Clermont-Ferrand : non, il n'y avait pas 55 000 gilets jaunes place de Jaude et aucun hélicoptère n'a tiré sur la foule

Pendant la manifestation des gilets jaunes du 23 février à Clermont-Ferrand, plusieurs intoxs ont circulé sur Internet. Parmi les deux plus importantes, l'une était assez facile à infirmer, l'autre, un peu plus coriace car émise par un média fiable. Vérifications et explications.

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À en croire Internet, Clermont-Ferrand était à feu et à sang. Pour le 15ème samedi consécutif, des gilets jaunes se sont effectivement mobilisés le 23 février. Ils ont bénéficié du renfort de manifestants venus de toute la région, et des heurts ont éclaté. Mais les évènements n'étaient pas aussi apocalyptiques que ne le laissent entendre de fausses informations relayées sur Internet.

55 000 personnes place de Jaude ?

Une photo diffusée sur Twitter a rapidement été partagée des centaines de fois, et atteignait 1500 retweets et autant de mentions "J'aime" 24 heures plus tard. L'image montre une place de Jaude pleine à craquer, occupée par une foule vétue de jaune. Selon la légende renseignée par l'internaute "Leloup_Jc", il s'agirait de la situation en direct. En réalité, cette photo date du 2 mai 2015. Ce samedi là, 55 000 personnes étaient effectivement réunies place de Jaude pour regarder sur un écran géant la finale de la Coupe d'Europe de rugby, qui opposait l'ASM Clermont au RC Toulon (match perdu par les Auvergnats, 18 à 24). La supercherie aura sûrement sauté aux yeux des Auvergnats, qui, s'ils n'ont pas assisté à ce match, auront tout de même distingué que la foule était vétue de jaune mais également de bleu, les deux couleurs du club.

Pour les non-Auvergnats, il était moins facile de découvrir le pot aux roses, mais pas impossible. D'abord, l'internaute qui partage cette information est totalement inconnu : cela ne veut pas dire qu'il ment, mais cela nécessite de recouper l'information avec d'autres sources. Ensuite, en regardant de plus près l'image, on peut voir des arbres étonnement verts pour un 23 février, on peut donc se demander si la photo vient vraiment d'être prise.

Par ailleurs, la photo suggère que des dizaines de milliers de personnes étaient réunies place de Jaude, tandis que les chiffres officiels qui circulaient faisaient état de quelques milliers de manifestants tout au plus. Le décompte des manifestants est une discipline peu évidente, et il peut parfois y avoir des différences allant du simple au double entre les chiffres annoncés par les forces de l'ordre et ceux des organisateurs de manifestation (les médias donnent généralement les deux informations, ou une estimation réalisée de manière indépendante). Dans le cas présent, les organisateurs les plus "généreux" annonçaient 6 000 manifestants, soit dix fois moins que cette image !

Enfin, pour être totalement sûr que l'information était fausse, il existe pour ces situations une astuce, employée par certains internautes. Les grandes villes de France disposent souvent de webcams accessibles en ligne, diffusant en direct la situation sur des lieux touristiques ou importants. En allant vérifier sur le site de la municipalité de Clermont-Ferrand, on trouvait effectivement une webcam qui montrait une réalité un peu différente.
 

Des grenades lacrymogènes tirées depuis un hélicoptère ?

Une autre information, pour le moins inquiétante, a circulé dans l'après-midi du 23 février. Des policiers lanceraient des grenades lacrymogènes sur la foule depuis un hélicoptère. Dans une vidéo relayée par un compte twitter mais également sur facebook, on peut entendre une présentatrice de la chaîne d'information en continu LCI expliquer que "l'hélicoptère a lancé des grenades lacrymogènes. Moi c'est la première fois que je vois cela." L'information est incroyable, grave même, et il était plus facile d'y croire, puisqu'elle émane d'une chaîne d'information reconnue, qui dispose de journalistes sur le terrain. Comme toujours, le message diffusé sur Internet par un inconnu mérite moult précautions. Mais dans ce cas, aucune tricherie de sa part, sa vidéo n'a en rien été falsifiée et date bien du 23 février. Cette fois, ce sont les journalistes qui se sont trompés, et qui se corrigent dix minutes plus tard, comme le souligne Checknews : "On n’a pas eu la confirmation exacte que c’est cela. Il semblerait aussi que ce soit des gendarmes qui soient postés en hauteur et qui font des tirs en cloche et qui donnent la sensation que ça tombe par le ciel. "

Pour l'internaute qui ne regardait pas LCI à ce moment, et n'a donc pas pu voir la correction réalisée dix minutes plus tard, il était facile de tomber dans le piège. Mais dans des conditions d'actualité chaude et de grande confusion, la vigilance reste de mise face aux informations "extra-ordinaires", même lorsqu'elles proviennent d'un média fiable. Les journalistes ne sont pas infaillibles, a fortiori lorsqu'ils traitent une actualité chaotique en direct sur le terrain, comme ce fut le cas place de Jaude ce 23 février. La seule solution dans ce cas, et comme pour chaque information qui semble sortir de l'ordinaire, reste de la vérifier en recoupant avec d'autres sources.
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