Clermont : superbe hommage à Aurélien Rougerie, entre larmes et nostalgie

Samedi soir, l’ASM jouait contre Toulouse dans un stade Michelin plein à craquer. Pas à cause de l‘enjeu, il n’y en plus cette saison. Mais  c’était le dernier match de Roro, et les supporters, aussi fidèles à leur club que lui, tenaient à le remercier et lui dire au revoir.

L’homme est plutôt discret d’habitude. Son départ le sera un peu moins, grâce à ses supporters venus remplir les rangs du stade. Le match n’a pas encore commencé que son nom illumine déjà la pelouse, de ses 4 lettres géantes : RORO. Et quand son nom vient à être cité : "et le numéro 13, pour sa dernière, Aurélien…", c’est un bruit de tonnerre qui rugit "Rougerie".




Et là, imaginez. Un stade à guichet fermé se levant pour rendre hommage à ce joueur hors normes. Dix-neuf mille personnes debout, un masque de Rougerie sur le visage, et applaudissant leur héros. Eh bien ça marche… Ca nous ferait presque frissonner, alors que rien n’a vraiment débuté. De toutes, façons, quasiment tout le monde est là pour la même chose : rendre hommage à celui qui les a fait vibrer pendant tant d’années. Un "grand joueur", un "monument", "un mythe"… Dans les gradins, aucun mot ne semble trop fort pur le qualifier. Alors quand les jaune et bleu répondent au bout de 5 minutes de jeu à l’affront du Stade toulousain, grâce à un bel essai collectif dans lequel Aurélien Rougerie a une nouvelle fois montré sa détermination, rampant ballon en main pour grappiller quelques centimètres, l’excitation monte encore d’un cran dans un stade chauffé à blanc.



Il faut dire qu’ils sont nombreux, ceux qui ne voulaient le rater sous aucun prétexte. Comme Marie-Lou et Maureen, 22 ans, venues de Montluçon  et qui ont posé leur week-end pour venir assister au match. Pour elles, l’ASM n’a jamais existé sans Roro. L’équation est donc simple : ASM = Rougerie, Rougerie=ASM. Après ce match, elles ont du mal à imaginer ce que le club va devenir. Elles savent juste que rien ne sera plus pareil. Car Roro est un  "leader, un chef guerrier, un sage. Un joueur calme qui sait apaiser, motiver et aiguiller ses coéquipiers sur le terrain."



Et sur le terrain, ça fonctionne. L’ASM qui a encaissé un deuxième essai réagit, calme et concentré. Pourtant, les attaques toulousaines se rapprochent, de plus en plus dangereuses. Mais le numéro 13 tient bon, se jette en avant, se fait plaquer et se relève. Anne est supportrice depuis 10 ans, depuis qu’elle est arrivée en Auvergne et qu’elle a découvert l’ASM de Rougerie. Alors ce soir, c’était une évidence : elle a même emmené son fils pour la première fois. Pour lui montrer ce grand joueur, fidèle comme aucun autre. Dix-neuf saisons auprès de l’ASM, le club qui l’a formé, pour lequel il a toujours joué, et avec lequel il compte passer sa retraite de joueur en détectant les jeunes prometteurs et les recrutant.

Mais en attendant cette nouvelle vie, cette nouvelle ère, chacun savoure ce dernier moment avec celui que certains voient comme un  papa ou comme un grand frère…. D’autant que le match, ce dernier match, n’est pas des plus reposants pour les nerfs. Et lorsque l’ASM semble prendre l’avantage, enfin, juste avant la mi-temps, l’appel à la vidéo de l’arbitre est plutôt mal perçu. Finalement, à la pause, l’ASM mène 24 à 21, pour la première fois du match. Et l’espoir d’offrir une belle sortie à Roro renaît dans le coeur de chacun.



Retour des vestiaires : l’énergie est là, sur la pelouse et dans les tribunes. Les tambours battent le rythme, et les chœurs font le reste. Pour Aurélien Rougerie, le temps continue à s’égrainer, imperturbable. Dans 40 minutes maximum, tout cela sera fini. Sa vie depuis 19 ans, sans interruption ou presque. Les entraînements, la musculation, les sacrifices, les matches : 418 sous le maillot jaune et bleu. Les essais et l’excitation qui les accompagne, aussi : 134, un record historique.

22h12 : c’est finalement la sortie d’une légende. Il est remplacé par Damian Penaud, de 16 ans son cadet, un symbole voulu par l'ASM. Sur le terrain, le match continue, mais dans les tribunes, le temps s’est arrêté. Standing ovation, remerciements réciproques, des supporters au joueur, du joueur à ceux qui l’ont soutenu depuis tant d’années. Pendant plusieurs minutes, les "merci Roro" raisonnent, à l’unisson et dans la joie. Une haie d'honneur est même formée par les clermontois et certains toulousains, pour l'accompagner. Et quelle que soit l’issue du match, l’essentiel est là. Une nouvelle fois, Aurélien Rougerie aura été irréprochable. "Un gars moral, droit, fair-play… Un exemple, un modèle.



Des supporters qui ont bien du mal à arrêter de crier son nom alors qu’il s’est installé sur le banc des remplaçants  pour regarder la fin du match, et les nouveaux assauts du Stade toulousain. Morgan Parra creuse finalement un peu l’écart grâce à une pénalité : 33 à 26 pour l’ASM. Si ça continue, ils pourraient même réussir à lui offrir cette victoire de départ, si on peut appeler ça comme ça. Et ça continue, autre pénalité tirée cette fois par Greig laidlaw. Ca passe encore. Sous l’œil du chef, même s’il est assis, on sent de l’application. Et une volonté farouche de lui apporter cette victoire sur un plateau. L’équipe y croit, les milliers de supporters aussi.


©France 3 Auvergne-Rhône-Alpes


Et ils ont raison. Quelques minutes plus tard, le coup de sifflet final retentit, laissant la place à une joie non feinte. Tous se rejoignent sur le terrain, staff, coéquipiers, ceux qui restent, ceux qui partent. C'est le moment des tapes amicales, des sourires, mais aussi des discours et des remerciements. Celui que tous attendent, c'est encore lui, l'enfant du pays, le clermontois de sang et de coeur. Et s'il commence par remercier ce club, "mon club", c'est parce qu'il "lui a permis de grandir en tant que joueur et en tant qu'homme", ajoutant d'ailleurs qu'il allait "tirer sa révérence sur le terrain mais il serait encore au club pour les martyriser." Un éclat de rire avant de rendre hommage, des sanglots dans la voix, à Monsieur José, le jardinier du stade qui les a quittés un an plus tôt. Puis de se reprendre, souhaitant à tous une bonne intersaison, et des retrouvailles l'année prochaine.



Mais ce n'était pas la fin, pas encore. Quelques surprises avaient été préparées pour ce pilier de l'ASM. Des cadeaux, bien sûr, mais aussi une chanson reprise par 18 000 voix grâce à un karaoké : "On a tous quelque chose en nous de Rougerie". Enfin, un tour de pelouse sur les épaules de ses partenaires pour saluer son public, toujours prêt à chanter, à remercier et à communier avec celui qui les a fait rêver tant d'années.

©France 3 Auvergne-Rhône-Alpes


Si ce match était le dernier d’Aurélien Rougerie, il l’était aussi sous le maillot de l’ASM pour 7 de ses coéquipiers. Raphaël Chaume est là depuis 10 ans et a disputé 152 matches en jaune et bleu. Noa Nakaitaci joue à Clermont depuis 9 ans, avec 135 matches à son actif. Scott Spedding est arrivé en 2015 et a joué 56 matches avec l’ASM. David Strettle a  lui joué 60 matches depuis 3 ans. Aaron Jarvis, présent depuis 2 ans, a quant à lui disputé 40 matches sous les couleurs de l’ASM. Luke Mc Alister, à Clermontydepuis l'année dernière, a joué 9 matches. Enfin, Mali Hingano, arrivé en cours de saison, a joué 2 matches.

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