Déjà détentrice d'un titre de championne du monde de boxe en 2015 et de trois titres de championne de France dans trois catégories différentes, la Clermontoise Myriam Dellal s'apprête à combattre Taoussy L'Hadji samedi 17 novembre pour un titre de championne de France des poids légers. Entretien.
A la veille de son combat face à la Parisienne Taoussy L'Hadji, la Clermontoise Myriam Dellal s'affiche sereine. Pas de fausse modestie pour cette multiple championne qui domine la catégorie des poids légers depuis plusieurs années. Pas de fanfaronnade non plus, ni d'excès de confiance. La femme de 39 ans semble simplement consciente de son palmarès, de ses forces et de ses faiblesses. Samedi 17 novembre, elle sera prête à combattre pour un nouveau titre de championne de France féminine des poids légers à l'espace 3000 à Hyères (Var). La boxeuse s'est livrée à nous pendant sa préparation.
Question : C'est un match important qui vous attend. On arrive à rester motivé par le défi, même avec un palmarès comme le vôtre ?
Myriam Dellal : Je suis un peu sur la sellette. J'ai pas le droit de perdre mes combats par rapport à qui je suis et l'âge un petit peu avancé que j'ai. C'est là où je suis la meilleure ; quand c'est des défis comme ça. Tant que j'en ai sous le pied, je suis là, parce que je regretterai sinon de ne pas continuer. Je suis là et motivée. J'ai hâte d'être à demain, je ne vous le cache pas. Je vais tout faire pour remporter ce match et d'une belle façon en plus.
Q. : Vous vous méfiez de Taoussy L'Hadji ?
M.D. : Je me méfie toujours de toute façon. De n'importe quelle adversaire. On peut gagner sur un coup en boxe mais on peut perdre exactement de la même façon. Il suffit d'une faute d'inattention. C'est la première ou deuxième fois de toute ma carrière que je boxerai une fille plus âgée que moi mais je ne prends pas du tout ça en compte parce que Taoussy a commencé la boxe il y a seulement trois ou quatre ans (chez les pro NDLR) donc elle n'est pas fatiguée de la boxe. Elle a encore beaucoup de choses à prouver. Taoussy, je la connais, c'est une amie. Je la respecte parce qu'elle monte d'une catégorie pour m'affronter ( elle évolue normalement en super-plume NDLR ). Elle n'a pas trop hésité pour le faire et c'est pas rien, croyez moi, parce qu'il y a des filles qui ont plus de combats qu'elle dans ma catégorie et qui refuse de me combattre aujourd'hui donc c'est tout à son honneur. Maintenant, elle est quand même championne de France ( super-plume ) et vice-championne d’Europe ( super-plume ) donc je ne la sous-estime pas du tout. On espère toutes les deux faire un beau match et que la meilleure gagne ( rires ).
Q. : Quelle va être votre stratégie face à elle ?
M.D. : Je vais être offensive, ça s'est sûr. Elle est plus grande que moi. Elle a de longs bras. Je pense qu’elle s’attend à un combat où je vais lui rentrer dedans étant donné que j’ai un gros physique. J’avance sur mes concurrentes bien souvent et je leur mets la pression. Maintenant je pense qu’elle s’est préparée à ça, elle aussi avec des contres, des désaxés, partir sur les jambes. Ca sera à moi de donner le ton du combat. Il y a 8 de 2 ( 8 rounds de 2 minutes, NDLR ) et il faut que je gagne tous les rounds ou les trois quarts. Et si je peux la foutre en l’air, même si c’est une copine... Dans le ring y a plus de copine. On s’est appelées avant pour se dire bonne chance et bonne préparation. C’est du sport. Ce qu'il y aura de bien, c’est qu’on se connaît et que ce sera fair-play. Il n'y aura pas de coups bas.
Q. : 8 rounds de 2 minutes... ça ne va pas être difficile de tenir sur la longueur ?
M.D. : Les 8 de 2, à fond les ballons, je les ai dans le ventre. J’en ai même 10-15 de rounds. On se prépare toujours pour plus. Toute la difficulté dans la boxe - c’est ça qui est merveilleux aussi - c’est que si on cherche à mettre k.o. on ne met pas k.o. C’est ça qui est subtil et en même temps qui est chouette. Si on cherche à frapper, on ne va pas aussi vite, on n'est pas explosif. Là, il va falloir dérouler, travailler les gammes, deux trois combinaisons qui sont favorites, et je vais rentrer dedans en essayant de la toucher au corps par exemple, ou sur un crochet du gauche. Enfin en tout cas avec mes armes à moi. Ma droite par exemple.
Je sais que les hommes comme les femmes, quand on prend en bas dans les viscères, on a beau avoir des abdos de fer, quand on prend, on prend. Donc je vais essayer de travailler stratégiquement et technico-tactique. Lui rentrer dedans, oui, mais intelligemment. Sans faire la bagarre et me jeter. La seule pression que je vais me mettre, c’est d’arriver à faire un match joli. Parce que c’est bien beau d’avoir un gros physique mais si c’est pour faire un match bagarre, c’est moins intéressant. Et puis pour faire voir que la boxe féminine elle peut être sur le plateau et montrer qu’on a notre place ici.