Depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus COVID 19, jamais le public n’a eu autant besoin d’information. Paradoxalement, le secteur de la presse locale rencontre des difficultés, y compris en Auvergne. Principale cause : la baisse de la publicité et des annonces légales.
 

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« On souffre beaucoup. Comme beaucoup de nos confrères, on subit un effondrement de la publicité de 80 à 90 %. Les annonces légales ont baissé de 30 à 40 % les deux premières semaines de confinement. Là on en est à 70 % en moins » lâche Jean-Pierre de Kerraoul, président du groupe Sogemedia qui détient La semaine de l’Allier. Comme toute la presse, l’éditeur subit de plein fouet le cataclysme lié au coronavirus COVID 19. Les annonceurs désertent leurs pages mais surtout les annonces légales ne sont plus publiées, elles qui sont parfois le nerf de la guerre des médias locaux. Ces annonces mentionnant les informations juridiques d'une entreprise, reprises dans les journaux, constituent habituellement une grosse source de revenus pour les médias locaux.

L'appel du Semeur hebdo

Même son de cloche pour Le Semeur hebdo, qui paraît dans le Puy-de-Dôme. Son rédacteur en chef Cyril Greghi explique : « La situation est liée à la crise sanitaire. Economiquement c’est très compliqué. Les annonces légales ont été divisées par 4 voire 5. Les annonces commerciales sont aussi en chute libre. Nous avons la chance d’avoir 80 % d’abonnés. Car les ventes au numéro baissent également. Si la situation perdurait, cela serait très compliqué pour nous ». Le rédacteur en chef s’est fendu d’un appel sur la page Facebook du journal afin d’en appeler au soutien des lecteurs : « Le ciel s'est d'ores et déjà assombri au-dessus de nos têtes. Mais VOUS avez le pouvoir de nous aider à sortir de cette mauvaise passe et d’empêcher, qu'au final, le ciel ne nous tombe pas sur la tête ! Comment ? Tout simplement en joignant l'utile à l'utile, en vous abonnant au Semeur hebdo ».Le journal a également réduit la voilure côté personnel, avec des équipes commerciales au chômage technique. Ce média, né en 1944 avec la libération, est donc menacé par la crise sanitaire.

Mesurer l'impact de la crise

Le groupe Centre France- La Montagne a dû faire face à ce contexte de tension. Soizic Bouju, directrice générale du groupe, souligne : « Nous sommes dans l’adaptation permanente. Dès les premières annonces des autorités de santé, nous avons, pour La Montagne, et pour l’ensemble des équipes du groupe Centre France, travaillé dans deux directions : d’abord, sécuriser le travail des collaborateurs (déploiement du “travail à distance” pour tous les collaborateurs en mesure de le faire, avec 750 salariés du groupe actuellement en télétravail, mise à disposition de gel hydroalcoolique et de gants, puis de masques réutilisables que nous avons fait fabriquer, pour les équipes encore sur les sites.
Puis permettre le maintien des productions (impression des journaux, diffusion, distribution…) et de l’activité générale de l’entreprise. En parallèle, pendant cette période, de nombreuses initiatives ont été prises, principalement par la rédaction, pour adapter nos offres aux besoins des lecteurs, le tout pour leur apporter une réponse forte, diversifiée et adaptée aux circonstances
 ».

Des jours de congés et de RTT soldés

La direction du groupe précise que  : « Deux actions concomitantes sont actuellement en cours : nous travaillons à préciser dans le détail l’impact de la crise sur les comptes du journal et du groupe, et, sur la base de ce chiffrage, nous aménagerons le déploiement de l’activité partielle pour permettre, à terme, le maintien des emplois et la pérennité de l’entreprise. En parallèle, les collaborateurs sont également invités à profiter de cette période de confinement pour solder leurs jours de congés et poser des RTT. De manière à ce que les équipes du journal et du groupe puissent être pleinement opérationnelles, quand le moment de la reprise arrivera ». L’activité partielle est déjà en place dans un certain nombre de services au journal La Montagne, qui a fêté son centenaire en 2019.

Un volume publicitaire en baisse

Le groupe connaît lui aussi une baisse de la publicité : "Dans un contexte où la quasi-totalité de l’activité économique du pays est à l’arrêt, nous enregistrons une baisse sensible du chiffre d’affaires publicitaire (notamment en ce qui concerne les campagnes publicitaires liées à la promotion d’événements, aux portes ouvertes, aux promotions des enseignes et commerces). Nous constatons toutefois dans le même temps, dans de plus petites proportions, des retours d’annonceurs (grande distribution, organismes d’aide aux entreprises notamment) qui ressentent le besoin de communiquer dans la période actuelle". 

Des éditions numériques

Patricia Olivieri, directrice déléguée de l’Union du Cantal, rencontre ces mêmes inquiétudes. Le chiffre d’affaires lié à la publicité a chuté de 70 % en mars. Elle indique : « Nous nous sommes demandés ce que l’on allait mettre dans notre journal. Car l’actualité locale, habituellement traitée par nos correspondants locaux, n’existait plus. Nous avons décidé de basculer sur les réseaux sociaux et sur notre site web pour la première semaine de confinement. Puis nous avons préparé une édition numérique pendant 2 semaines, à un rythme hebdomadaire au lieu de bihebdomadaire habituellement. Les abonnés ont reçu un document PDF. Tout cela a été très apprécié ». La rédactrice en chef ajoute : « Se pose aussi la question de nos abonnés. Nous avons opté cette semaine pour une impression hebdomadaire car La Poste ne distribue plus la presse le samedi. Or nous paraissons le mercredi et le samedi ». Ce titre, actionnaire du groupe « Réussir », média de la presse agricole, est né en 1946 et est tiré à 5 500 exemplaires. Patricia Olivieri précise : « On essaie de rester positifs. Les gens ont besoin de communiquer, de s’informer. On essaie d’être lucides et de ne pas sombrer dans le pessimisme ».

C’est la première fois que l’on ne publie pas le journal

Suzanne Marion, rédactrice en chef de l’hebdomadaire Haute-Loire paysanne, est,elle aussi, partagée. Elle affirme : « Nous sommes inquiets pour nos annonceurs, et aussi pour notre façon de traiter l’actualité. Nous sommes coupés de nos sources, qui sont habituellement des animateurs, des techniciens spécialisés. Nous avons édité une version numérique pour nos abonnés, mais la barrière de l’informatique est dure à franchir pour certains. Depuis notre création en 1945, c’est la première fois que l’on ne publie pas le journal ».

La presse et son rôle nécessaire

Paradoxalement, c’est en ce moment de crise que traverse la presse locale que les lecteurs ont le plus besoin d’information. Jean-Pierre de Kerraoul, de la Semaine de l'Allier, insiste : « Nous ne perdons pas de lecteurs. Nos ventes au numéro ont peu baissé et notre site Internet enregistre une fréquentation record. Les marques de presse sont extrêmement fortes. A l’époque des fake news, c’est une consolation ».
Autre consolation, obtenue par le groupe Centre France - La Montagne, le revirement de La Poste au sujet du nombre de tournées assurées par les facteurs. Soizic Bouju conclut : « Depuis le début de cette semaine, La Poste a délégué à l’une de ses filiales, Mediapost, la possibilité de livrer le journal à nos abonnés. Sur la base de ce nouveau dispositif, nos équipes en charge de la logistique, du transport et du portage s’emploient au quotidien à faire en sorte de limiter l’impact de la réduction du nombre de tournées de La Poste sur nos abonnés. C’est un élément essentiel à la vie de nos territoires. Et jusqu’alors, il semble que ce service ait permis le maintien de la distribution ces lundi et mardi ». Une distribution au rôle essentiel : celui de maintenir un lien social entre les médias et les lecteurs.
 
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