Plusieurs syndicats d’enseignants ont appelé à une mobilisation pour la semaine du 20 mars. Or c’est durant cette semaine que doivent se dérouler les épreuves de spécialités du bac. Dans le Puy-de-Dôme, la CGT Educ-Action est déterminée et fait planer la menace d’une grève des surveillances.
Dans le Puy-de-Dôme comme ailleurs, les épreuves de spécialités du baccalauréat vont-elles pouvoir se dérouler sereinement ? Elles démarrent ce lundi 20 mars. Or, les syndicats FO, CGT et Sud ont appelé mercredi dernier à une mobilisation pour la semaine du 20 mars.
C’est le cas de la CGT Educ’action du Puy-de-Dôme, qui dénonce le recours par le gouvernement à l’article 49.3 pour faire adopter, sans vote, le texte de la réforme des retraites. David Aliguen, co-secrétaire départemental de la CGT Educ’Action, explique : « Avec d’autres syndicats, la CGT Educ’Action appelle à ne pas cesser la mobilisation pendant les épreuves de spécialité du baccalauréat. Elle soutient les collègues qui seront en grève des surveillances lundi, mardi et mercredi. Il s’agit d’une expression d’une forte colère par rapport à l’utilisation du 49.3 jeudi, et par rapport à cette réforme des retraites qui nous est imposée ».
"Les élèves n’en seront pas pénalisés"
David Aliguen détaille comment les enseignants exerceront leur droit de grève : « On n’appelle pas à bloquer les lycées par contre on exercera notre droit de grève ces jours-là pour montrer qu’il y a une forte contestation, un mouvement profond et unanime non seulement contre la réforme des retraites mais aussi contre la réforme du baccalauréat, du lycée. Ce mouvement de contestation peut passer par une grève des surveillances, comme cela a déjà été le cas ces dernières années. Les élèves n’en seront pas pénalisés. Ce n’est pas l’intention des collègues. Notre moyen de pression et de contestation le plus fort est le baccalauréat. Si, en face, on a un gouvernement qui est sourd aux revendications des salariés et des personnels de l’Education nationale, il fallait s’attendre à ce que la grève se prolonge tout le mois de mars et notamment au moment des épreuves du bac ».
Le co-secrétaire départemental de la CGT Educ’Action insiste sur le fait que les syndicats ont appelé à la grève mais qu’ils ne veulent pas pénaliser les lycéens : « Dans un certain nombre de lycées à Clermont-Ferrand il y aura des rassemblements et des piquets de grève lundi à partir de midi. C’est notamment le cas à Baise-Pascal et au lycée Ambroise-Brugière. On sait aussi qu’on a d’autres collègues du département qui seront en grève. La mobilisation est décidée localement. On sait que l’on ne sera pas tous en grève demain mais il est important de rester unis dans la mobilisation et de participer aux actions qui sont organisées. Si on est en grève, on n’ira pas surveiller. Il faudrait qu’on soit un nombre significatif de collègues en grève dans un centre d’examen pour que cela ait un impact sur les lycéens. Là, on n’a aucune visibilité sur les niveaux de grévistes pour demain. Il semblerait que cela ne soit pas si fort que cela et il n’est pas sûr que les épreuves soient perturbées. Si c’était le cas, les collègues refusent d’en porter la responsabilité. Que les épreuves se passent normalement ou qu’elles soient perturbées, on fera en sorte que les élèves ne soient pas pénalisés ».
Un report des épreuves exigé depuis plusieurs mois
David Aliguen considère que perturber les épreuves de spécialités permettrait une vraie mise en lumière de la colère des enseignants : « On demande depuis longtemps le report de ces épreuves au mois de juin. Le gouvernement et le ministère de l’Education nationale ne découvrent pas la question au mois de mars. S’il y a avait une vraie perturbation de ces examens, cela ferait parler davantage de nos revendications, de nos colères, de nos inquiétudes ». Le ministre de l'Education nationale mobilisera "des surveillants supplémentaires" lors des épreuves du bac, en début de semaine, a-t-il indiqué vendredi 17 mars. Une réaction qui ne surprend pas David Aliguen : « J’imagine que le ministère et le rectorat ont prévu le coup. C’est déjà arrivé, en cas de grève, que des collègues soient appelés en renfort. Cela pose la question du droit de grève. Quelle que soit l’organisation humaine prévue par le ministère et le rectorat, pour qu’une action collective réussisse, il faut qu’elle recueille la détermination des collègues. Je n’ai pas de doutes là-dessus. Je ne sais pas s’il y aura demain des vraies perturbations des épreuves. Dans les salles des professeurs, j’ai pu observer une grande unité entre nous. Les élèves comprennent pourquoi on pourrait être amenés à faire des grèves de surveillance. Si les élèves ont inquiets c’est aussi parce qu’ils ont une pression terrible depuis l’année de première : chaque contrôle compte pour le bac. Depuis le début de l’année, toutes les classes cherchent à tout prix à finir le programme en vue de ces épreuves. On sait très bien qu’au mois de mars, les élèves ne sont pas prêts. Malgré nos efforts, on n’arrive pas à préparer nos élèves convenablement pour le bac et pour l’enseignement supérieur ».
Certains enseignants vent debout contre la réforme des retraites
Le co-secrétaire départemental de la CGT Educ’Action explique pourquoi autant d’enseignants sont mobilisés contre la réforme des retraites : « Se pose la question des années d’études et la dégradation des conditions de travail. On a beaucoup de collègues qui aujourd’hui se disent que deux ans de plus dans ces conditions, ce n’est pas possible. Pour passer les concours, ils doivent avoir suffisamment d’années d’études, au moins cinq ans, et avoir un parcours d’études linéaire, ce qui est de moins en moins le cas. En plus de ces années d’études, qui font entrer tardivement sur le marché du travail, on a une intensification de la charge de travail et une dégradation des conditions de travail : cela fait qu’aujourd’hui, au-delà de 60 ans, il est de plus en plus difficile d’enseigner. On se bat aussi pour défendre cette jeunesse qu’on est en train de sacrifier sur tous les plans ».
Cet appel à la mobilisation lors du bac rappelle un événement qui s’est produit en janvier 2020 à Clermont-Ferrand : les épreuves de contrôle continu (E3C) du bac avaient été annulées au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand en raison d’une action syndicale contre la réforme du baccalauréat et de la réforme des retraites. Lundi, mardi et/ou mercredi, 536 081 candidats (390 710 en voie générale et 145 371 en voie technologique) plancheront chacun sur deux épreuves, qui comptent à elles deux pour un tiers des résultats du bac, calculés sur 100 points.