dans le Puy-de-Dôme, il y a plus de 1 800 places d’hébergement en appartement ou en hôtel. Mais toutes sont occupées par des personnes en attente de solution, pour un logement ou pour un travail. Fabien Couderc, responsable logement et hébergement d'urgence du Secours Populaire 63, indique : « On ne permet pas à ces gens d’avoir des droits, de travailler, parce qu’ils manquent de logements adaptés. On a un dispositif 115 qui est complètement saturé du fait qu’il n’y ait pas de rotations sur les places ».
La réponse du préfet du Puy-de-Dôme
Interrogé à ce sujet, Philippe Chopin, préfet du Puy-de-Dôme, précise : « On a déjà relogé une famille ce week-end, avec une dame qui était enceinte. On trouve des solutions. C’est un sujet qui est difficile. Dans ce département, depuis 5 ans, on a augmenté de 197 % le nombre de places d’hébergement d’urgence. On en a 1 392, plus les nuitées d’hôtel, au nombre de 415 places par an. Je ne compte pas dans ces chiffres les hébergements des Ukrainiens et des demandeurs d’asile afghans ». Il ajoute : « On arrive à un moment où les places sont saturées, car il y a des gens en situation irrégulière qui se maintiennent sur le territoire alors qu’ils ont vocation à le quitter. C’est le cas d’une partie de ces familles qui sont gérées par une association payée par l’Etat. On essaie de trouver des solutions humaines. Je ne vous cache pas qu’il faut qu’on réfléchisse à faire partir ces familles. On leur a déjà proposé des dispositifs de retour vers leur pays d’origine où elles ne sont pas menacées. On travaille et dès qu’on a une solution, on essaie de la proposer ».
Après plusieurs refus du 115, certaines familles se découragent et n’appellent plus. Le Secours Populaire alerte sur la situation des invisibles, ceux qui dormiraient dans des voitures ou dans des squats.