Coronavirus : comment une Auvergnate, installée au Canada, participe à la recherche d'un vaccin

Clermontoise installée au Canada, Elodie Pastural est spécialiste en immunologie pour le centre de recherche de l'université de la Saskatchewan, l'un des labos en course au niveau mondial pour trouver un vaccin contre le coronavirus Covid 19. Un vaccin qui ne sera pas disponible avant 12 à 18 mois.

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Le Centre de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses de l'Université de la Saskatchewan, VIDO-InterVac en anglais, c'est plus de 160 personnes. Et notamment une unité dirigée par le docteur Daryl Falzarano qui travaille depuis de longues années sur la famille des coronavirus.
A leur actif déjà plusieurs vaccins contre des formes de maladies impliquant des coronavirus et touchant des animaux. Fort de cette expérience, le laboratoire vient de toucher 28 millions de dollars de subvention pour financer ses recherches contre le Covid 19 et développer ses équipements pour fabriquer les vaccins. Ce vaccin canadien actuellement en test est l'un des 40 ou 45 vaccins candidats au niveau mondial.

Nous avons fait le point sur l'avancée de ces recherches avec Elodie Pastural, auvergnate, originaire de Clermont-Ferrand, installée au Canada et docteure en immunologie à VIDO-InterVac.


Elodie vous êtes immunologue au centre de recherche sur les vaccins de l'université de la Saskatchewan, quelles sont vos pistes de travail ?


Nous avons plusieurs vaccins candidats que nous testons actuellement. Vous le savez, il y plusieurs stratégies pour développer un vaccin, le virus lui-même inactivé ou atténué ou bien on peut aussi utiliser comme antigène des petites parties des protéines codées par ce virus. Je ne peux pas vous dire quel antigène nous avons choisi, c'est évidemment confidentiel, mais nous le testons avec plusieurs adjuvants pour renforcer la réponse immunitaire.


Quelles sont vos méthodes ? 


Nous testons nos vaccins sur des animaux qui reproduisent les pathologies humaines. VIDO-Intervac a montré que les furets et les hamsters dorés développaient une pathologie qui ressemblait beaucoup à celle de Covid 19 chez les être humains.
Nous vaccinons des furets avec notre vaccin candidat puis nous les infectons artificiellement avec le virus par le nez. Et ensuite nous comparons les furets qui ont reçu notre vaccin par rapport à ceux qui ne l'ont pas reçu. Nous espérons bien-sûr que ceux qui ont été vaccinés avec notre vaccin candidat ne développeront pas de pathologies. A ce moment-là, il s'agirait d'un vaccin validé sur les animaux.
Je dois préciser que nous suivons toujours les protocoles qui ont été approuvés par le comité d'éthique de l'université, de manière à minimiser le nombre d'animaux. Nous essayons toujours d'avoir un nombre minimum d'animaux tout en maintenant la validité statistique des résultats que nous produisons.



Il y des équipes partout dans le monde qui cherchent un vaccin, comment cela se passe-t-il entre vous ?


C'est vraiment un effort de collaboration international. Notre équipe de direction participe chaque semaine, à 5H00 du matin, ici à Saskatoon, à des réunions téléphoniques avec de nombreux instituts, sous l'égide de l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, pour voir où tout le monde en est.
On estime qu'il y au moins une quarantaine, peut-être quarante-cinq vaccins actuellement développés contre Covid-19 dans le monde.
C'est aussi une collaboration dans le sens ou ici, à VIDO-InterVac, nous testons des traitements expérimentaux qui nous ont été envoyés par d'autres instituts et également d'autres vaccins candidats. Nous avons en effet les capacités physiques de tester de nombreux traitements et vaccins en bio-sécurité de niveau 3 ( niveau de danger biologique concernant les agents dont la contagion peut se faire par l'air et qui peuvent avoir des conséquences sérieuses voire mortelles).



Quand espérez-vous trouver un vaccin ? 


C'est la question piège…
Dès le mois de mai, nous saurons si notre expérience avec les furets a bien fonctionné, si c'est le cas nous pourrons passer à l'étape suivante, le développement réglementaire. Et, ensuite, nous pourrons faire une demande d'essai clinique.
De manière très optimiste nous pouvons dire qu'il faudra de douze à dix-huit mois pour avoir un vaccin accessible. Alors qu'en général développer un vaccin classique prend une dizaine d'années jusqu'à la mise sur le marché.
Moi je suis en charge des affaires réglementaires. Je travaille avec Santé Canada, l'équivalent de l'Agence française du médicament, qui nous guide pour que toutes les conditions de sécurité et d’innocuité du vaccin candidat soit respecté. Nous allons faire tout ça en accéléré en réalisant ces taches en parallèle alors que normalement elles se font les unes après les autres.
Nous voulons être certains que le vaccin sera manufacturé dans les conditions les plus pures possible et qu'il ne soit pas toxique, avant d'être testé sur des êtres humains.



Participer à cette recherche mondiale c'est de la pression ? De l'excitation ?

C'est beaucoup de pression, bien-sûr, et de l'excitation, de faire partie de cet effort et ainsi être utile. Mais cette pression ce n'est rien par rapport à ce que peuvent vivre les personnes en première ligne comme le personnel soignant à l'hôpital.

 

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