Clermont-Ferrand : Le Professeur Canis explique les raisons de sa démission des fonctions de chef de service du CHU

Le Professeur Michel Canis a démissionné mi-octobre de son poste de chef du service Gynécologie au Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand pour dénoncer les dérives financières du pilotage des activités. Il continuera comme médecin, mais dresse un tableau alarmant de la santé.
 

Le Professeur Michel Canis assume totalement sa décision de démissionner de ses fonctions de chef de servie Gynécologie au CHU de Clermont-Ferrand. Il s’en est expliqué auprès de Fabien Gandilhon :

Quel message voulez-vous faire passer ?
Michel Canis : "J’ai démissionné pour me remettre en accord avec moi-même parce que je pense que je ne peux pas être celui qui fait appliquer des restrictions budgétaires ou des règlements qui vont à l’encontre de ce que je pense moi. On nous prive progressivement de moyens, c’est graduel, c’est lent mais petit à petit c’est de plus en plus difficile de faire fonctionner les services, et le contexte de travail des infirmières, des médecins, des chirurgiens devient tous les jours un peu plus difficile et c’est ça que je veux dénoncer".

Comment vous observez au quotidien ce contexte de travail qui devient de plus en plus difficile ?
Michel Canis : "On nous demande sans arrêt de faire des économies, on nous demande sans arrêt de restreindre le nombre de lits, on nous demande d’opérer mais il faut absolument finir à l’heure parce qu’il ne faut absolument pas qu’il y ait d’heures supplémentaires pour le personnel parce que les heures supplémentaires ça coûte trop cher, etc, etc. Le secrétariat aussi est quelque chose d’extrêmement sensible dans les hôpitaux aujourd’hui : l’accès téléphonique pour les patientes devient de plus en plus difficile, elles ont beaucoup de mal à prendre rendez-vous. Probablement ici ça remplit les urgences. Il y a tout un tas de petites choses comme ça qui très doucement, très graduellement montrent que ça devient de plus en plus difficile de travailler dans ce contexte-là".

Qu’est-ce qui provoque ces difficultés, au départ ?
Michel Canis : "Je pense que c’est… on va employer un mot un peu désagréable, c’est le financement de la santé. Si on envisage la santé que comme un produit financier, si le but c’est un retour sur investissement et sans arrêt des économies, on se trompe d’objectif, on se trompe de cible et ça ne fonctionne pas très bien".

Quelles sont les solutions éventuellement pour régler le problème à votre niveau ?
Michel Canis : "A mon niveau tout seul, je n’ai pas la solution. Je pense qu’il faut que les médecins hospitaliers se regroupent, se lèvent et réfléchissent à ce qu’ils pensent pouvoir faire et à ce qu’il faudrait faire mais tout seul je n’ai pas la solution. Je ne suis pas un économiste de la santé, ce n’est pas du tout mon propos. Ce que je pense par contre c’est que les médecins qui travaillent dans l’institution et qui veulent qu’elle soit pérennisée, qui veulent que le service public perdure ont un certain nombre d’idées et de propositions à faire s'ils fonctionnent tous ensemble".

Le CHU de Clermont-Ferrand a réagi par un communiqué de la direction générale : "Le professeur CANIS pourra poursuivre ses activités de recherche, d’enseignement et cliniques auprès de ses patientes dans des conditions plus sereines.

Il exprime notamment son dépit face à la financiarisation de la santé ainsi qu’à son souhait d’opérer d’avantage et d’accéder aux plages opératoires dans des conditions facilitées. Pour autant, le CHU ouvre une salle d’intervention supplémentaire dans les plus brefs délais afin de renforcer la chirurgie viscérale et gynécologique. D’autre part, l’achat du matériel nécessaire au développement de l’activité est prévu dès 2019.

Il est vrai que le taux d’occupation du service autorise à penser que certains lits non-occupés pourraient recevoir des patients hospitalisés permettant d’alléger le service post-urgence toujours en tension en période hivernale.

 « L’école de gynécologie de Clermont-Ferrand » se poursuivra puisqu’un nouveau chef de service sera nommé très prochainement parmi les élèves et successeurs de Monsieur le Professeur CANIS, dans cet esprit de développement du service public hospitalier"
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Le Professeur Michel Canis détaille les raisons pour lesquelles il renonce à sa fonction de chef du service Gynécologie du CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

 

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