A Clermont-Ferrand, un adolescent non-voyant est devenu populaire sur les réseaux sociaux grâce à ses constructions en Lego. C’est dans sa chambre que Sacha Olivier, 14 ans, réalise d’impressionnantes figures qui ont même attiré l’attention de la marque.
C’est dans sa chambre d’un appartement de Clermont-Ferrand que Sacha Olivier, jeune non-voyant de 14 ans, travaille sur ses constructions en Lego. Il y passe parfois jusqu’à 6 heures par jour. Lors du premier confinement, sa sœur aînée lui a proposé de lui créer un compte Instagram afin de publier des photos de ses créations. Désormais, sa page compte plus de 3 000 abonnés et a même attiré l’attention de la marque. « Je suis passionné par les Legos depuis plusieurs années, depuis que je suis tout petit. Pour faire des Legos quand on est non-voyant, il faut avoir beaucoup d’imagination et surtout bien avoir les plans en tête. Instagram, ça me permet de partager mes constructions avec les gens que je connais, d’avoir leurs avis et leurs conseils », explique Sacha. Il faut aussi une certaine organisation. Sur son bureau, l’adolescent a une dizaine de tiroirs où ses briques sont classées méthodiquement, et gare à celui qui rangerait une pièce au mauvais endroit.
"Les Legos, ça m’a aidé psychologiquement"
Enfant, Sacha réalisait des constructions en Lego sur plan avec son père. Il a ensuite été victime d’une maladie, une tumeur qui lui a fait perdre la vue progressivement. Devenu totalement non-voyant en 2019, il continue pourtant à exercer sa passion pour les Legos : « Quand j’ai perdu la vue, les Legos, ça m’a aidé psychologiquement. Quand je fais mes Legos, ça me détend. Quand j’étais petit, je préférais faire les constructions des boîtes. Depuis qu'un magasin spécialisé de la marque est arrivé à Clermont, je me suis mis à faire mes propres constructions », explique Sacha.
Grâce à sa mère, qui lui décrit les modèles, et à l’image mentale qu’il se fait des constructions, il réussit à réaliser d’impressionnantes structures en quelques jours. « Je dis à maman de me décrire les constructions, je les mélange et je me fais mon propre plan, puis je le refais », précise Sacha.
Des créations très précises
Pour sa mère Silham, voir son fils se consacrer à sa passion est une fierté : « Il a toujours rebondi, il a toujours fait ce qu’il avait envie. Rien ne l’en empêche. Il a toujours aimé faire des choses de ses mains, faire des arts plastiques, de la poterie… Il a pu continuer à en faire grâce aux Legos. Il arrive à se faire des images mentales très précises, à avoir une vision claire dans l’espace. » Chaque jour, Sacha se lève de bonne heure, écoute la radio et joue avec ses Legos avant de se rendre au collège : « Certains de mes camarades me suivent et ils apprécient bien mes constructions. Parfois, j’en fait en rapport avec l’école, pour la rentrée par exemple ». Méthodique, Sacha fonctionne grâce au toucher et compte chaque pièce qu’il utilise, afin de créer des constructions avec le plus de réalisme possible.
"On a été contactés par des responsables danois"
Grace à sa page Instagram, il a notamment remporté un concours organisé par le célèbre youtubeur Squeezie. Il a remporté 1 000 euros de Lego : en plus d’une boîte Harry Potter, Sacha a choisi pièce par pièce les briques de sa récompense.
Il a surtout attiré l’attention de la direction de la marque, au Danemark, qui l’a contacté pour échanger avec lui : « On a été contactés par des responsables danois qui ont vu la page Instagram de Sacha, qui ont adoré ce qu’il fait. Ils nous ont parlé au téléphone pour savoir comment il s’y prenait et ils ont trouvé ça génial. Ils nous ont proposé de rencontrer des concepteurs pour qu’ils puissent échanger, à la Lego House. On attend juste que les déplacements soient permis. Il est encouragé partout », se réjouit Silham.
Créer sa propre boîte de Lego, son rêve
Cette notoriété lui permettra peut-être de réaliser son rêve : concevoir lui-même des boîtes de Lego : « J’aimerais créer une boîte qui serait commercialisée. Ça sera mon plus grand rêve. Lego est en train de faire des plans en audio sur internet. On peut les trouver et les écouter pour faire des constructions », explique Sacha. Il souhaiterait, dans un futur proche, avoir le descriptif des pièces en braille dans les boîtes, pour pouvoir créer toujours plus de modèles.