La société Carbios, basée près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a annoncé mercredi 27 février avoir produit les premières bouteilles en PET à partir de matières premières biorecyclées par des enzymes. Cette nouvelle technique devrait permettre d’améliorer le recyclage des plastiques usagés.
C’est un grand progrès qui vient d’être accompli dans le recyclage des matières plastiques, et il est auvergnat. La société Carbios, basée à Saint-Beauzire, près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a annoncé mercredi 27 février avoir produit les premières bouteilles en PET fabriquées à partir de matières premières biorecyclées par des enzymes.
Pour comprendre cette innovation, il faut faire un peu de chimie. Le plastique “PET” qui constitue bon nombre de nos bouteilles est un polymère, une grosse molécule issue de l’assemblage de deux monomères : l’acide téréphtalique purifié (rPTA) et l’éthylène glycol (ou MEG). La technologie mise au point par Carbios repose sur des enzymes, des “ciseaux chimiques” qui vont découper la molécule de PET pour retrouver les ingrédients d’origine. On peut alors les réutiliser pour fabriquer un PET “neuf”.
Un progrès pour le recyclage des plastiques
En parvenant à fabriquer des bouteilles à partir des ingrédients ainsi récupérés, la société auvergnate a voulu “boucler la boucle” en montrant que son procédé peut s’intégrer dans un cycle complet de recyclage.Cette innovation est importante car elle ouvre la voie à une valorisation plus large des bouteilles en PET, qui est limitée par les techniques actuelles. Elles consistent à broyer le plastique et à le faire fondre, mais cette manière de procéder ne permet pas de retrouver à l'identique les propriétés du matériau d’origine : il faut donc mélanger le PET recyclé à du PET “neuf” pour fabriquer des bouteilles. Et surtout, le procédé a du mal à traiter les plastiques complexes, colorés ou opaques.
Le procédé de la société auvergnate est annoncé comme bien plus efficace : Carbios annonce que son enzyme permet de retrouver 97 % des constituants d’origine en seulement 16 heures. Surtout, l'entreprise affirme être capable de décomposer tous les types de PET, qu’ils soient opaques, transparents ou colorés. Même les PET utilisés dans le textile peuvent être traités. Quant au coût, Carbios vise une solution qui permette d’obtenir des matières premières “au prix du marché”.
Actuellement en “phase pilote”, la société va maintenant mettre en oeuvre son procédé à plus grande échelle. Cet été, elle va entamer la construction d’un démonstrateur industriel au sud de Lyon. Il devrait être opérationnel entre fin 2020 et début 2021. Carbios espère ensuite concéder des licences pour que des industriels utilisent sa technologie à l’horizon 2022 - 2023.