"Ce qui me plaît le plus c’est élever mes animaux, faire naître mes petits veaux et les voir grandir" confie Christophe, éleveur passionné

Il n’y a pas que des vaches salers au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand. Dans le hall consacré aux races à viande, Christophe bichonne son taureau Palace, superbe spécimen de la race blonde d’Aquitaine. Animé par la passion de l’élevage, il confie aussi ses inquiétudes pour l’avenir.

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Il ne raterait le Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand pour rien au monde. Christophe Catusse a laissé pour quelques jours le petit village de Mirabel, dans le Tarn-et-Garonne, afin de présenter son taureau Palace. Avec ses 1 288 kg, sa robe grain de blé, sa bête est un digne représentant de la blonde d’Aquitaine. Une race récente, née en 1962, du croisement de trois autres races du Sud-Ouest. Depuis plus de 30 ans, Christophe est éleveur. Il est âgé de 61 ans : « J’ai commencé ce métier par passion. J’ai repris une ferme familiale. Je suis la troisième génération d’éleveurs. Il y a plus de 25 ans, quand on était passionné par l’élevage, on reprenait l’exploitation familiale ». Il possède aujourd’hui une ferme de 120 hectares avec une centaine d’animaux.

Deux semaines de vacances par an

Comme beaucoup d’éleveurs, il ne compte pas ses heures : « Je me lève à 6 heures du matin comme tout éleveur. Je commence par soigner mes animaux. Je prends soin d’eux tous les jours. Mon quotidien c’est le suivi de mon troupeau. Je fais ça 365 jours par an, 7 jours sur 7. Je ne prends que deux semaines de vacances par an. C’est une personne du service remplacement qui s’occupe de la ferme ». Avec un joli accent du Sud-Ouest, l’éleveur parle avec passion de son quotidien : « Ce qui me plaît le plus c’est élever mes animaux, faire naître mes petits veaux et les voir grandir. Je connais tous mes animaux par cœur. Ce qui m’anime tous les jours en me levant c’est la passion de l’élevage. J’aime voir l’évolution de mes animaux. On est en permanence avec nos bêtes, du matin au soir. Notre lien est très fort. Elles nous connaissent parfaitement ».

Un habitué du Sommet de l'élevage

Même loin de sa ferme, son taureau le reconnaît immédiatement : « Lorsqu’on est sur un salon avec plein de vaches, l’animal reconnaît son propriétaire. Cela m’a toujours impressionné. Par la parole il sait qui est son propriétaire ». Palace est un taureau assez calme. C’est un reproducteur de 5 ans, qui a fait une belle carrière. Aujourd’hui il est sur la fin des concours. Son propriétaire est un habitué du Sommet de l’élevage : « Cela fait 15 ans que je viens ici. C’est le carrefour des races à viande en France. On voit beaucoup de professionnels. Ce Sommet est une référence. En termes de retombées, j’attends la reconnaissance de mon élevage et j’espère vendre des reproducteurs par la suite ». Selon Christophe, rien à voir avec le Salon de l’agriculture de Paris : « Être au Salon de l’agriculture de Paris est une satisfaction personnelle mais on n’a pas le relationnel comme ici avec les autres éleveurs. Ici ce sont des professionnels. À Paris il y a beaucoup de Parisiens ».

Un salaire de 1 000 euros par mois

Malgré les difficultés, Christophe s’accroche : « Le métier d’éleveur est contraignant tous les jours. Il y a aussi les contraintes économiques. La profession est en pleine mutation. J’ai un peu d’inquiétudes pour l’avenir. Côté finances, on a toujours des petits salaires. On se rend compte d’année en année qu’on a de moins en moins de salaire. Je touche 1 000 euros par mois. Ce n’est pas beaucoup par rapport aux heures passées ». Il est le propriétaire de son exploitation : « J’ai hérité de la ferme de mes parents. J’ai fait fructifier et j’ai agrandi l’exploitation ». Mais pas de repreneur pour sa ferme lorsqu’il prendra sa retraite. Ses deux filles ne prendront pas la suite : « Mes filles ont fait des orientations différentes et n’ont pas voulu devenir agricultrices. Je suis un petit peu déçu que ça ne perdure pas car je suis la troisième génération d’éleveurs. C’est la vie ! ».

Un éleveur inquiet

Il est un peu amer lorsqu’il confie qu’il n’a pas de repreneur : « Le troupeau va s’arrêter progressivement, sauf si un jeune arrive de l’extérieur. Ma ferme va sans doute être disloquée entre plusieurs producteurs ». L’agriculteur est conscient des difficultés du métier. Un brin désabusé, il explique : « En France, la consommation de viande stagne. Mais on importe beaucoup de viande étrangère. En France on a les meilleures races à viande. Je suis un peu remonté contre les importations. On pourrait ne consommer que de la viande française. Je pense que la crise agricole du début de l’année n’est pas finie. J’ai bien peur que cela redémarre car il n’y a eu que des promesses et les inquiétudes restent. Un jour ou l’autre ça va mal se terminer ». L’éleveur se console en bichonnant ses bêtes. Ses animaux, sa ferme, son Sud-Ouest natal : un triptyque auquel il est solidement attaché.

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