Un important coup de filet a été mené par la gendarmerie du Puy-de-Dôme, ce lundi 12 février. Dix personnes ont été interpellées dans le cadre d’une soixantaine de cambriolages d’entreprises. L’opération “Métallo” est un succès.
C'est une affaire qui démarre en 2022. Des vols de métaux et de petit électroportatif se multiplient dans des entreprises d’Auvergne. Certaines entreprises ont été ciblées jusqu’à 3 fois par les malfaiteurs. Les vols ont eu lieu dans tout le département du Puy-de-Dôme, mais aussi ponctuellement dans l’Allier et la Loire. “Les faits sont concentrés sur les arrondissements de Clermont-Ferrand, Thiers et dans une moindre mesure, Issoire et Riom”, indique l’officier adjoint chargé de la police judiciaire au groupement de gendarmerie du Puy-de-Dôme. Ainsi, l'opération "Métallo" débute au mois de mai 2023, et est arrivée à son terme ce lundi 12 février avec l’interpellation de pas moins de 10 suspects à Gerzat, près de Clermont-Ferrand.
Les suspects déjà connus
En mai 2023, les gendarmes du Puy-de-Dôme ont déjà une idée précise de l’identité des cambrioleurs : “Cette équipe-là a déjà été mise en cause l'année dernière pour des faits qui couraient entre 2022 et jusqu'au mois de mai 2023. Ils ont été relaxés. On peut dire que sur la période qui concerne mai 2023 à aujourd'hui, on a environ 200 faits qui peuvent être imputables à cette équipe. En revanche, en ce qui concerne les faits sur lesquels ils sont formellement reconnus et ceux sur lesquels on a de l'ADN ou des empreintes, on a 60 faits qui sont reliés directement à cette équipe de 10 personnes qu'on a interpellée lundi”, explique l’officier. Ces individus sont donc bien connus de leurs services : “On a des gens de la communauté roumaine et serbe qui habitent dans un campement sur la commune de Gerzat dans des conditions de vie déplorables, qui font l'objet de toute l'attention du préfet. On a 12 personnes qui sont actives sur les vols dans cette communauté. Ils vivent de rien, dans une détresse complète. Ils vivent de rapine et notamment du vol de métaux.”
Des vols en bande
Et leur technique est bien rodée : “Ils savent que le vol de métaux est peu poursuivi par les magistrats. Ils se fournissent en véhicules utilitaires ou véhicules légers à bas coût auprès de ferrailleurs, dans des États frontaliers. Avec ces véhicules qu'ils utilisent la nuit, surtout à la tombée du jour, ils ciblent les entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles de trouver des métaux, du petit électroportatif. Ils y vont entre 4 et 8, ils constituent une équipe. C'est ce qu'on appelle une équipe à tiroirs : ce n'est jamais la même équipe, sur le fond de 12 personnes. Ils ont quand même souvent le même chef de file. Il n'est pas forcément présent à chaque fois mais on sent quand même que c'est lui qui donne la mesure et les objectifs.”
Des métaux vendus au poids
D'un point de vue administratif, on compte 9 OQTF (obligation de quitter le territoire français sous 30 jours). Selon le parquet de Clermont-ferrand, 3 personnes étaient impliquées dans “un petit nombre de vols”, entre 3 et 5 vols. Ceux-ci font l'objet de poursuites et seront jugés début 2025. Les 5 derniers sont impliqués dans un nombre plus conséquent de faits. Deux ont été placés en garde à vue pendant 48 heures. L’officier précise : “Ils ont été relâchés assez rapidement avec des classements sans suite pour infraction insuffisamment caractérisée selon le parquet. Nous avons pourtant des éléments qui indiquent qu’ils participent activement, si ce n'est au vol, à la filière d'écoulement. Une fois qu'ils reviennent avec leurs métaux, ils font tout fondre sur leur terrain. Ils sont derrière le stade Montpied. On voit tous les jours ou presque des colonnes de fumée noire dans le ciel. C'est ni plus ni moins que les métaux qu’ils font fondre la journée. Ensuite, ils écument les ferrailleurs du secteur pour trouver quelqu’un qui n’est pas trop regardant et qui pourra bien leur racheter au poids les métaux volés”, explique l’officier adjoint chargé de la police judiciaire au groupement de gendarmerie du Puy-de-Dôme.
Un million d’euros de préjudice
Le préjudice, pour les entreprises visées, approche un total d’un million d’euros : “Il y a un énorme delta entre le préjudice des vols et le prix qu'ils arrivent à en tirer. Ils peuvent très bien voler des câbles ou du matériel à haute valeur ajoutée, des produits transformés qui coûtent très cher par la composition du câble, par l'alliage. Eux, ils les refondent et ils vendent au prix du poids du métal. On a 1 million de préjudice pour les 60 faits, je crois qu'ils en ont valorisé quelques dizaines de milliers d'euros”, indique l’officier. Les cambrioleurs négligents ont laissé des preuves derrière eux : “On a arrêté toutes ces personnes grâce à des vidéoprotections, de l’ADN ou des prises d'empreintes sur place, par des véhicules qu'ils ont abandonnés sur place également, qui leur appartiennent, dans lesquels on a retrouvé par exemple du matériel volé. On les a également mis en fuite, donc ils ont tout abandonné sur place dans la nuit et sont partis avec un autre véhicule. Ceux qui rentrent de périple reviennent rarement avec le butin qu’ils déposent souvent dans des véhicules qu'ils abandonnent pour la nuit, sur des parkings ou dans des chemins qui vont rechercher lendemain matin. Ils ne portent pas de cagoule, on les reconnaît. On a cette chance. La police aussi a procédé à des contrôles sur des retours de périple.”
Jusqu’à 10 ans de prison encourrus
Une comparution immédiate est prévue ce vendredi : “Cinq d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés au centre pénitentiaire de Riom en attendant leur comparution”, précise l’officier. Ils seraient impliqués dans de nombreux vols, environ 20 et jusqu'à 43 pour le principal meneur de l’équipe. Les 8 individus qui n’ont pas été relâchés sont poursuivis pour participation à une association de malfaiteurs. Les 5 principaux suspects encourent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement. Pas moins de 80 militaires étaient mobilisés lundi matin à 07h30. Une dizaine d’enquêteurs ont ouvré pendant 3 mois à temps plein. Le chef de groupe de la BR de de Clermont-Ferrand, son adjoint de la BR de Thiers et les autres enquêteurs venaient de toutes les unités du département sans distinction.