Coronavirus COVID 19 : «Au début, les Français se disaient que le pire n'arrive qu'aux autres»

Pourquoi certaines personnes ne respectent pas le confinement lié à l'épidémie de COVID 19 ? Comment expliquer la ruée vers les supermarchés ? Romy Sauvayre, sociologue à Clermont-Ferrand, analyse nos comportements collectifs en cette période de crise. 

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Depuis le 17 mars, les Français vivent confinés chez eux pour ralentir la progression de l'épidémie de coronavirus COVID 19. Si les rues de Clermont-Ferrand comme partout en France sont désertées, certaines personnes continuent malgré tout de braver l'interdit en sortant sans l'attestation obligatoire. Nous avons interrogé la sociologue clermontoise Romy Sauvayre sur les raisons qui poussent des invidus à ne pas suivre les nouvelles règles collectives. 
 
Le confinement décidé par l'Etat pour stopper la transmission du virus est une mesure qui exige de renoncer à des libertés individuelles pour le bien de la collectivité. Est-ce difficile pour les individus de penser aux autres avant de penser à eux-même ?

Romy Sauvayre :
"Puisque tout le monde  œuvre en ce moment pour le collectif, on peut en effet se demander pourquoi certains d'entre-nous continuent à être individualistes. Il y a une règle qui a été imposée et à laquelle on adhère. Les messages des médecins, des autorités et des médias expliquent que cette règle permet de sauver des vies. Mais certaines personnes vont tout de même déroger à cette règle de confinement. Comment expliquer cela alors que leur comportement met en danger à court terme des millions de personnes ? C'est le manque de perception du risque qui pousse des gens à se comporter comme si le confinement n'était pas nécessaire. La menace est invisible, nous ne voyons pas le virus, ni les victimes. Des gens ne perçoivent pas le risque et mettent en danger la société. 
 
Certaines personnes donnent parfois l'impression d'adapter les règles à leur bon vouloir. Est-ce vrai ?

Il y a plusieurs motivations qui peuvent pousser les gens à rester chez eux. Il y a d'abord le comportement moral. Si je reste chez moi je sauve des vies, donc je me confine. Il y a une deuxième façon de suivre les règles en se disant que c'est l'Etat qui dit de faire ça, donc je suis les consignes. Ces deux comportements vont être ceux d'une majorité de Français. Mais il y en a d'autres qui vont adapter la règle avec des marges interprétatives en se disant par exemple : "il fait beau donc je sors me promener en campagne et comme je ne croise personne je mets pas les gens en danger". Ces personnes ne perçoivent pas le risque qu'elles prennent en s'accordant des libertés vis-à-vis de la règle. 

Faut-il donc être anxieux pour réagir de la bonne manière face à l'épidémie ?

Toute personne est potentiellement porteuse du virus et peut vous contaminer. C'est quelque chose d'assez anxiogène, mais au début les Français l'avaient pris à la légère en se disant que le pire n'arrive qu'aux autres. Ce qui est assez particulier avec les Français selon moi, c'est que l'Etat doit produire des lois pour que les gens se disent "c'est important". Plus le système est répressif et plus les gens donnent de l'importance à la menace. Au fur et à mesure que l'Etat précise les règles qui au départ étaient assez floues, les gens vont coller à la règle.
   
Avant le confinement, les Français se sont rués dans les magasins pour faire des courses en prévision d'une pénurie, alors même que l'Etat affirmait qu'il n'y aurait pas de pénurie. Pourquoi cette panique ?

On sait que si l'on dit qu'il n'y aura pas de pénurie, les gens vont se ruer dans les commerces alimentaires car ils anticipent le fait que tout le monde va vouloir faire ses courses. Les individus anticipent très bien la probabilité que les autres se comportent de telle ou telle manière selon un événement. C'est ce qui s'est passé avec la ruée dans les commerces alimentaires. C'est pour ça que l'Agence du médicament a pris la bonne décision en restreignant très vite l'achat à une boîte de paracétamol par personne en pharmacie."
 

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