Clermont-Ferrand compte un grand nombre d'Auvergnats d'origine portugaise parmi sa population. Parmi eux, ils sont nombreux ceux qui doivent renoncer au traditionnel retour au pays cet été en raison de l’épidémie de coronavirus COVID 19. Ils nous racontent leur déception.
Après Paris, Clermont-Ferrand accueille la plus grosse communauté de Portugais de l’hexagone. Ces immigrés représenteraient environ 6 % de sa population. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont dû faire une croix sur les sacro-saintes vacances estivales au Portugal, en raison de l’épidémie de coronavirus COVID 19. C’est le cas de Manuel Barbosa, avocat à Clermont-Ferrand. Renoncer aux vacances au pays constitue un véritable crève-cœur pour lui. Il explique : « Ce sera la première fois depuis ma naissance, depuis 52 ans, que je n’irai pas au Portugal. C’est une grande première. J’y ai vécu pendant 6 ans et je suis rentré en 2017. En principe, j’y allais une fois par an, ne serait-ce que pour visiter la famille. Cette année je vais éviter d’y aller car ce n’est pas dans l’ordre des choses pour le moment. Avec le confinement j’ai pris du retard et je vais profiter des vacances pour avancer un peu au niveau du travail. On doit renoncer à voir sa famille donc c’est toujours un peu pesant de ne pas voir sa famille, ses amis, surtout dans une telle période ».
Des proches attristés
Originaire de Valencia do Minho dans l’extrême-nord, près de la frontière avec la Galice en Espagne, Manuel passe habituellement quinze jours à 3 semaines en vacances au Portugal. Il a expliqué sa situation à ses proches : « Ma famille est inquiète par rapport au COVID 19 et est attristée du fait qu’on ait pris une décision qui ne va pas dans l’habitude des choses et non conforme à ce que l’on faisait chaque année. Je leur ai expliqué que je prendrai sans doute un vol en avion dans l’année, une fois que les choses se seront un peu apaisées au niveau sanitaire et que mon activité sera relancée d’un point de vue professionnel. Ils ont compris mais ce n’est pas simple à admettre. Ils attendent chaque année ce moment avec impatience ».Manuel maintient le lien avec ses proches au Portugal par téléphone, par Skype et par les réseaux sociaux. Il a suivi de près la gestion de la crise sanitaire de son pays d’origine. « J’ai eu des retours par la famille et par des amis. Au Portugal, la crise a été plutôt bien gérée. En termes de population ils sont 10 millions d’habitants et du coup la propagation du virus va moins vite. C’est une population très rurale, avec de grands espaces à l’intérieur des terres, et 3 grandes mégalopoles Lisbonne, Porto et Braga où la situation a été bien gérée. Dès le départ, le gouvernement a su prendre des mesures pour éviter la propagation, avec la fermeture de commerces, et le port obligatoire du masque. Dans l’ensemble, les Portugais ont été assez disciplinés. Ils ont bien respecté les consignes et ont su gérer l’évolution de l’épidémie » confie-t-il.Une crise sanitaire plutôt bien gérée
La communauté portugaise de Clermont-Ferrand est très impatiente de retourner au pays. Elle est à l’affût des informations, notamment des autorités espagnoles et lusitaniennes, pour savoir si les frontières vont être ouvertes et si des mesures de quarantaine vont être mises en place. Le gouvernement portugais a assuré vendredi 8 mai tout mettre en œuvre pour que sa diaspora puisse visiter le pays pendant les vacances d’été, en dépit des restrictions mises en place pour freiner la pandémie de coronavirus. Malgré ces déclarations, Manuela Ferreira De Sousa a préféré renoncer à ses traditionnelles vacances dans le Minho, à Guimaraes, à une cinquantaine de kilomètres de Porto. Un véritable déchirement pour cette employée de l'aéroport vivant à Clermont-Ferrand et âgée de 44 ans. Elle souligne : « On y va à peu près 3 fois par an. On a pour habitude d’aller voir la famille de mon mari, ses parents et ses sœurs. On y va l’été, à Noël, et au mois d’avril-mai. Mon mari a dû renoncer à voir ses parents. Son père a déjà un âge avancé, avec quelques problèmes de santé. On s’inquiète. Mes 3 enfants ont l’habitude de voir leurs cousins et ça leur manque de ne pas être ensemble. Le mois d’août est une période festive et ces retrouvailles avec la famille sont importantes. Cela va être difficile ».Cela va être difficile
Une famille compréhensive
Elle n’ira pas au Portugal cet été, une première en 20 ans. Manuela affirme : « La famille au Portugal comprend la situation. Ils sont très à cheval sur le côté sanitaire. Pour eux c’est primordial de bien respecter les règles ». Manuela songe à visiter d’autres lieux de la région de Clermont-Ferrand cet été, histoire de changer un peu d’air et d’oublier la déception liée au renoncement du voyage au Portugal.Visiter « de beaux coins en France » c’est aussi le programme de José Machado. Ce Clermontois de 66 ans n’ira pas non plus au Portugal cet été. Une première en 45 ans. Ce retraité est originaire du nord du pays, de la région de Braga. Cet ancien chauffeur-livreur passe environ 3 semaines l’été là-bas et une semaine au printemps. Il a encore des frères, des sœurs et des cousins au pays mais ne pourra pas les voir cette année. Il indique : « Mes proches comprennent et que l’on doit tous se faire une raison. Personnellement ça va beaucoup me manquer. Mais d’un autre côté les enfants et les petits-enfants sont là : on va attendre des jours meilleurs ». José regarde tous les jours les actualités portugaises à la télévision afin de se tenir informé.On va attendre des jours meilleurs