Un rassemblement avait lieu ce lundi 17 octobre devant le palais de justice de Clermont-Ferrand. Membres de la police judiciaire mais aussi magistrats et avocats ont manifesté contre une réforme de la police judiciaire prévue par le gouvernement.
Plusieurs manifestations ont eu lieu en France, à l’initiative d’une association de la Police Judiciaire, dans 38 points de rassemblement. A Clermont-Ferrand, devant le palais de justice, policiers mais aussi magistrats et avocats se sont rassemblés lundi 17 octobre à midi pour protester contre le projet de réforme de la police judiciaire. « C’est une mobilisation nationale de l’association qui s’est créée pour la protection de la police judiciaire, si je puis dire. En tant que magistrat, le droit pénal, la justice pénale, la justice criminelle et la justice délictuelle ont besoin de services d’investigations spécialisés qui sont capables de lutter à armes égales avec la délinquance », explique Dominique Puechmaille, procureure de la République de Clermont-Ferrand, venue soutenir la police judiciaire.
"Nous avons affaire à une délinquance de plus en plus complexe"
Ce serait à court terme, selon des opposants, une dissolution de la Direction Centrale de la Police Judicaire. Celle-ci est chargée du spectre haut des infractions : crimes et délits les plus graves. Demain, elle pourrait porter assistance à la sécurité publique, tout en conservant sa spécificité. « Nous avons affaire à une délinquance de plus en plus complexe, qui fait des profits énormes et qui génère des affaires criminelles extrêmement graves. Il importe que les outils soient entre les mains de la police judiciaire pour continuer à nous fournir des enquêtes qui permettent au parquet de poursuivre et aux magistrats de condamner utilement. La police judiciaire trouve son fondement dans le fait de spécialiser des enquêteurs dans l’investigation judiciaire. Ça n’est pas rien. C’est différent de la voie publique, c’est un métier spécifique. Après plus de 35 ans de parquet, j’ai traité un certain nombre de dossiers avec différents services de police judiciaire et j’ai apprécié leur savoir-faire, leur professionnalisme, le fait qu’ils ne lâchent pas un dossier avant qu’il soi résolu et la qualité de leurs procédures », indique Dominique Puechmaille.
Des enquêtes de "longue haleine"
Les manifestants craignent que les enquêtes deviennent plus longues si les officiers de police judiciaire sont amenés à traiter également d’autres affaires. Cela entraînerait selon eux une perte de temps et d’efficacité et pourrait nuire aux autres missions. « C’est un savoir-faire que l’on ne peut pas dévaluer. Le risque est un nivellement par le bas de la qualité des investigations. Il y a de moins en moins d’enquêteurs mais nous nous tournons de plus en plus vers ceux qui ont ce savoir-faire. Nous avons peur qu’il se dilue dans le quotidien. Il faut une police du quotidien, bien-sûr, j’en suis convaincue, mais il faut aussi un autre niveau : les enquêtes de longue haleine », affirme la procureure. La police judiciaire représente 5 000 fonctionnaires sur 150 000 en France.