A Clermont-Ferrand, cela fait un an que Malice est entrée dans la vie d’Isabelle. Cette femelle Labrador partage le quotidien de cette non-voyante, pour qui les chiens-guides d’aveugles sont bien plus que des animaux de compagnie.
Dans les rues de Clermont-Ferrand, calme et concentrée, la femelle labrador guide sa maîtresse dans la rue. Malice sait garder une ligne droite, éviter les obstacles ou encore signaler les descentes et remontées de trottoir. « Quand Malice s’assoit, c’est pour me signaler la présence du passage piéton. Elle attend que je lui donne l’ordre de traverser. Après avoir écouté le bruit du passage des voitures et une fois que j’ai décidé de traverser je lui dit : « Malice en avant ! » », explique Isabelle, non-voyante.
Un vrai travail d'équipe ! Isabelle Maury a mémorisé l'itinéraire, la chienne répond aux ordres directionnels. C'est ainsi qu'elle accompagne sa maîtresse pour prendre le bus, aller au taï-chi ou encore à la pharmacie. Dans tous les trajets du quotidien Malice est là.
Le chien est aussi un lien social important
« Elle m’ouvre plein de portes. Elle ne m’ouvre pas toutes les portes mais elle m’ouvre des possibilités assez importantes qui me permettent d’avoir une autonomie beaucoup plus importante », raconte Isabelle.
Isabelle Maury a perdu la vue à 25 ans à cause d'une complication due au diabète. Malice est son 5e chien guide. Une alternative bien vivante à la canne.
« Le chien fait la moitié du travail, c’est pour moi une économie d’énergie. Le chien va beaucoup plus vite aussi. Donc je peux multiplier mes activités. Le chien est aussi un lien social important. Quand j’avais la canne, quand je croisé les gens ils s’écartaient pour me laisser la place. Je ne rencontrais jamais personne. Maintenant, je rencontre plein de gens qui sortent leur chien pour le balader et on parle, on discute », se félicite-t-elle.
En France, 1,7 million de personnes sont aveugles ou malvoyantes. Un peu plus de 1 500 sont accompagnées par un chien-guide. Un précieux compagnon, qui vient faciliter les déplacements du déficient visuel. Repérer un escalier, présenter une porte, éviter un obstacle... Le chien guide peut répondre à une cinquantaine de consignes.
2 ans d'apprentissage
Malice a été formée à Lezoux (Puy-de-Dôme), dans un centre d'éducation spécialisé. Une structure créée en 2015 par l'association des chiens-guides d'aveugles du centre-ouest, basée à Limoges.
Ce matin-là, Nuts, Muse et Mamba attendent le signal pour manger, l'occasion de travailler l'obéissance. La formation s'appuie sur un principe d'éducation positive. Un cliqueur, suivie d'une récompense, indique au chien qu'il a bien répondu aux attentes.
On s’entend très bien !
Pour être apte, un chien-guide doit connaître une cinquantaine d'ordres. Un long processus, depuis le placement du chiot en famille d'accueil pour le sociabiliser, jusqu'à l'apprentissage en centre d'éducation. Il faut près de 2 ans.
L'association fonctionne principalement grâce aux dons, legs et mécénat.
Former un chien guide coûte en moyenne 25 000 euros. Il est remis gratuitement au bénéficiaire.
« On essaie de créer le meilleur binôme, pour avoir les deux profils qui correspondent », explique Emilien Gasnot, éducateur à l’Association des Chiens guides d'aveugles du Centre-Ouest. Objectif réussi pour Malice et Isabelle qui se sont trouvées. « Malice me va à merveille. Elle est joyeuse, dynamique et vive. J’ai un tempérament un petit peu vif aussi, alors on s’entend très bien », sourit Isabelle.
Depuis sa création il y a trois ans, le centre d'éducation de Lezoux a remis une vingtaine de chiens guides.