Philippe vit à Madrid, en Espagne, et Florian à Londres, en Grande-Bretagne. Deux capitales, et deux façons de vivre le confinement dû au coronavirus COVID 19 pour ces deux Auvergnats expatriés originaires du Puy-de-Dôme.
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L’épidémie de coronavirus COVID 19 a frappé la Chine en premier et n’a pas épargné l’Europe. A Madrid, en Espagne, Philippe Lardy est un Auvergnat expatrié depuis 2008. Depuis Londres en Grande-Bretagne, où il est installé depuis 2007, Florian Dussopt, lui aussi originaire du Puy-de-Dôme, vit également confiné. Ces deux expatriés nous livrent leur façon de vivre le confinement, depuis les deux capitales.
L'Espagne durement touchée
En Espagne, au total, au 12 avril, 16 972 personnes ont succombé au coronavirus COVID 19 dans le pays, l’un des plus endeuillés au monde par la pandémie. L’Espagne est soumise depuis le 14 mars à un confinement des plus stricts qui a été renforcé ces deux dernières semaines par l’arrêt de toutes les activités non-essentielles jusqu’au week-end de Pâques. Philippe Lardy, 38 ans, raconte : «
On est en confinement depuis le week-end du 13 mars. Ce jour-là le gouvernement a annoncé que l’état d’alerte allait être mis en place. Cela va bientôt faire un mois que l’on est enfermé. Nous avons quitté Madrid pour une résidence secondaire, à une quarantaine de kilomètres. Cela permet d’avoir un petit peu d’espace : on a une terrasse, donc on peut bouger un petit peu plus. Rester dans la capitale n’était pas la meilleure idée. Il nous reste encore facilement 3 semaines voire un mois à tenir. C’est mieux comme ça ». Il est confiné avec sa compagne Cristina et leur fils Etienne, qui a fêté ses 2 ans pendant le confinement. Originaire de Sayat, dans le Puy-de-Dôme, Philippe explique : «
On trouve des occupations. J’animais un podcast et je me suis lancé à fond là-dessus. Au niveau personnel, je m’occupe encore mieux de ma famille. C’est un mal pour un bien. Finalement on arrive à trouver une nouvelle routine, qui est plutôt positive ».
Une activité repensée
Lui qui organise des événements à Madrid sur le logiciel libre, a dû s’adapter afin de poursuivre son activité. Sa compagne, comptable, est au chômage technique mais lui a mis en place des webinars, c’est-à-dire des ateliers et des conférences en ligne. A raison de 3 webinars par semaine, une centaine de personnes se connectent à chaque fois sur ces événements en ligne. Il espère monétiser ce travail, notamment en faisant basculer ses sponsors de la partie événementielle vers les webinars. Philippe souligne qu’en Espagne, le respect du confinement varie : «
Il y a beaucoup de gens qui sont conscients mais il y a encore beaucoup de personnes assez folles, entre guillemets, qui n’ont pas le respect global et ne suivent pas les règles. Sur les 3-4 premières semaines, l’Etat a recensé 200 000 amendes aux personnes qui ne respectaient pas le confinement. C’est plutôt pas mal. L’Espagne a choisi le confinement pour se défendre face à la pandémie : je ne sais pas si c’est un choix ou une obligation ».
Un confinement à l'espagnole
Le trentenaire précise : «
Je pense qu’ici c’est un peu plus drastique qu’en France. Ici on n’a pas l’autorisation de sortir une heure par jour de chez soi, comme chez vous. Tu ne sors pas. Tu as la possibilité de sortir si tu as un chien. En Espagne les conditions sont beaucoup plus dures ». Philippe conclut : «
Madrid étant une zone zéro en Espagne, la probabilité que cela dure jusqu’à mi-mai, est plutôt haute. Après, il y a toute la partie économique, qui est durement touchée en Espagne. Ici, un des premiers vecteurs économiques est le tourisme, ensuite vient la construction. Les deux sont fortement touchés à l’heure actuelle. J’imagine que l’Etat va faire un mix entre la partie sanitaire et économique, pour retrouver un état normal d’une manière échelonnée ».
L'épidémie vue de Londres
En Grande-Bretagne, le confinement a commencé il y a 3 semaines. L'épidémie a fait 10 612 victimes selon le bilan du 12 avril. Florian Dussopt, originaire de Lezoux dans le Puy-de-Dôme, est expatrié à Londres depuis 2007. Il explique : «
Avec l’arrivée des beaux jours, ça remonte un petit peu le moral. On essaie de jouer la longue durée, on sait très bien que cela ne va pas s’arrêter la semaine prochaine. Le début était plus difficile, le temps de se mettre en place. Une fois que l’on a pris du matériel pour bosser, on essaie de s’organiser et on se fait une raison. Pour l’instant ça va bien ».
Un confinement de 12 semaines supplémentaires
Ce jour-là, Janice, sa femme, a reçu une lettre du gouvernement qui recommande aux personnes à hauts risques comme elle, qui est asthmatique, de rester confinées 12 semaines, sans aucune sortie. Un coup dur pour le couple londonien. Mais Florian, designer, cherche à s’occuper l’esprit par le travail. Il a dû abandonner son activité en atelier sur des prototypes pour se concentrer sur une activité de recherche numérique. Florian, 35 ans, indique : «
Les clients ont mis les projets en pause, voire annulé. Pour l’instant ça va, car on termine des projets en cours. On va plutôt sentir l’impact dans quelques mois ». En Grande-Bretagne, les habitants n’ont pas abordé l’épidémie comme ici en France. Le designer raconte : «
Les gens ont commencé à se confiner d’eux-mêmes vu que le gouvernement ne prenait pas les décisions. Il n’y a pas eu de démarche officielle ni d’aides pour le business, les boutiques, les restaurants. Cela a créé beaucoup de pertes d’emplois. C’était la stratégie du gouvernement, celle de ne pas apporter d’aides dès le départ et le coût est immense. Maintenant, c’est à peu près comme en France. Des business comme le mien ne sont pas couverts mais les salariés ont des aides, pas les directeurs. Il y a encore à faire pour apporter de la sérénité ».
La reine à la télévision
En Grande-Bretagne la reine Elizabeth n’a pas hésité à prendre la parole à la télévision. Le trentenaire indique : «
Ce sont des signes forts, une situation de crise comme le Brexit, avec du vocabulaire qui rappelle la guerre. Cela permet de montrer que le gouvernement, la tête de l’Etat et la famille royale sont là et sont préoccupés ». Selon le jeune designer, le confinement à l’anglaise n’est pas le même qu’en France : «
Ce n’est pas pareil. Pour l’instant, ce n’est pas aussi drastique qu’en France. On a les conseils de ne sortir que pour faire de l’exercice près de chez soi et de faire ses courses. On a beaucoup de parcs à Londres, dont certains sont ouverts. Ca nous permet de marcher ou courir une ou deux fois par semaine car on n’a pas de jardin ou d’extérieur. On n’a pas de militaires pour surveiller. Les gens ont l’air moins stressés. Il y a peut-être une façon plus légère de l’aborder. On n’a pas besoin d’attestation, c’est moins lourd ici ». Si le confinement se poursuit, Florian envisage «
de trouver des solutions pour prendre l’air sans risque et d’investir dans une meilleure chaise de bureau » !