Depuis le début de l'année 2019, au laboratoire du CHU de Clermont-Ferrand, des tests sont effectués afin d'adapter pour chaque patient la posologie des anticancéreux et réduire ainsi les effets indésirables.
Le laboratoire du CHU de Clermont-Ferrand propose aux patients atteints de cancer des tests afin de prédire la toxicité des médicaments depuis le début de l'année 2019. Ainsi les médecins peuvent adapter le traitement à chaque patient sans réduire son efficacité.
En France, plus de 80 000 patients par an reçoivent des chimiothérapies d’anticancéreux qui peuvent produire des toxicités sévères chez 20 à 25 % d'entre eux. "Les effets indésirables sont graves et peuvent causer le décès du patient", indique le Dr Damien Richard, practicien hospitalier en charge de ces nouveaux tests.
Deux tests : le génotypage et le phénotypage
Un médicament en particulier est dans le viseur, le 5-fluorouracile dit 5-FU, l'un des anti-cancéreux les plus utilisés. Dans l'organisme, une enzyme appelée DPD va dégrader le médicament. Mais si cette enzyme est défaillante, le médicament est moins dégradé et se retrouve dans l'organisme en plus grande concentration que prévu. Le médicament devient alors toxique pour le patient.Chaque personne va réagir différemment aux anti-cancéreux mais deux tests qui se font à base d'un simple prélèvement sanguin permettent de le déterminer. C'est pourquoi en décembre 2018, la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Institut national du cancer ont recommandé officiellement ces tests.
Deux techniques sont utilisées :
- le génotypage : ce test permet d'étudier le gène permettant la synthèse de l’enzyme impliquée dans l’élimination des médicaments anti-cancéreux
- le phénotypage : cette technique évalue comment l'enzyme va dégrader le médicament au sein de l'organisme.
"Mettre en place une médecine personnalisée"
"En ce moment, on a environ 15 patients par semaine. On pratique ces tests au laboratoire une fois par semaine, de façon groupée, et les résultats sont donnés dans un délais de moins de 10 jours", explique le Dr Damien Richard. Ces techniques vont permettre de faire d'importants progrès selon lui : "On va pouvoir mettre en place une médecine personnalisée avec une posologie adaptée avant même le début de la thérapie".Depuis la mise en application de ces tests, il a déjà vu des bénéfices : "Nous n'avons pas été confronté à des patients présentant un déficit total de l'enzyme mais chez certains patients nous avons baissé la posologie habituelle de 25 à 50 %". Ce nouveau dispositif est pour l'instant "hors nomenclature", précise le Dr Damien Richard, autrement dit non remboursé par la Sécurité sociale. Un point qui "pourrait évoluer à l'avenir", ajoute ce dernier. Ces tests sont également proposés aux autres centres hospitaliers d'Auvergne, qui peuvent envoyer leurs échantillons au laboratoire de Clermont-Ferrand.