Les commerces essentiels de la rue du Port à Clermont-Ferrand proposent un Click & Collect aux clients des autres magasins qui ont dû fermer leurs portes. Une initiative solidaire de plus pour se soutenir entre commerçants indépendants et dynamiser le quartier pendant le confinement.
« Au premier confinement déjà nous avions un local commun à tous les commerces indépendants de la rue pour organiser un Click&Collect. Quand nous avons appris que nous étions de nouveau confinés il fallait continuer d’aider les commerces fermés ! » explique Françoise Pinel la présidente de l’association des commerçants de l’Espace Delille, à Clermont-Ferrand. C’est alors très naturellement que les commerces essentiels de la rue du Port ont proposé dans leur boutique restée ouverte un Click&Collect pour relayer les colis des commerces fermés, comme l’emblématique boulangerie « Moderne » de la rue du Port. Ophélie Maillot, la propriétaire détaille : « L’idée c’est vraiment de faciliter la vie du consommateur qui pourra par exemple venir acheter sa baguette de pain, et en même temps récupérer le colis qu’il a commandé par exemple chez l’horloger fermé. » Une solidarité qui a toujours existé dans le quartier selon Rachel Sabattery, coiffeuse et copropriétaire du salon « O2 coiffure » qui habite depuis 11 ans dans cette rue. Elle précise : « Il existe des rapports différents entre petits commerces indépendants qu’entre grandes enseignes, on s’est toujours serrés les coudes ! »
« Le but est surtout de se rendre service entre commerçants »
Pour Ophélie Maillot qui s’estime chanceuse de pouvoir garder sa boulangerie ouverte pendant le confinement, cette initiative est surtout « l’occasion de se rendre service du mieux qu’on peut entre commerçants. » Elle ajoute : « Ma boulangerie proposait déjà du Click & Collect pour des produits locaux, alors proposer en plus ceux d’un commerce fermé voisin c’est avec grand plaisir ! D’autant que nous sommes ouverts le dimanche ce qui permet aux clients de venir 7j/7 ». Pour le moment elle n’a pas encore eu de demandes des commerçants fermés. Même combat pour Krystophe Dumas, opticien qui proposait déjà dans son commerce un Click&Collect pour Chronopost et n’a pas hésité une seconde. Il détaille : « Un de mes magasins d’optique dans un centre commercial a été fermé et si on m’avait proposé ce système au sein de la galerie j’aurais sauté sur l’occasion ! » Un relai qui peut s’avérer très intéressant pour les commerçants qui n’habitent pas sur place, précise Françoise Pinel. C’est le cas de Mathilde André, qui a ouvert sa boutique d’art « Artelier » en septembre dernier et fait constamment des allers retours pour pouvoir peindre dans son commerce. Elle se laisse le temps de réfléchir à la proposition : « Pour le moment je ne vends pas en ligne mais si le confinement venait malheureusement à durer ou à se reproduire cette initiative pourrait m’intéresser ! Ça pourrait aussi permettre de faire connaitre mes créations dans des commerces très fréquentés comme la boulangerie ! »
« Faire vivre la rue même pendant le confinement »
Un projet mis en place également pour dynamiser pendant le confinement cette rue marchande mythique du centre ce Clermont-Ferrand et conserver la clientèle. Mais si l’initiative est saluée par tous les commerçants fermés, pour le moment la plupart d’entre eux tiennent à assurer eux-mêmes leur Click&Collect ou vente sur Facebook pour « continuer à faire vivre leur commerce fermé du mieux qu’ils peuvent ». Comme le précise Jonathan Thioulouze, propriétaire de la boutique de figurines « Monts et merveilles » qui ouvre son store simplement pour distribuer les colis et garder le lien avec ses clients. Il explique : « Je ne suis pas un commerce essentiel, les gens n’ont peut-être pas d’utilité pendant ce confinement à venir acheter une figurine d’Harry Potter par exemple, mais si jamais il y a des commandes je reste disponible pour échanger avec eux et les conseiller ! Pendant le confinement il ne nous reste que ce lien ! »
Garder le lien avec la clientèle
Un lien d’autant plus essentiel lorsqu’il s’agit de la vente de pièces uniques, précise Marjorie Herrero, artiste et propriétaire du commerce Herrero & Co dans la rue. Elle n’organise pas de Click&Collect mais reçoit des commandes sur Facebook. « J’ai besoin de rencontrer les gens pour qui je peins, alors quand je cale un rendez-vous je m’arrange toujours pour être disponible. J’ai la chance de pouvoir vivre juste à côté », ajoute-t-elle après avoir livré un tableau à sa voisine commerçante. Si pour le moment l’initiative n’a pas remporté un franc succès, pour Françoise Pinel l’importance est que les commerces indépendants du quartier se sentent soutenus. Elle ajoute : « Le Click&Collect est plus dur à mettre en place dans une rue de commerces indépendants car les achats se font souvent au coup de cœur, c’est pour ça que nous avons hâte que les commerces rouvrent. » En attendant la réouverture, elle continue de réfléchir à toutes les initiatives qui permettent selon elle « de garder le lien spécial qu’il existe entre les commerçants de cette rue depuis toujours ».