Le festival de Cannes bat son plein depuis le 17 mai. Un événement connu mondialement pour ses projections, sa sélection officielle, son défilé de stars sur la montée des marches. Mais loin des paillettes, le festival est un rendez-vous de travail pour de nombreux professionnels. Deux Auvergnates nous racontent leur festival.
Le défilé de stars, le crépitement des flashs des photographes, les projections, la sélection officielle, les fêtes sur la plage : voilà à quoi ressemble le festival de Cannes pour le grand public. Mais derrière cette image glamour, l’événement est avant tout un rendez-vous de travail pour de nombreux professionnels du cinéma. C’est le cas de Fanny Barrot et Julie Rousson, deux Auvergnates descendues sur la Côte d’Azur pour leur travail. Fanny est sur la Croisette pour la 10e fois mais elle y est au titre de co-déléguée de “Sauve qui peut le court métrage” pour la première année. Elle intervient pour la Commission du film Auvergne. “C'est beaucoup de rencontres avec des auteurs, réalisateurs, producteurs avec qui on a déjà pu travailler auparavant sur des accueils de tournages sur le territoire auvergnat, ou bien des personnes qui ont des envies de tournage et qui recherchent encore des décors. Donc on les rencontre, on a des rendez-vous avec eux pour les éclairer sur toutes les richesses qu’on peut avoir en Auvergne pour accueillir leur tournage” raconte Fanny.
Des journées chargées
A côté de ce travail de promotion, la professionnelle travaille aussi sur les talents émergents. Au final, “Les journées sont assez bien remplies” confie Fanny. Les rendez-vous s’enchaînent, souvent sur une plage mais aussi au Short film corner, un espace dédié au court métrage dans le Palais des festivals. Fanny participe aussi à des tables rondes car toute la filière professionnelle est présente à Cannes. Fanny souligne : “Quand il y a un peu de temps, je m’accorde quand même une séance de cinéma. J'ai eu la chance de pouvoir voir en avant-première un film qu'on a aidé. Les auteurs étaient venus en résidence à Clermont-Ferrand pour écrire et c'était donc l'avant-première mondiale sur le cinéma de la plage lundi soir, le film de Hakim Zouhani et Carine May, “La Cour des miracles”. Le film sort en septembre. Il y avait un émulation super sympa. J’ai aussi réussi à voir une séance de courts métrages dans une section parallèle de la Semaine de la critique, ce qui permet de faire du repérage pour le prochain festival de Clermont-Ferrand".
Promouvoir l'Auvergne
Fanny assiste aussi à des pitchs sur des projets : “Les auteurs viennent vendre, entre guillemets, leur projet en trois minutes. Il faut qu’on comprenne ce qu’ils vont faire avec nous et cela nous intéresse beaucoup. On est au plus près de la création”. La jeune femme rappelle : “En Auvergne, on a de grandes richesses, notamment tout le patrimoine naturel qui est très apprécié. On a évidemment des tournages qui se font aussi sur la métropole clermontoise, tout ce qui est plus urbain. Il est vrai que le territoire attire. Je ne sais pas si on peut dire de plus en plus mais en tout cas c'est vrai que là on a la chance d'avoir des œuvres qui ont une belle visibilité et qui vont en avoir aussi dans les mois à venir”. Elle songe ainsi au prochain “Astérix et Obélix : l’empire du Milieu”, de Guillaume Canet, mais aussi à “Petite Fleur” de Santiago Mitre. Le festival de Cannes fait tourner les têtes avec son défilé de stars mais pour Fanny, “Ce n’est pas toujours agréable. C’est fatigant. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de sécurité et les stars sont très protégées. Je ne suis pas toujours au fait des stars qui sont là. On n’a pas beaucoup de temps pour les paillettes”.
Les marches de Cannes
L’Auvergnate jette malgré tout un œil sur le palmarès de la compétition. Et à chaque fois qu’elle monte les célèbres marches, elle ressent “une petite émotion” : “Il y a le tapis rouge mais il y a toute une ambiance sonore autour avec un présentateur qui commente avec une musique toujours très forte et en même temps tellement belle qui accompagne cette montée. Donc ça fait un peu une petite émotion”. Julie Rousson est elle aussi arrivée comme Fanny dimanche dernier et repartira de Cannes ce vendredi 27 mai. Il s’agit-là de son quatrième festival de Cannes pour le travail. Elle indique : “Je suis là pour notre réseau professionnel et pour rencontrer des producteurs, des distributeurs de films et des programmateurs. Je viens aussi au marché du film”.
Des festivaliers fatigués
Après deux ans de pandémie, Julie est ravie de pouvoir venir à Cannes afin de construire de nouveaux projets. Elle visionne des courts métrages projetés en sélection officielle, pour la Semaine de la critique et la Quinzaine des réalisateurs. Lors de l’interview elle est dans la file d’attente pour le film “Stars at noon” de Claire Denis. Julie marche beaucoup à Cannes et s’accorde quelques soirées festives. “On a des rendez-vous qui commencent à 9 heures donc on ne peut pas se coucher trop tard. On est là pour travailler. On ne reste que 5 jours. Les personnes qui sont là pour toute la durée du festival ne sont pas autant en forme que nous...”.
"On n’est ni Sharon Stone ni Nicole Kidman”
Elle poursuit en riant : “Il fait beau. Le bonus est de voir des films de la compétition officielle. J’ai monté les marches pour le dernier David Cronenberg. Cela fait toujours quelque chose de monter les marches. Il y a un côté magique. Mais ce ne sont que 24 marches : c’est très court et personne ne nous regarde parce que l’on n’est pas intéressant. On n’est ni Sharon Stone ni Nicole Kidman”. Comme souvenir marquant, Julie retient la projection il y a trois ans d’un film à 8h30, qui s’ouvre par un gros plan d’opération à cœur ouvert. Un moment de cinéma gravé dans sa mémoire. La programmatrice de la compétition internationale du festival de Clermont-Ferrand rentre en Auvergne ce vendredi 27 mai. Elle guettera le lendemain le palmarès de la sélection officielle, en se remémorant ces cinq jours intenses passés à Cannes.