Le psychiatre Serge Tisseron est à Clermont-Ferrand lundi 14 octobre pour donner une conférence sur les écrans dans le cadre de la semaine de la parentalité organisé par la Caisse d’allocations familiales. Vos enfants sont-ils accrocs ?
Serge Tisseron a écrit 36 essais personnels, écrit 7 ouvrages en collaboration, réalisé six directions d’ouvrages collectifs, six directions de numéros de revue, une vingtaine de préfaces d’ouvrages d’autres auteurs, 13 contributions à des manuels et encyclopédies, 77 contributions à des ouvrages collectifs, près de 200 articles.
Plus de la moitié de ses contributions portent sur nos relations aux objets technologiques, notamment ceux dont l’interface utilise un écran. Autant dire que lorsqu’il nous parle de cyberdépendance et des risques liés à ça, nous avons envie de l’écouter. Il est invité à en parler à Clermont-Ferrand dans le cadre de la semaine de la parentalité organisée par la Caisse d’Allocations Familiales.
Quelques chiffres
5,5 écrans par foyer. Le chiffre est alarmant mais c’est pourtant une réalité : papa et maman possède chacun un smartphone, ils ont aussi une tablette, l’ordinateur familial trône sur le bureau, le grand frère ou la grande sœur dorment avec leur portable et le petit bout de choux de 7 ans regarde très souvent la télévision.
Les écrans sont omniprésents dans nos vies : 34 % des français ne peuvent s’empêcher de consulter leur téléphone portable toutes les dix minutes et plus d’un français sur cinq a pour habitude d’utiliser son téléphone au moment des repas.
En France les enfants passent plus de 3h30 par jour devant les écrans, autrement dit 1200 heures /an. Un quart des français reconnaissent avoir déjà confié une tablette à un enfant de moins de 6 ans et 27% laissent régulièrement leur téléviseur allumé en présence d’un enfant de moins de 3 ans.
Tous ces chiffres sont issus de différentes études sur la question réalisée en 2018 dont l’étude ELABE réalisée pour AXA prévention en juin 2018 auprès d’un échantillon de 4008 personnes représentatif de la population résidente en France métropolitaine, âgée de 15 ans et plus.
« L’hyperconnexion » nuit à la qualité du sommeil, est source de stress et favorise la sédentarité et les problèmes de santé qui vont avec. L’exposition à la lumière bleue diffusée par les écrans avant de dormir affecte les niveaux de mélatonine autrement appelée « l’hormone du sommeil ». Les bips de notifications qui peuvent survenir à toute heure du jour et de la nuit peuvent évidemment nous empêcher de dormir.
L'OMS préconise, par ailleurs, d'interdire tout écran avant l'âge de 2 ans.
Les Français ne sont pas non plus très rigoureux sur l'usage d'Internet par leurs enfants. Ils ne sont que 37 % à savoir que c'est à partir de 13 ans qu'un enfant peut surfer seul et avoir un compte sur les réseaux sociaux.
Comment devient-on cyberdépendant ?
Nous allons revenir dans les années 50, quand le psychologue Burrus Frederic Skinner réussissait à conditionner le comportement de pigeons en les nourrissant de manière aléatoire. Alors sommes-nous des pigeons ? Et bien un peu quand même, il faut bien l’avouer. Les géants du Web, tel que Google, Netflix, facebook, ou encore Instagram savent nous notifier au bon moment, nous inciter à aller voir ce qui a priori ne nous intéressait pas, nous rendre accroc à leurs applis, en nous flattant, en nous énervant, en nous attristant, en nous récompensant bref, en nous donnant notre becqué à tout moment comme des pigeons. Le mur de Facebook est conçu pour relancer encore et encore la chasse à la pépite : un like, un commentaire drôle sur la dernière photo que nous avons publié, Netflix qui lance directement l’épisode suivant de votre série préférée sans vous demander votre avis… Les ingénieurs de la Sillicon Valley ont pensé à tout que vous soyez accroc.
La cyberdépendance, c’est la dépendance à l’univers informatique. Aujourd’hui, elle désigne plus particulièrement la dépendance à internet et aux smartphones. Elle touche toutes les tranches d’âge, tous les sexes et toutes les catégories socio-professionnelles. Les adolescents sont plus vulnérables dans cette phase de quête d’identité.
On peut citer 4 types de manifestations :
- La dépendance aux jeux (jeux en réseaux, monde virtuel, jeux d’argent)
- La cyberdépendance relationnelle (réseaux sociaux)
- La dépendance aux sites à caractère pornographique
- Le « cyberhoarding » (quête constante d’informations sur le net)
Vous voulez mesurer votre addiction à internet ? Nous vous proposons de vous soumettre au test de la psychologue Kimberly Young. Il vous révèlera à quel point vous êtes accroc à internet et si vous vous pouvez encore vous en sortir.
Des applis pour déconnecter des applis
Prendre conscience du temps passé sur les écrans, ce n'est pas facile. Heureusement, votre smartphone adoré est aussi là pour vous aider à ne pas le regarder. Alors que la plupart des applis ont pour objectif d’être utilisées un maximum de fois, l’application Moment en prend le contre-pied, puisque son but est de réduire justement l’utilisation du téléphone et/ou de sa tablette en faisant prendre conscience aux usagers du temps qu’ils y consacrent. Sur certains smartphones, une telle application est directement intégrée au téléphone comme chez Apple qui calcule pour vous le temps quotidien passé sur le téléphone ainsi que les applis les plus chronophages. L'application Space, elle, est même capable de bloquer votre accés à différents réseaux sociaux quand vous restez trop longtemps dessus.