Le circuit de Charade, près de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, fête ses 60 ans. Inauguré en 1958, son histoire fut pleine de rebondissements. Ce fut néanmoins un haut lieu de compétition internationale, qui a accueilli de grands pilotes et même...des stars du cinéma français.
Le circuit de Charade, près de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, est né un peu par hasard, le 27 juillet 1958. Christian Auchatraire, fils du cofondateur du circuit Jean Auchataire, raconte : " C'est en 1953 que l'Automobile Club d'Auvergne voulait commémorer les 50 ans de la course Gordon Bennett. L’idée était alors de créer un circuit en ville, à l'est de Clermont-Ferrand. Les affiches, la billetterie, tout était prêt pour l’événement, qui devait se dérouler le 10 juillet 1955."
Seulement, un accident dramatique survient lors des 24 heures du Mans en juin 55 et fait 100 morts. Toute course à l’intérieur d’une ville est alors interdite. Jean Auchatraire, le président de l'Association Sportive de l'Automobile Club d'Auvergne et le pilote Louis Rosier, trouvent une alternative : Gravenoire.
Les travaux sont menés rapidement, et la première course a lieu le 27 juillet 1958. Le décor et le tracé montagneux marquent immédiatement le public et les pilotes. Dès lors, la piste de Charade a vu défiler la crème de la compétition automobile du XXème siècle. « Les pilotes ont été ravis du circuit, qui était très technique. On peut dire que les meilleurs ont gagné à Charade ! » affirme Christian Auchatraire. La légende de la Formule 1, Stirling Moss, va même jusqu'à déclarer Charade comme étant le plus beau circuit du monde.
Des milliers de spectateurs à chaque course
Les plus grands viennent alors en Auvergne. Le circuit accueille quatre Grands prix de Formule 1 en 1965, 69, 70 et 72. Même le cinéma s’invite à Charade, pour le tournage du film "Grand prix" avec Yves Montand et Françoise Hardy. Jean-Paul Taillandier, vice-président de l’association Agissons pour Charade, s’en souvient très bien. « C’était l’émerveillement total. On pensait que c’était normal, d’avoir un circuit qui accueillait le championnat du monde. On a eu de la chance ! »
Charade, à l'époque, c'était aussi une ambiance particulière. Plusieurs dizaines de milliers de spectateurs se déplaçaient à chaque course. « Au dernier Grand Prix de moto, il y avait 130 000 spectateurs. Les gens étaient même assis sur des bottes de foin... Heureusement, les pilotes ont fait attention » relate Michel Tasset, président de l'association. « C’était la course la plus terrible sur la sécurité. »
L’aspect sécuritaire est d’ailleurs ce qui va condamner le tracé originel du circuit de Charade. Pour coller aux attentes modernes, le circuit a été raccourci de moitié en 1989. Réaménagé aux normes contemporaines, transformé en circuit permanent, le nouveau tracé perpétue la tradition du circuit de montagne auvergnat.