Au cours de la manifestation lycéenne du 6 décembre, à Clermont-Ferrand, un petit groupe de jeunes a retourné une vieille Peugeot 306, réduite à l'état d'épave. Cécile et Boris, ses propriétaires, sont démunis et en colère face à cette violence gratuite qu'ils ne comprennent pas.
"C'était ma deuxième journée de travail au café Salford, j'ai juste vu les gamins passer devant et s'engouffrer dans la rue Bansac. Ma voiture était la première garée." Cécile Martinez n'en revient toujours pas vraiment : sa voiture, une vieille Peugeot 306 de 1997, a été retournée pendant une manifestation de lycéens le mardi 4 décembre.Prêts de 500 personnes, essentiellement des lycéens, avaient donné du fil à retordre à la police ce jour là, avec une déambulation improvisée autour du centre-ville. La majorité des manifestants a passé la matinée à défiler et chanter pour la démission du président, Emmanuel Macron.
Mais un petit groupe de jeunes avait des plans différents, et des altercations ont éclaté avec la police : quelques échanges de projectiles, des poubelles incendiées ... et une 306 retournée. "Quand j'ai sorti la tête à l'extérieur du café et que j'ai vu ma voiture, j'ai été prise de panique, c'était très impressionnant, se souvient la serveuse originaire d'Ile-de-France. Tous mes effets personnels étaient éparpillés parmi les éclats de verre, il y avait le siège auto pour le bébé de mon copain ..."
Passée la surprise de la mauvaise découverte, il a fallu faire le bilan. La panique a cédé place à la colère : "Ce n'était quand même pas un signe de richesse, je ne comprends pas", déplore Cécile. Vitres et pare-brise cassées, carrosserie et essieux défoncés, l'auto est une épave. Ironie du sort, Cécile et son petit ami, Boris, n'avaient cette voiture que depuis trois mois : "J'ai vécu 25 ans en banlieue parisienne et je n'ai jamais eu de problème. En septembre, la veille de mon départ pour m'installer à Clermont-Ferrand, ma voiture m'a lâchée, il a donc fallu en trouver une autre, et ce fut cette 306, qu'on est allé chercher à Caen, se rappelle-t-elle. Aujourd'hui c'est très pénalisant, pour aller au travail le matin c'est beaucoup plus difficile pour moi, comme pour Boris qui doit aller chercher sa petite fille dans le Cantal tous les deux weekend."Je n'ai même pas idée de ce qui motivait ces lycéens
"Je comprends les gilets jaunes, et je me retrouve dans leur slogan parce que je ne suis pas dans une situation aisée, mais les lycéens je n'ai même pas idée de ce qui les motivait", assure Cécile. Sur l'idée d'un ami, elle a lancé une cagnotte participative en ligne pour l'aider à racheter une voiture. "J'ai été vraiment étonnée, on a beaucoup reçu, alors même que les gens manifestent aujourd'hui parce qu'ils n'ont pas de gros moyens ... C'est vraiment super."