Coronavirus, confinement, Tour de France : entretien avec Raphaël Geminiani depuis sa maison de retraite du Puy-de-Dôme

L’ancien champion Raphaël Geminiani observe avec inquiétude la crise sanitaire du coronavirus COVID 19, depuis sa maison de retraite près de Clermont-Ferrand. Il espère regarder le Tour de France cet été, mais pour l’heure, c’est l’épidémie qui bouleverse son quotidien.

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Confiné dans son appartement de sa maison de retraite, à Pérignat-sur-Allier (Puy-de-Dôme), en rez-de-jardin, où résident 21 pensionnaires, Raphaël Geminiani décroche son téléphone. Il a du mal à percevoir les premiers mots de son interlocuteur, perturbé par le son trop élevé de son téléviseur. La première impression ne laisse pas de place au doute : quand il décroche son téléphone, à 94 ans, Raphael Geminiani est toujours en grande forme, plein d’humour et d’une grande vivacité : « Je vais bien, on s’occupe de moi, on me prépare de bons repas, je suis presque en vacances ici… Mais, comme dans toutes les maisons de retraite, je n’ai pas le droit de recevoir de visite. J’ai vue sur le jardin, je vois les voitures passer. Il n’y en a pas beaucoup en ce moment. » Toutes ses phrases sont ponctuées d’un éclat de rire, comme pour chasser la morosité ambiante .

"Il va y avoir de la casse"

Le « grand fusil » est comme chez lui, à quelques centaines de mètres de son ancien domicile de Pérignat-sur-Allier. Devant sa télévision, il observe l’actualité, comme il savait observer les failles des adversaires dans le peloton avant de les flinguer. « Il va y avoir de la casse, c’est déjà un désastre pour les restaurants, les artisans… C’est incroyable qu’en 2020, il puisse arriver un truc pareil. » Raphaël Geminiani a connu la guerre, la vraie, l’occupation à Clermont Ferrand : « Ce n’était pas marrant, tu ne savais pas si tu pourrais manger, le 15 du mois, tu n’avais plus de ticket de rationnement. On a bien survécu, la preuve : je suis là ! A l’époque, c’était une affaire entre soldats, alors que là, ce sont des civils qui dérouillent. »

"J’ai peur pour le Tour de France"

Les infos tournent en boucle à la télévision, sans le moindre intermède pour le sport. Les courses cyclistes, comme le Giro qu’il avait failli gagner en 1955, sont annulées. Fils d’ouvrier Michelin, Raphaël ne peut même pas assouvir sa passion pour le rugby, sport qu’il a pratiqué à l’adolescence au poste de trois-quarts centre sur le stade des Gravanches. « J’ai peur pour le Tour de France, son annulation serait une catastrophe pour le cyclisme. Il y a 2 mois de travail pour organiser l’épreuve. Il ne faudrait pas que ça tarde [à s’améliorer], Madame Soleil nous manque pour le savoir… »

A presque 95 ans "il y a encore de bonnes années à vivre"

Derrière le téléphone, on perçoit le son de la télévision, toujours branché à fond, de polémique en polémique sur la pénurie de masques ou sur le traitement à la chloroquine, le médicament qui lui a sauvé la vie : «  On avait attrapé la malaria, sur le Tour de Haute-Volta en 1960 avec Fausto Coppi. J’avais 41 de fièvre, j’étais dans le coma, c’est un truc que j’ai vécu sans le savoir. A mon retour en France, l’Institut Pasteur m’a prescrit de la chloroquine. Ma femme a contacté l’entourage de Fausto pour lui conseiller le même traitement mais son médecin n’a rien voulu savoir et il est mort. Comme quoi, ça tient à peu de choses. 

Il est temps de raccrocher, le repas sera bientôt servi, accompagné d’un verre de rouge, comme tous les jours. Raphaël Geminiani promet que, dès la fin du confinement, nous prendrons une coupe. Le champagne est déjà au frais : « Si je n’avais pas le moral à presque 95 ans ça me ferait c... Il y a encore de bonnes années à vivre. »
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