Vendredi 28 mai, des assistants de régulation médicale du SAMU de Clermont-Ferrand sont en grève. Ils s’inquiètent de la mise en place d’un numéro unique d’urgence, le 112, qui pourrait « retarder les secours » selon eux.
Vendredi 28 mai, une grève illimitée a débuté parmi les assistants de régulation médicale du SAMU de Clermont-Ferrand, à l’appel du syndicat FO. Les représentants syndicaux estiment que le mouvement est suivi à 90 % par les agents mais il ne perturbe pas la prise en charge des appels car les assistants de régulation sont réquisitionnés. Si FO a lancé un appel à la grève, c’est parce que les assistants de régulation s’inquiètent de la mise en place d’un numéro unique d’urgence, le 112. Ce numéro existe déjà en France, mais il cohabite avec les numéros dédiés : le 18 pour les pompiers, le 15 pour le SAMU et le 17 pour la police. Jeudi 27 mai, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité des expérimentations d'un numéro unique pour les appels d'urgence, testant trois modalités : un rapprochement de "l'ensemble des services" (numéro 15, 17 et 18), un rassemblement sans "police-secours" (15 et 18), ou un simple "regroupement" du SAMU et des médecins de garde en lien avec les autres services d'urgence (15 et permanence des soins).
C’est une perte de chance pour les patients
Cette réforme n’est pas souhaitable selon Bruno Blanchard, délégué FO et assistant de régulation médicale à Clermont-Ferrand : « On est contre la mise en place du 112. On va mettre en place ce numéro avec une personne qui va répondre aux appels d’urgence et qui va dispatcher ensuite aux différents services, selon ce qu’elle a compris, vers la police, le SAMU ou les pompiers. En parallèle, on nous impose une certification pour pouvoir répondre aux appels d’urgence et ce n’est pas cohérent. Les gens qui vont appeler pour une urgence médicale vont tomber au 112. Ce ne sont pas des gens qui ont notre formation qui vont répondre. C’est une perte de chance pour les patients car il va y avoir plusieurs interlocuteurs et ça retarde les secours ».
On considère qu’un appel santé doit être décroché par un professionnel de la santé
Le délégué FO poursuit : « Actuellement, les gens qui appellent pour un malaise avec perte de connaissance composent le 15. Ils tombent sur un assistant de régulation médicale. On a des questions type à poser, avec notre expérience et notre formation. Sur un malaise avec perte de connaissance, on peut par exemple détecter un arrêt cardiaque. On craint des retards de secours avec la mise en place du 112. On considère qu’un appel santé doit être décroché par un professionnel de la santé. Il ne faut pas d’intermédiaire entre le SAMU et les patients, c’est une perte de temps. C’est une perturbation du message. La régulation du SAMU sert à éviter les départs de secours pour rien, l’engorgement des hôpitaux ».
Le soutien d'un médecin
Bruno Blanchard ajoute : « Quand un assistant de régulation médicale prend un appel, il le fait obligatoirement réguler par un médecin. C’est là la différence. On peut déclencher les premiers secours si on détecte un arrêt cardiaque. Ensuite on passe l’appel au médecin. Ce dernier fait un diagnostic et envoie les secours les plus adaptés ». Les assistants de régulation médicale suivent actuellement une formation dans une école pendant 10 mois mais l’expérience sur le terrain s’avère primordiale. Bruno Blanchard formule également d’autres revendications qui nourrissent le mouvement de grève : « On nous demande une certification, même pour les personnes qui sont assistants de régulation médicale depuis plus de 20 ans. Elles doivent prouver leur compétence. Il faut qu’on soit certifiés avant 2023 pour pouvoir continuer à exercer et en même temps on va mettre en place le numéro unique. Les personnes qui sont en place depuis 20 ans vont avoir une évaluation de 2 heures sur leur poste de travail. On trouve cela inadmissible. On voudrait l’obtention de la certification pour les agents qui justifient au moins de 2 ans d’expérience. On voudrait aussi une grille de salaire spécifique ». En Auvergne Rhône-Alpes, des préavis de grève des assistants de régulation médicale ont été déposés dans le Puy-de-Dôme, le Rhône, l'Ardèche et la Haute-Savoie. On compte 25 agents à Clermont-Ferrand.