A Clermont-Ferrand, la société de chimie verte spécialisée dans les enzymes Carbios a inauguré mercredi 29 septembre son démonstrateur industriel. Installé sur le site Michelin de Cataroux, ce prototype est une dernière étape avant la construction d'une première usine d'ici 2025.
A partir de bouteilles en plastique, un déchet ordinaire, la société de Clermont-Ferrand Carbios veut créer une matière première parfaitement pure. La clé de cette transformation réside dans des enzymes qui vont découper les molécules. Le procédé mis au point par Carbios est efficace à 97% en à peine 16 heures L'entreprise auvergnate de chimie verte a inauguré mercredi 29 septembre son démonstrateur industriel, étape-clé avant la construction de sa future usine. Ce démonstrateur "va nous permettre d'éprouver (...) notre technologie, c'est une étape importante", mais "l'étape suivante sera aussi de construire cette première usine de référence" d'une capacité de 40 000 tonnes par an", a déclaré Jean-Claude Lumaret, directeur général de Carbios, lors de l'inauguration sur le site Michelin de Cataroux qui abrite l'unité.
"Avec le procédé Carbios, on crée cette économie circulaire du futur"
Le directeur scientifique de Carbios Alain Marty explique : « L’objectif est de créer une économie circulaire. Aujourd’hui, à partir de la pétrochimie on fait des monomères, puis on fait du plastique. Avec ce plastique on fait des objets, une bouteille par exemple. On l’utilise une fois et elle finit en déchet. Avec le procédé Carbios, on crée cette économie circulaire du futur qui va permettre de recycler à l’infini la matière et donc d’éviter d’avoir des déchets en plastique ». Il a fallu 10 ans pour passer de l'idée au démonstrateur capable de traiter 100 000 bouteilles ou 10 000 t-shirts en dix heures. Après avoir été transformés en granules, les déchets plastiques sont transférés dans un réacteur de 20 000 litres.
Le soutien de nombreuses entreprises
Au total, ce sont 10 années de recherche à Saint-Beauzire et à Toulouse qui ont permis de créer cette technologie radicale, unique au monde. Martin Stephan, directeur général de Carbios, s’en félicite : « Je pense qu’on s’en sortira par le haut et pas par le bas. C’est la technologie, que ce soit dans l’énergie, dans la gestion des déchets, qui fera que la Terre va rester vivable pour 9 milliards d’êtres humains qui vont peupler la Terre dans quelques années ». Parmi les associés de Carbios, Nestlé, l'Oréal, Pepsi ou Perrier, ainsi que Michelin, l’hébergeur de cette entreprise présentée comme une pépite, une future licorne qui a levé 160 millions d'euros depuis 2017, comme le rapporte Nicolas Seeboth, directeur de la recherche polymères Michelin : « Dans notre feuille de route de 40% de matériaux durables en 2030 et 100% en 2050, le polyester et les technologies de Carbios sont nécessaires pour atteindre nos objectifs. »
Un projet d'usine
La première usine, c'est Carbios qui la construira, en France peut-être, mais le pays ne compte pas de fabriquant de PET, un plastique pétrosourcé. Le PET permet de fabriquer bouteilles, barquettes et textiles représentant 70 millions de tonnes sur les 400 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde. "On va générer des données technologiques de façon à (...) commencer à licencier le procédé et construire cette première unité industrielle" dans la deuxième moitié de 2022, a précisé de son côté Martin Stephan directeur général délégué. Le fabriquant de PET, auquel sera adossée l'usine, devrait être identifié "d'ici la fin de l'année", a-t-il ajouté, indiquant que trois producteurs européens s'étaient montrés "intéressés". Cette première unité, qui va permettre de valider le procédé, devrait démarrer début 2025. D'un coût d'environ cent millions d'euros, elle sera financée par Carbios en partie grâce à une levée de fonds de 114 millions d'euros effectuée au printemps via une augmentation de capital.