Plus de 700 enseignants ont déflié ce samedi 30 mars en fin de matinée dans les rues de Clermont-Ferrand, à l'appel des leurs principaux syndicats. Une mobilisation contre la loi "pour une école de la confiance" et la réforme du lycée, entre colère et inquiétude.
Ils étaient plus de 700, venus de toute la région, à se réunir dès 11h place Delille, à Clermont-Ferrand. Ce samedi 30 mars en fin de matinée, une manifestation était en effet organisée par les principaux syndicats enseignants, qui appelaient à une journée d'action contre la loi "pour une école de la confiance" et la réforme du lycée mais aussi dénoncer "l'autoritarisme" du ministre Jean-Michel Blanquer.
Le 19 mars dernier, les enseignants avaient déjà été nombreux à se mettre en grève lors d'une journée de mobilisation interprofessionnelle: 24% dans le premier degré, selon le ministère, 40% selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, soit le taux
de grévistes "le plus haut depuis 2017".
Les raisons de cette mobilisation ? Le projet de loi du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, "sur l'école de la confiance", qui au sein du monde enseignant, suscite globalement la défiance. Voté par l'Assemblée nationale, il doit encore passer début mai devant le Sénat.
Ce qui a particulièrement mis le feu aux poudres, c'est un amendement au projet de loi qui, s'il est adopté, donnera naissance à des "établissements publics des savoirs fondamentaux", dont l'objectif sera de rassembler en une seule entité un collège et une ou plusieurs écoles du même secteur. Ce qui fait redouter à certains la disparition des directeurs d'école.
Des craintes exprimées par Gaelle Sipos, une directrice d'école venue ce samedi de Gannat : "Ils veulent regrouper autour d'un collège toutes les écoles du secteur, ce qui signifie que l'on dépendra tous du même chef d'établissement. Les directeurs d'école n'auront donc plus aucun intérêt d'un point de vue administratif... Le risque c'est donc qu'ils suppriment les postes de directeur, ce qui leur permettrait de récupérer des postes d'enseignant, car pour exercer ses fonctions un directeur à des décharges mais aussi une prime... Et au final il y aura une fois de plus une perte du lien avec les parents".
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, s'est défendu jeudi de vouloir "imposer" les regroupements écoles-collèges. Il se dit par ailleurs prêt à ajouter la nécessité de "l'accord de la communauté éducative" dans le texte du projet de loi, "si cela permet de rassurer définitivement".
La réforme du lycée, qui supprime les séries l'an prochain en Première, a aussi de nombreux détracteurs. Depuis plusieurs semaines, des enseignants mènent des "actions de désobéissance" dans toute la France pour montrer leur désapprobation: démission de la fonction de prof principal, note de 20/20 à tous les élèves, boycott des conseils de classe...
Plusieurs syndicats ont d'ores et déjà appelé à une nouvelle journée nationale de grève et mobilisation le 4 avril.