Dans une vidéo publiée lundi 25 novembre sur son site, l'association de défense des animaux montre les conditions non adaptées d'élevage des bovins dans le GAEC Reconnu du Deffaut, à Leschères-sur-le-Blaiseron, en Haute-Marne (52). La société produit du lait pour la fromagerie Ermitage, qui vante pourtant l'élevage en plein air.
Après les porcelets maltraités dans un élevage de Corbeil (51), après les dizaines de cadavres de bovins en décomposition à Praslay (52), c'est désormais à Leschères-sur-le-Blaiseron, toujours en Haute-Marne, que l'association L214 mène une enquête, publiée lundi 25 novembre sur son site internet.
Des vaches rouées de coups et pataugeant dans leurs déjections
Dans une vidéo accablante d'une minute, on y voit d'abord des vaches laitières du GAEC Reconnu du Deffaut violemment frappées à coups de bâton par un éleveur, puis les conditions insalubres dans lesquelles elles vivent. Les sols sont souillés, glissants, inondés de boue et les animaux "pataugent dans leurs propres déjections" souligne l'association de lutte pour le bien-être animal.
Suite à cette publication, la préfecture de Haute-Marne assure, le 27 novembre, avoir immédiatement demandé l’intervention sur site des services vétérinaires de la direction départementale de l’Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des Populations de la Haute-Marne. Pour les services de l'Etat, "cet élevage n’est pas défavorablement connu des services vétérinaires. Aucune plainte portant sur la maltraitance animale n’a été reçue durant les cinq dernières années. L’exploitation, fait par ailleurs l’objet d’un suivi sanitaire régulier par un vétérinaire sanitaire. Les contrôles effectués ce mardi ne mettent pas en évidence d’actes de maltraitance".
L214, qui a alerté les services vétérinaires de la préfecture de Haute-Marne, met aussi en lumière l'absence de zone de couchage "propre et paillée", qui provoque "des plaies aux jarrets" et affirme que les bêtes "vivent toute l'année sans aucun accès à l'extérieur".
Dans son communiqué, elle dénonce "l'industrialisation de cet élevage, dont les animaux sont les premières victimes : zéro pâturage, insémination artificielle, gestations à répétition, séparation systématique des vaches et de leur veau, traite automatique deux fois par jour, environnement métallique et pauvre".
Contactés par France 3 Champagne-Ardenne, les propriétaires dénoncent les modes d'action de l'association L124 : "la pose de caméras en pleine nuit, et surtout ils sont entrés par effraction." Le propriétaire a déclaré "vouloir porter plainte dans les tout prochains jours", et ajoute que "c'est un problème qui dépasse sa simple exploitation."
Plus de 80 000 euros d'aides publiques auraient été versés à l'élevage
Le GAEC Reconnu du Deffaut compte 160 vaches laitières, un des plus importants de la région Grand Est, et produit en moyenne 1,5 million de litres de lait par an, directement collectés par la fromagerie industrielle Ermitage de Bulgnéville, dans les Vosges. Sébastien Arsac, cofondateur de L214, accuse d'ailleurs la société de "communication trompeuse". En effet, sur son site internet, il est mentionné que la qualité du lait répond à des critères d'exigence : "l'environnement, l’aménagement et la propreté des lieux, le fourrage et l’alimentation". La coopérative met aussi en avant des vaches au pâturage, avec un slogan "prenez l'air, prenez l'Ermitage". Pourtant, selon L214, "les animaux ne peuvent même pas brouter [...], les vaches sont enfermées dans des bâtiments insalubres, sans aucun accès à l'extérieur".
À ce titre, un signalement a été effectué auprès de la DGCCRF, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
L'association épingle aussi le GAEC Reconnu du Deffaut sur ses sources de financement. Au titre de la politique agricole commune - la PAC -, le groupement recevrait chaque année plusieurs milliers d'euros de subventions publiques. "Pour la période d'octobre 2021 à octobre 2022, il a reçu au total 83 759 €" détaille L214.
Le lait produit sert notamment à la fabrication de l'emmental et du brie vendus en supermarché. Par conséquent, L214 a également envoyé les images et la vidéo du GAEC de Leschères-sur-le-Blaiseron aux principaux acteurs de la grande distribution.