Depuis le début de l’épidémie de coronavirus COVID 19, le nombre de consultations par télémédecine a fortement augmenté. Un essor qui touche aussi la région Auvergne-Rhône-Alpes, pionnière en la matière.
Le nombre de consultations à distance est en très forte hausse en France : selon les chiffres de l’Assurance maladie, 601 000 téléconsultations ont eu lieu entre le 1er et le 28 mars, contre 40 000 en février. A l’origine d’une telle explosion, l’épidémie de coronavirus COVID 19 et le confinement, mais aussi l’assouplissement le 10 mars des règles à respecter pour une prise en charge par la Sécurité sociale. Le temps de l’épidémie, plus besoin pour le patient d’avoir vu le médecin au moins une fois dans l’année précédant la téléconsultation pour être remboursé, ni de respecter le parcours de soins avec son médecin traitant s’il s’agit d’une consultation pour des symptômes du COVID 19. La consultation à distance est remboursée à 100 %, contre 70 % d’ordinaire.
Une augmentation nette des téléconsultations
Marcel Garrigou-Granchamp, médecin généraliste et élu de l’URPS médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, Union régionale des professionnels de santé, confirme cette tendance : « Dans notre région, nous avons un outil de télémédecine, issu d’un groupement de coopération sanitaire, qui s’appelle SARA. En décembre 2019, nous avons enregistré 200 téléconsultations contre 650 en février 2020 et en mars plus de 80 000 ». Le médecin ajoute : « Les réticences initiales sont balayées par le succès de la télémédecine pendant cette période. Il s’agit d’une autre façon d’exercer, un outil qui rend bien des services. En Auvergne-Rhône-Alpes, on s’y est mis dès 2006. Nous avions tout pour que cela fonctionne aujourd’hui. Nous sommes des pionniers ».Fibre ou 4G recommandées
Actuellement, ces téléconsultations sont déclenchées par un médecin. Ce dernier se connecte à la plateforme, rentre le mail ou le numéro de téléphone du patient. Le contact est établi et la consultation démarre de façon sécurisée. Elle dure en moyenne 20 à 30 minutes. Marcel Garrigou-Granchamp précise : « Si on se sert d’un téléphone mobile, il faut la 4G pour une bonne fluidité de l’image. Depuis un ordinateur, avec la fibre c’est parfait, mais variable avec l’ADSL. On peut cependant dégrader la qualité de la vidéo pour un meilleur son. Pour les personnes qui ne sont pas équipées, elles peuvent se rendre chez des pharmaciens qui mettent à disposition leur matériel informatique. Des infirmiers peuvent aussi laisser à disposition leur téléphone mobile lors de visites à domicile. Des généralistes, des pharmaciens, des infirmiers, des spécialistes, des biologistes ont recours à cette plateforme SARA ».Le problème de la sécurisation
Georges Granet, président du Conseil de l’ordre des médecins Auvergne-Rhône-Alpes, souligne : « Dans notre région, il peut y avoir des zones blanches, pour lesquelles la téléconsultation ne peut pas fonctionner. Mais le ministre de la Santé a prévu la possibilité d’assurer des consultations via Skype ou Whatsapp. C’est parfois une nécessité quand le débit est trop bas. Cependant, la sécurisation de la consultation et des données est un paramètre essentiel ».Louis Malachane, directeur médical de Wellium, une start-up spécialisée dans la téléconsultation née à Clermont-Ferrand en 2016, se réjouit du développement de la télémédecine. Il indique : « C’est clair et net, la télémédecine en France est née avec l’épidémie de COVID 19. Le grand public est touché et cette pratique est diffusée. Avant, il y avait des réticences, des approches avec précaution de professionnels de santé. Mais l’épidémie de COVID 19 a développé la pratique et modifié une certaine façon de penser ».La télémédecine en France est née avec l’épidémie de COVID 19
Georges Granet rappelle cependant : « Il y aura des leçons à tirer. La télémédecine rentre dans la pratique de nombreux médecins qui n’étaient pas emballés par elle au départ. Ce n’était pas dans leur ADN, ils sont parfois attachés au contact. Mais les gens vont s’approprier le mécanisme. Mais cela ne va pas résoudre le problème de l’accès aux soins. Cela reste un outil mais il ne va pas remplir les déserts médicaux ».Un outil qui ne va pas remplir les déserts médicaux