En 2009, Pascale Sagouis, 43 ans, décédait dans une clinique clermontoise. Neuf jours avant, elle s’était fait retirer un anneau gastrique et une partie de l’estomac. Neuf ans après, son chirurgien comparaissait mercredi 23 mai devant le tribunal correctionnel pour homicide involontaire.
« Si je suis là aujourd’hui, c’est pour comprendre pourquoi il y a eu un tel acharnement à ne rien faire ».
A la barre du tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, Aline, la meilleure amie de Pascale Sagouis se souvient. En octobre 2009, celle qu’elle connaissait depuis l’enfance entrait à la clinique de la Plaine pour se faire retirer un anneau gastrique posé dix ans plus tôt et qui lui causait beaucoup de désagréments et de douleurs.
Double opération
Pour cette opération, Pascale Sagouis était retournée voir le chirurgien qui lui avait posé l’anneau. Problème : une fois celui-ci enlevé, Pascale qui souffrait d’obésité et qui était passé de plus de 100kg à 60, allait forcément reprendre du poids. C’est pourquoi à sa demande, son chirurgien avait fini par accepter de profiter de l’opération programmée pour pratiquer en même temps une ablation d’une partie de l’estomac.
Grande détresse
« Je suis passée la voir après l’opération. Dès le vendredi, elle m’a fait part de fortes douleurs. Elle était dans une grande détresse physique et morale ». Face à la cour, Aline raconte les neufs derniers jours de son amie, dont l’état ne faisait qu’empirer. « On m’a dit qu’elle avait une hémorragie… Je voulais savoir d’où elle pouvait venir, mais il ne se passait rien… Ma grande erreur, c’est d’avoir fait confiance à l’équipe médicale, regrette-telle. Avec le recul, je me dis que j’aurai dû la sortir et l’emmener aux urgences, au moins elle aurait été prise en charge ».
Faute caractérisée
Aujourd’hui, ce sont notamment les carences du suivi post-opératoire qui sont reprochées au chirurgien, comme l’a souligné le procureur, mais aussi le fait qu’il aurait dû refuser de pratiquer cette double opération, car il en connaissait les risques. Pour le représentant du ministère public le lien entre l’opération et le décès est établi, la faute est caractérisée. C’est pourquoi il a requis 6 mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende.
Une lecture des faits que ne partage pas le chirurgien. D’une voix calme, il a expliqué à la cour qu’il n’était pas responsable des manquements qui ont pu conduire au décès de sa patiente.
Choc septique ou hémorragique ?
Un décès qui, pour son conseil du barreau de Paris, maître Pierre-Henri Lebrun, reste d’ailleurs aujourd’hui à expliquer. S’appuyant sur les différents rapports d’expertise, il a tenté de démontrer que rien ne permettait de trancher entre deux hypothèses : le choc hémorragique ou le choc septique. Alors qu’il est aussi reproché à son client de ne pas avoir réopéré Pascale Sagouis le matin de sa mort, il a également fait valoir qu’une telle décision ne pouvait pas se prendre facilement, car c’est un acte à risques. Pour lui, il n’y a pas de faute caractérisée, l’affaire ne relève pas du pénal. Il a plaidé la relaxe.
Après près de dix ans de procédure et plus de trois heures d’audience, la décision de ce procès a été mise en délibéré au 18 juin.